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BOWES, JOHN GEORGE, négociant, entrepreneur et homme politique, né vers 1812 près de Clones, comté de Monaghan (République d’Irlande) ; il épousa Ann Hall et ils eurent neuf enfants ; décédé le 20 mai 1864 à Toronto, Haut-Canada.
John George Bowes quitta l’Irlande pour le Haut-Canada en 1833 ; il devint l’employé de son beau-frère, Samuel E. Taylor, négociant à York (Toronto). À la mort de Taylor en 1838, Bowes liquida l’affaire, devint gérant chez Messieurs Benjamin qui occupaient l’ancien local de Taylor et, avec un autre beau-frère, John Hall, il ouvrit un commerce de gros de « marchandises sèches » qui devint florissant. En 1840, il était en mesure d’acheter le commerce de Buchanan, Harris, and Company à Toronto, quand la compagnie déménagea à Hamilton.
Bowes acquit bientôt une renommée d’homme d’affaires avisé, et son caractère sympathique le rendit populaire dans les milieux de Toronto. Apparemment peu de gens avaient des amis aussi chaleureux que lui. D’une taille moyenne et bien bâti, c’était un bel homme qui aimait les exercices violents. Ses contemporains faisaient circuler maintes anecdotes au sujet de ses prouesses physiques et l’appelaient affectueusement « l’affreux client querelleur ».
Au cours de sa vie, Bowes se vit confier de nombreuses et importantes responsabilités. Il fut président de la Toronto and Guelph Railway Company, un des fondateurs en 1852 du chemin de fer du Grand Tronc, président de la St Patrick’s Society et président d’une société d’épargne ; en plus, il fit partie du bureau de direction d’une quantité d’entreprises commerciales et financières. Il avait la réputation d’être généreux pour les institutions de charité comme pour les personnes dans le besoin. Bien que partisan des conservateurs, il avait généralement des principes et des points de vue libéraux. On lui attribue, ainsi qu’à Adam Wilson*, d’avoir proposé avec succès la création de bourses permettant aux étudiants particulièrement brillants de l’école publique de fréquenter la Toronto Grammar School.
Au fur et à mesure que sa prospérité et sa popularité grandissaient, Bowes chercha à obtenir des postes dans la fonction publique. En 1847 il fut nommé commissaire des écoles publiques par le conseil municipal et, trois ans plus tard, il était élu échevin du quartier St James. En 1851, 1852 et 1853, le conseil municipal le choisit comme maire de Toronto. En tant que négociant et maire de Toronto, Bowes eut à cœur de favoriser les aspirations de la ville à devenir une métropole. Sa perspicacité pour les placements fructueux et l’intérêt qu’il portait à l’expansion du commerce de Toronto l’entraînèrent, avec Francis Hincks*, en 1853, dans un célèbre scandale de conflits d’intérêts, « l’affaire des £10 000 ».
Pour encourager la construction de l’Ontario, Simcoe and Huron Union Railway (appelé plus tard Northern Railway) entre Toronto et Collingwood, la ville de Toronto investit £50 000 en actions de chemin de fer, payables en obligations de la ville à 6 p. cent d’intérêt. Le chemin de fer accepta en retour d’utiliser les obligations pour payer les entrepreneurs chargés de construire la voie ferrée. Soucieux d’obtenir un capital d’exploitation, les entrepreneurs essayèrent de les vendre sur le marché libre. Mais l’ordonnance sous laquelle elles avaient été émises était viciée, en majeure partie parce qu’elle n’avait pas prévu l’établissement d’un fonds d’amortissement exigé par la province pour retirer les obligations. Le problème se compliqua par la suite du fait que les taux d’intérêt courants étaient montés à 7 p. cent, et la meilleure offre qui fut faite aux entrepreneurs fut un rachat de 75 p. cent de la valeur nominale des obligations. À ce moment-là, Bowes entra en communication avec Hincks, qui était à la fois premier ministre et inspecteur général des finances, et il lui proposa d’acheter avec lui les obligations avec un escompte de 20 p. cent. Cet achat se fit à l’insu du conseil municipal. Au même moment, Bowes fit en sorte que le conseil demande une loi provinciale autorisant la ville à refinancer sa dette en émettant de nouvelles obligations remboursables au pair sur dix ans. Hincks et Bowes purent donc échanger leurs obligations dépréciées pour de nouvelles qu’ils vendirent bientôt en Angleterre, grâce aux relations de finance de Hincks, avec un escompte de 2 p. cent, cette transaction leur rapportant au total un bénéfice de £8 237.
