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MIDDLETON, ROBERT, journaliste, né en 1810 à Berwick-on-Tweed en Angleterre et décédé à Québec, le 27 août 1874.
Robert Middleton fit son apprentissage en Écosse chez un imprimeur, se maria, puis émigra. Il débarqua à Québec en 1832 pendant l’épidémie de choléra asiatique et au point culminant d’une crise politique dans laquelle se trouvait impliqué John Neilson*, propriétaire et rédacteur en chef de la Quebec Gazette, le plus ancien et le plus important journal des deux Canadas. Neilson, qui s’était longtemps fait le défenseur des droits des Canadiens français à l’Assemblée législative, venait de rompre les liens qui l’unissaient à Louis-Joseph Papineau : il refusait de prendre part au vote de censure à l’endroit du gouverneur général, lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*]. Désirant établir clairement sa position, Neilson commença en avril 1832 à publier, trois fois par semaine, une version française distincte de son journal, qui continua à paraître en langue anglaise trois fois par semaine. Le jeune Middleton prit la direction de l’atelier d’imprimerie et de la librairie tandis que Neilson menait le combat au parlement et dans ses éditoriaux. Après la défaite de Neilson aux élections de 1834, la propriété du journal passa successivement à ses fils Samuel et William. Bien que Neilson continuât à écrire dans la Gazette, les annuaires de Québec et du Canada citent Middleton comme étant le « rédacteur en chef » jusqu’en 1847. Le journal consacra des articles substantiels à la constitution, aux insurrections et à l’opposition de Neilson à l’Union ; de 1842 à 1847, la Gazette parut uniquement en anglais.
Middleton qui occupait les fonctions d’imprimeur, de rédacteur et de libraire pour le compte des Neilson devint, en 1838, prédicateur laïque à la Centenary Methodist Chapel. En 1844, il assuma la direction de l’école du dimanche du quartier Saint-Louis et la charge de secrétaire-correspondant de la Quebec Auxiliary Bible Society.
La question du gouvernement responsable dans les colonies déclencha une crise politique en mai 1847. Neilson combattit la prise de position de Francis Hincks* et de Robert Baldwin* sur ce point. Le 18 mai 1847, Middleton quitta Neilson et la Gazette et, en association avec Charles Saint-Michel, fonda un journal rival, le Morning Chronicle, qui avait ses bureaux dans la Côte de la Montagne. Middleton se fit le champion d’un gouvernement canadien autonome ; il appuya les vues de lord Elgin [Bruce*], et s’éleva contre les opinions du prédécesseur de lord Elgin, sir Charles Theophilus Metcalfe*. La direction du journal fit connaître son intention d’accorder une importance particulière aux nouvelles d’intérêt commercial et maritime et de consacrer à la critique littéraire une place plus grande que ne le faisaient ses concurrents. De ses locaux, situés aussi dans la Côte de la Montagne, Neilson, « libraire et papetier », continua à publier la Gazette et à rédiger des éditoriaux enflammés jusqu’à la veille de sa mort, survenue le 1er février 1848. Le troisième fils de Neilson, John, hérita de l’entreprise paternelle. Il s’attacha les services de Ronald MacDonald* qui occupa le poste de rédacteur pendant les trois mois qui suivirent. Puis, John Neilson invita Robert Middleton à réintégrer la Gazette en qualité d’associé. Au bout de quelques mois, Neilson prit sa retraite et confia la rédaction du journal à Middleton. Celui-ci acheta le journal en mai 1849 et réorganisa le commerce de livres et de papeterie interrompu à la mort de John Neilson père.
Middleton donna un coup de barre à l’orientation politique de la Gazette au printemps de 1849 et accorda l’appui de son journal au gouvernement de Baldwin et Louis-Hippolyte La Fontaine*, puis à celui de Hincks et Augustin-Norbert Morin*. L’Avenir, fondé en 1847 par Jean-Baptiste-Éric Dorion*, servit de point de ralliement aux héritiers politiques de feu John Neilson. Sous l’administration Hincks-Morin, la Gazette, encore libérale, joua le rôle d’organe officiel du gouvernement. En 1856, Middleton prit John T. Dawson comme associé à la direction du journal et de la librairie.
Middleton, qui avait rédigé d’ardents plaidoyers en faveur de Québec sur « la question du siège du gouvernement », vit diminuer l’influence de son journal lorsque le siège de la capitale se déplaça de ville en ville. En 1857, la parution du journal, de quotidienne qu’elle était, passa à trois fois par semaine. Désormais, indépendante et modérée sur le plan politique, la Gazette fit une place de plus en plus grande aux comptes rendus littéraires, aux informations en provenance d’outre-mer et des États-Unis, aux nouvelles maritimes ; elle engagea des controverses enjouées avec son concurrent, le Quebec Mercury. Dans ses éditoriaux de 1864, l’année du centenaire de la Gazette, Middleton écrivait avec modération sur la Confédération. Il s’exprimait avec plus de véhémence sur des questions civiques telles que la situation des victimes d’incendie, les célébrations de la Saint-Patrice et le travail efficace des missionnaires évangélistes dans le port de Québec.
Lorsqu’Ottawa devint le siège permanent du gouvernement en 1866, la Gazette perdit son rôle de principal observateur de l’activité quotidienne de la chambre d’Assemblée. Au cours des dernières années de la vie de Middleton, la Gazette, devenue conservatrice, se consacra plus particulièrement aux questions relatives aux affaires et à la navigation. À la mort de Middleton, le journal fusionna avec le Morning Chronicle, qu’il avait d’ailleurs contribué à fonder, et le nouveau journal prit le nom de Quebec Chronicle and Quebec Gazette (1875).
Ses éditoriaux, vivants et directs, valurent à Middleton le respect général ; on reconnaissait en lui un journaliste rigoureux et impartial. À l’instar de Neilson, son prédécesseur, qu’il avait loué pour s’être « toujours tenu du côté de la vérité, de l’honnêteté et de la vertu », Middleton écrivait ses reportages politiques avec beaucoup de brio et leur donnait une agréable touche d’ironie.
Morning Chronicle (Québec), 1847–1849.— Quebec Gazette, 1833–1874.— Beaulieu et Hamelin, Journaux du Québec.— McLaughlin’s Quebec directory [...] for 1855–1856, Samuel McLaughlin, compil. (Québec, 1855) ; 1857–1858 (1857).— Morgan, Bibliotheca Canadensis.— The Quebec directory, and city and commercial register, 1847–1848, Alfred Hawkins, compil. (Montréal, 1847).— A history of Canadian journalism [...] (2 vol., Toronto, 1908–1959), I.— Canada, an encyclopædia, V : 221, 226.— Careless, Union of the Canadas.— Christie, History of Lower Canada, III, IV.— Dent, Last forty years.— Elzéar Gérin, La Gazette de Québec (Québec, 1864).— W. H. Kesterton, A history of journalism in Canada (« The Carleton Library », 36, Toronto, 1967).— S. M. E. Read, An account of English journalism in Canada from the middle of the eighteenth century to the beginning of the twentieth, with special emphasis being given to the periods prior to confederation (thèse de m.a., McGill University, 1925).— Shortt, Sydenham.— Waite, Life and times of confederation.
Elizabeth Waterston, « MIDDLETON, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/middleton_robert_10F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth Waterston |
Titre de l'article: | MIDDLETON, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 15 oct. 2024 |