Titre original :  The psychical researcher Thomas Glendenning Hamilton.

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HAMILTON, THOMAS GLENDENNING, enseignant, médecin, conférencier, homme politique, chercheur en parapsychologie, rédacteur en chef et auteur, né le 27 novembre 1873 à Agincourt (Toronto), fils de James Hamilton et d’Isabella Glendenning ; le 26 novembre 1906, il épousa à Winnipeg Lillian May Forrester (décédée le 18 septembre 1956), infirmière, et ils eurent une fille et trois fils ; décédé le 7 avril 1935 dans la même ville.

Le père de Thomas Glendenning Hamilton, originaire de Glasgow, immigra au Canada en 1830. Sa mère, née à Agincourt, dans le Haut-Canada, était d’ascendance écossaise et irlandaise. En 1882–1883, les Hamilton, membres d’une colonie de tempérance, quittèrent l’Ontario pour s’installer avec leurs six enfants sur une concession dans la région de Saskatoon. Durant la rébellion du Nord-Ouest de 1885 [V. Louis Riel*], la famille accueillit des soldats blessés en convalescence. Par le truchement de ces rapports avec la milice, James Hamilton accompagna ses troupes qui rentraient en Ontario, où il tomba malade et mourut en septembre. L’année suivante, l’unique fille de la famille, Margaret, succomba à la fièvre typhoïde.

Isabella Hamilton et ses jeunes fils cultivèrent la terre près de Saskatoon jusqu’en 1891 et s’établirent ensuite à Winnipeg pour profiter de meilleures possibilités d’instruction. Thomas Glendenning étudia au Winnipeg Collegiate Institute jusqu’en 1894, puis au collège de Manitoba jusqu’en 1896, où il suivit des cours de deuxième année. Il paya en partie ses études en travaillant comme instituteur dans des régions rurales et en aidant un de ses frères aînés, Robert, à effectuer des installations résidentielles de câblage électrique sur boutons et tubes de porcelaine.

Hamilton commença ses études au collège médical de Manitoba en 1899 et obtint un doctorat en médecine en 1903. Après son internat à l’Hôpital Général de Winnipeg, il ouvrit, vers 1904, un cabinet spécialisé en médecine interne et en obstétrique. En 1908, il recevait des patients dans sa demeure familiale de la banlieue d’Elmwood. Il maintiendrait une pratique privée jusqu’à la fin de sa vie. Vers 1918, il établit avec son frère James Archibald, également médecin, un bureau dans l’édifice Somerset Block, au 294 de l’avenue Portage.

En 1919, Hamilton devint maître de conférences en jurisprudence médicale et en chirurgie clinique à la faculté de médecine de l’université de Manitoba, et aide-chirurgien à l’Hôpital Général de Winnipeg ; il prendrait sa retraite de l’hôpital le 20 décembre 1934. Chef de file dans la lutte pour l’adoption de normes professionnelles plus élevées, il préconisait le renouvellement annuel de l’autorisation d’exercer des professionnels de la santé. En octobre 1920, il devint membre de l’American College of Surgeons. Neuf mois plus tard, à titre de secrétaire honoraire de la Manitoba Medical Association, il fonda le Bulletin de l’organisme et en fut le premier rédacteur en chef. Il présida l’association provinciale en 1921–1922, puis la Canadian Medical Association l’année suivante. Il représenterait le Manitoba au sein du comité de direction de cette dernière jusqu’en 1931, et présida également le comité sur la constitution et les statuts. Ses publications médicales, dont la première parut en 1922, comprennent des rapports sur les blessures aux mains, la colite ulcéreuse et les cas de goitre parmi les élèves manitobains.

Les Hamilton étaient des membres dévoués de l’Église presbytérienne après la fusion des Églises en 1925 [V. Samuel Dwight Chown ; Clarence Dunlop Mackinnon] de l’Église unie du Canada. Conformément à la tradition familiale, Hamilton avait signé, en 1906, un engagement de tempérance. L’année suivante, sa congrégation à Elmwood l’élut conseiller, poste qu’il occuperait jusqu’à sa mort. Il donna une somme importante pour la construction (de 1913 à 1927) de la King Memorial Church ; il servit en qualité d’administrateur de la propriété et de président de son comité de construction.

Actif dans les confréries, Hamilton appartenait à diverses associations – les Oddfellows, l’Independent Order of Foresters [V. Oronhyatekha*] et le Canadian Club –, et figura parmi les membres fondateurs de la loge maçonnique locale. En 1921, il devint le premier président de l’Alumni Association de l’université de Manitoba. De 1931 à 1935, il siégea au conseil d’administration du collège de Manitoba.

Très accaparé par son travail médical et ses devoirs envers l’Église, Hamilton n’en participait pas moins activement à la vie publique. Au sein du conseil scolaire de Winnipeg (à titre de membre de 1906 à 1915 et de président en 1912–1913) et de la Playgrounds Commission de la ville (qu’il présida en 1913, 1914 et 1916), il mit à profit ses connaissances acquises, au cours de son expérience d’instituteur, sur certains problèmes en éducation. Il dirigea en outre le Winnipeg Development and Industrial Bureau vers 1913. Élu député libéral d’Elmwood à l’Assemblée législative du Manitoba en 1915, dans le gouvernement de Tobias Crawford Norris, Hamilton soutint nombre de réformes législatives, notamment des projets de loi sur (1916), les allocations maternelles (1916), l’indemnisation des accidents du travail (1916) et la mise en place d’un mode de scrutin préférentiel dans certaines circonscriptions (1920). Il avait piloté le University Amendment Act (1917), qui intégrait le collège médical de Manitoba à l’université de Manitoba, et rédigé le Narcotics Act (1918), qui visait à destiner l’usage d’opiacés et de médicaments à base de feuilles de coca exclusivement aux patients ayant une ordonnance d’un médecin. Il représenta Elmwood jusqu’à sa défaite aux élections de 1920.

Deux ans plus tôt, Hamilton avait commencé à s’intéresser sérieusement à la recherche en parapsychologie et à mener des expériences scientifiques, documentées par des gens qui prenaient des notes et des photographies. Il étudierait une vaste gamme de phénomènes communément qualifiés de paranormaux, dont les états de transe, la télépathie, la télékinésie (tables qui bougent, cloches qui sonnent, entre autres), les apparitions d’objets, les manifestations ectoplasmiques et la communication avec les morts, y compris des moulages en cire de bouts de doigts, empreintes soi-disant laissées par des esprits ayant trempé leurs doigts dans la cire fondue, puis dans l’eau froide. Plus de 1 000 séances de spiritisme se déroulèrent chez lui, dans une pièce aménagée à cet effet. Un certain nombre de médecins de Winnipeg (notamment Henry Bruce Chown), d’avocats (dont Isaac Pitblado* et Henry Archibald Vaughan Green), d’ecclésiastiques (Edwin Gardiner Dunn Freeman, par exemple) et d’autres éminents citoyens participaient régulièrement à ces séances ou y étaient invités pour observer les photographies des lévitations de table et des manifestations ectoplasmiques. La femme de Hamilton, Lillian May, fut sa plus proche collaboratrice durant les recherches et joua un rôle de premier plan dans la conduite des expériences. Infirmière qualifiée, elle avait terminé ses études au premier rang de sa classe.

Hamilton n’était pas spiritualiste ; sa femme et leurs collègues non plus. Ses expériences s’inscrivent dans le contexte de la popularité grandissante du spiritualisme après la Première Guerre mondiale : le bilan humain catastrophique du conflit, conjugué à celui de la pandémie dévastatrice de grippe espagnole, conduisit de nombreuses personnes à essayer de communiquer, par l’intermédiaire de médiums, avec leurs chers disparus. Le 27 janvier 1919, Lillian May et Thomas Glendenning perdirent leur fils Arthur, âgé de trois ans, victime de la grippe. Hamilton avait commencé à se pencher sur la recherche sur les phénomènes paranormaux l’année précédente. Selon ce que déclarerait en entrevue, en 1986, un autre de ses fils, Glen Forrester, ce fut la douleur engendrée par cette perte qui « stimula l’intérêt [de son père] pour le domaine psychique ». Hamilton affirmerait avoir établi une liaison avec les esprits de certains défunts de sa famille, y compris celui d’Arthur.

Grâce à ses expériences, Hamilton s’intégra à un cercle international de scientifiques réputés qui tentaient d’étudier de manière empirique les phénomènes paranormaux, tendance apparue à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle. Parmi ses contemporains figuraient Charles Robert Richet, physiologiste français lauréat du prix Nobel, et sir William Crookes, chimiste et physicien britannique.

Dès le début, Hamilton avait mis en place des mesures afin d’empêcher toute fraude possible durant une séance de spiritisme. Celles-ci finiraient par comprendre 11 caméras et un dispositif commandé à distance, et par nécessiter un compte rendu sténographique, la présence d’observateurs particuliers, ainsi qu’un examen physique du médium et des participants avant et après une expérience.

Les recherches de Hamilton passèrent par trois phases principales. Pendant ses études de premier cycle, Hamilton lut quelques ouvrages sur les phénomènes psychiques. En 1918, il commença à approfondir son examen de la parapsychologie, encouragé par son ami William Talbot Allison, pasteur et professeur d’anglais au Wesley College. Ce dernier avait présenté les résultats de son analyse de la production littéraire d’un esprit nommé Patience Worth, qui, prétendait-on, communiquait par l’intermédiaire de la médium américaine Pearl Lenore Curran. Après quelques expériences simples sur la transmission de pensée, Hamilton, son pasteur Daniel Norman McLachlan et Allison se dirent convaincus de la possibilité de la télépathie. Lillian May ayant constaté que la gouvernante de leurs enfants, Elizabeth Poole, pouvait déplacer des objets par des moyens paranormaux, elle et son mari s’intéressèrent de près, dans la phase suivante (1921–1927), à la télékinésie, en particulier aux lévitations de table. Lorsque la médium Mary Ann Marshall commença à participer à leurs expériences, en 1928, ils concentrèrent plutôt leurs études sur l’ectoplasme émanant de son corps, qui contenait parfois des visages miniatures ressemblant, disait-on, à ceux de défunts. Dans cette troisième phase, qui dura jusqu’en 1934, on photographia, à l’aide de 60 expositions au flash à la poudre de magnésium, 72 manifestations distinctes de l’ectoplasme, à l’occasion de 50 expériences différentes.

Plusieurs organismes avaient vu le jour pour évaluer ce genre d’expériences et, en 1923, Hamilton était devenu membre correspondant de l’American Society for Psychical Research. Avant la fin de l’année, il soumit un rapport de recherche sur Elizabeth Poole. Selon la fille des Hamilton, Margaret Lillian, l’agent de recherche de la société, J. Malcolm Bird, approuva en 1926 les conditions de supervision des expériences et reconnut leur validité, en s’appuyant sur ses observations personnelles au cours de son séjour à Winnipeg. Au moment de sa fondation, en 1931, la Winnipeg Society for Psychical Research élut Hamilton président.

Les expériences attirèrent des visiteurs célèbres, dont, en 1923, sir Arthur Conan Doyle, créateur de Sherlock Holmes, et, en août 1933, l’homme politique William Lyon Mackenzie King*, alors chef de l’opposition fédérale. Dans son journal, King qualifia les expériences d’« extraordinaires et [d’]indescriptibles ». En 1925, Hamilton commença à correspondre avec Le Roi Goddard (Roy) Crandon, dont la femme d’origine ontarienne, Mina Marguerite Stinson, était, à Boston, une médium de renommée internationale connue sous le nom de Margery. Elle avait soi-disant pour esprit guide son défunt frère, Walter Stuart Stinson ; par l’intermédiaire de sa sœur, ce dernier pouvait ainsi agir, parler, transmettre des messages d’autres esprits et générer des phénomènes paranormaux. À partir de 1928, l’esprit de Walter guidait prétendument Mary Ann Marshall et divers médiums qui participaient aux expériences de Hamilton ; il dirigeait les événements et indiquait précisément quand activer le flash de l’appareil photo. Malgré l’impossibilité de prouver que le Walter de Boston et celui de Winnipeg ne formaient qu’une seule et même entité, les Hamilton affirmeraient leur conviction que les esprits de l’auteur britannique Robert Louis Stevenson, du missionnaire et explorateur David Livingstone, et du prédicateur Charles Haddon Spurgeon, parmi tant d’autres, avaient communiqué avec eux.

Hamilton porta à l’attention du public ses recherches métapsychiques en prononçant 86 allocutions devant des auditoires au Canada, aux États-Unis et en Angleterre. Il donna sa première conférence publique sur le sujet en mai 1926, en présence de 125 médecins de la Winnipeg Medical Society. Il écrivit que son « auditoire en cette occasion ne douta ni de [sa] raison ni de [sa] sincérité et écouta avec tolérance et un scepticisme impartial ». Au congrès conjoint à Winnipeg de la British Medical Association et de la Canadian Medical Association, du 26 au 29 août 1930, Hamilton présenta les résultats de ses recherches métapsychiques à plus de 500 délégués et exposa des photographies dans la section réservée aux passe-temps.

Les expériences de Hamilton eurent peu d’incidence négative sur sa réputation parmi ses collègues en médecine à Winnipeg. Le docteur Chown, qui avait pris part aux recherches, sans pourtant attribuer les manifestations métapsychiques aux esprits, rédigea une nécrologie élogieuse de son collègue pour le Journal de la Canadian Medical Association, où il insistait sur la véracité des phénomènes paranormaux. En 1969, Margaret Lillian écrirait que « rares furent ceux qui insinuèrent que les phénomènes n’étaient pas authentiques ». Parmi les sceptiques, Joseph Banks Rhine, parapsychologue, et Marshall Jerome Gauvin, rationaliste et libre penseur de Winnipeg, émirent des soupçons de tricheries irrecevables. Rhine affirma que les phénomènes semblaient frauduleux, sans jamais avoir mis les pieds à Winnipeg. En 1933, en réponse à la conférence de Hamilton intitulée « The scientific evidence for survival after death », Gauvin concéda la réalité de certains phénomènes mis en évidence par la recherche métapsychique. Il préférait cependant les considérer comme le fruit de pouvoirs humains inhabituels plutôt que de les attribuer, à l’instar de Hamilton, aux esprits.

En 1935, Thomas Glendenning Hamilton mourut d’une crise cardiaque. Les notices nécrologiques soulignèrent son intégrité et son rôle important au sein de la communauté de Winnipeg. Malgré les réalisations médicales pourtant considérables de Hamilton, ce furent ses expériences qui devinrent légendaires, tant à Winnipeg que dans les cercles de la recherche en parapsychologie à l’échelle internationale.

Walter Meyer zu Erpen

Thomas Glendenning Hamilton est mort avant d’avoir publié un rapport complet de ses recherches sur les phénomènes parapsychiques. Son plus jeune fils, James D., s’en est chargé et a ainsi fait paraître, à titre d’éditeur, Intention and survival : psychical research studies and the bearing of intentional actions by trance personalities on the problem of human survival (Toronto, 1942). En 1969, sa fille, Margaret Lillian, a publié une suite : Is survival a fact ? Studies of deep-trance automatic scripts and the bearing of intentional actions by the trance personalities on the question of human survival (Londres). Les expériences de Hamilton ont reçu une reconnaissance internationale au sein de la communauté de chercheurs en parapsychologie, grâce à ses articles dans : American Soc. for Psychical Research, Journal (New York), entre 1926 et 1934 ; British College of Psychic Science, Quarterly Trans. (Londres), entre 1929 et 1934 ; et Light (Londres), entre 1929 et 1935. Certains ont été traduits, notamment pour le périodique Zeitschrift für Parapsychologie [Revue de parapsychologie] (Leipzig, Allemagne). En 1932, le Daily Sketch (Londres) a fait paraître en trois parties une série de textes de Hamilton. Le Winnipeg Free Press en a fait de même en février 1933, avec une série en six parties. Une liste des publications de Hamilton est accessible à : Univ. of Manitoba Libraries, « Hamilton family » : umanitoba.ca/libraries/units/archives/collections/complete_holdings/ead/html/Hamilton.shtml (consulté le 31 mars 2016).

Univ. of Manitoba Libraries, Dept. of Arch. and Special Coll. (Winnipeg), mss 14.— Elmwood Herald (Winnipeg), 27 déc. 1934, 11 avril 1935.— Winnipeg Tribune, 16 oct. 1912 ; 12 juin 1931 ; 25 avril, 6 mai 1933 ; 8, 16 avril 1935.— Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 32 (1935) : 710–711.— CPG, 1920.— A. C. Doyle, Our second American adventure (Boston, 1924).— Nandor Fodor, Encyclopaedia of psychic science (New Hyde Park, N.Y., 1966).— H. E. MacDermot, One hundred years of medicine in Canada, 1867–1967 (Toronto et Montréal, 1967).— Manitoba Medical Assoc., Bull. (Winnipeg), 10 (1930), no 104 : 59.— Walter Meyer zu Erpen, « Canadian psychical research experiments with table tilting and ectoplasm phenomena in the séance room », dans The Spiritualist movement : speaking with the dead in America and around the world, C. M. Moreman, édit. (3 vol., Santa Barbara, Calif., 2013), 2 (Belief, practice, and evidence for life after death), 205–228.— Ross Mitchell, Medicine in Manitoba : the story of its beginnings ([Winnipeg, 1955 ?]).— J. B. Nickels, « Psychic research in a Winnipeg family : reminiscences of Dr. Glen F. Hamilton », Manitoba Hist. (Winnipeg), no 55 (juin 2007) : 51–60.— F. H. Schofield, The story of Manitoba (3 vol., Winnipeg, 1913), 2.— Soc. for Psychical Research, Paranormal Rev. (Londres), no 77 (hiver 2016).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Walter Meyer zu Erpen, « HAMILTON, THOMAS GLENDENNING », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hamilton_thomas_glendenning_16F.html.

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Auteur de l'article:    Walter Meyer zu Erpen
Titre de l'article:    HAMILTON, THOMAS GLENDENNING
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2022
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    15 oct. 2024