Lorsque ces événements furent connus du public, une grande agitation s’ensuivit. Les adversaires politiques de Hincks et Bowes, ainsi que la presse de l’opposition, les accusèrent d’avoir arrangé d’une manière malhonnête le prix des obligations à leur avantage personnel. La législature provinciale et le conseil municipal mirent sur pied des commissions d’enquête. Les rapports de ces commissions déclaraient les deux associés innocents de tout acte malhonnête. Bien que déplorant amèrement le manque de franchise de Bowes, le conseil municipal, en particulier, décida que les services qu’il avait rendus à la ville devaient l’exempter de nouveaux reproches. Ce geste, qualifié par certains de « blanchiment », provoqua des cris d’indignation ; cinq échevins et trois conseillers donnèrent leur démission en signe de protestation. Aux élections municipales suivantes, ils furent victorieux tous les huit, alors que deux seulement des 13 partisans de Bowes furent réélus. La ville poursuivit Bowes pour sa participation aux profits de la transaction. La Cour de la chancellerie décida que Bowes n’était pas coupable d’acte frauduleux, mais qu’étant donné ses fonctions de fondé de pouvoir de la ville, il devait verser à celle-ci ses profits. Bowes se retira temporairement de la vie publique.
Il regagna bientôt sa popularité et, en 1854, il devint l’un des députés de Toronto à l’Assemblée. Bien que méthodiste wesleyen, Bowes s’opposa à la sécularisation des « réserves » du clergé et il appuya le développement du système des écoles séparées pour les catholiques du Haut-Canada en soutenant qu’ils devraient être bénéficiaires d’avantages analogues à ceux qui seraient garantis aux protestants du Bas-Canada. Il s’acquit par là l’inimitié implacable de George Brown* et du Globe de Toronto. Bowes favorisa également les intérêts de Toronto à l’Assemblée en proposant ou en défendant des projets de loi pour fixer la frontière du nord de la ville, pour créer un service des eaux de la ville et pour encourager le développement du bord de l’eau. Il favorisa les commerçants en proposant d’améliorer la loi sur la faillite et en introduisant des projets de loi visant à reconnaître juridiquement la British Bank of Canada et à amender la charte de la Colonial Bank of Canada.
En 1856 il revint sur la scène politique municipale et fut élu échevin du quartier St David, et maire à nouveau en 1861, élu cette fois par le corps électoral. Bowes dépensa sans compter pour ses campagnes électorales et il s’assura un appui politique parmi la population irlandaise de Toronto, qui l’aida à se faire réélire maire en 1862 et en 1863. C’est pendant sa mairie que la ville acheta sa première pompe à incendie et ouvrit une ligne de tramway appartenant à un particulier, devenant ainsi une des premières villes d’Amérique du Nord à acquérir ce « symbole de progrès et de fierté ». Autorisée par le conseil municipal en mars 1861, la ligne avait six milles de long en décembre et elle transportait 2 000 passagers par jour. Bowes eut, en une occasion, des intérêts majoritaires dans cette ligne de tramway. En janvier 1864, quand la controverse sur les écoles séparées atteignit son summum, il essaya d’obtenir un septième mandat de maire. Il fut battu par le grand maître provincial de la loge d’Orange, Francis Henry Medcalf*, que soutenait énergiquement le Globe.
Lorsqu’il mourut en 1864, Bowes laissait une femme et neuf enfants. Des représentants de toutes les classes de la société de la ville assistèrent à ses funérailles, les plus imposantes que Toronto ait jamais vues. Le Globe fit observer qu’ « en tant qu’homme d’affaires, rares étaient ceux qui l’égalaient », et qu’en dépit de son esprit « sagace, observateur et calculateur » il restait « pour tous un homme bon et généreux ». Son collègue du conseil, Samuel Thompson*, le considérait « de loin, l’homme le plus compétent ayant jamais siégé à la mairie ».
APC, MG 24, D16 ; MG 29, E29, 23.— PAO, Mackenzie-Lindsey papers ; Toronto City Council papers, 1850–1854, 1856–1864.— Journal of Education for U.C., XVII (1864) : 77.— Hincks, Reminiscences, 355–358.— Toronto, City Council, Report of the debate in the city council [...] in reference to the £50,000 city debentures [...] (Toronto, 1853) ; The report of the debate in the city council on [...] the report of the special committee appointed to investigate in reference to the issuing of city debentures [...] (Toronto, 1853) ; Report of the select committee appointed to inquire into the issue and sale of city debentures (Toronto, 1853).— Globe, 1851–1864.— Leader, 1851–1864.— Montreal Gazette, 1853–1854.— The Canadian men and women of the time : a hand-book of Canadian biography of living characters, H. J. Morgan, édit. (2e éd., Toronto, 1912).— Careless, Brown.— Creighton, Macdonald, young politician.— Davin, Irishman in Can., 279–282.— P. G. Goheen, Victorian Toronto, 1850 to 1900 : pattern and process of growth (Chicago, 1970).— Middleton, Municipality of Toronto, I.— Mayors of Toronto, Toronto Calling, the Monthly Magazine of Toronto Life, I (janv. 1951) : 5.
W. G. Ormsby, « BOWES, JOHN GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bowes_john_george_9F.html.
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Auteur de l'article: | W. G. Ormsby |
Titre de l'article: | BOWES, JOHN GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |