BARTHÉLEMY, MICHEL, prêtre, sulpicien, missionnaire, né vers 1638 dans le diocèse de Paris, inhumé à Montréal le 12 avril 1706.

Barthélemy arriva à Montréal en 1665. Dès l’automne de 1668, M. de Queylus [Thubières*] l’envoya, en compagnie de Dollier de Casson, passer l’hiver chez les Algonquins pour apprendre leur langue et s’initier à leur mode de vie, mais l’expérience fut écourtée. Peu après, peut-être en 1672, il part en mission chez les Iroquois (Haudenosaunee) nouvellement établis sur la rive nord du lac Ontario, à la baie de Kenté (Quinte), où se trouvaient, depuis 1668, Claude Trouvé et François de Salignac* de La Mothe-Fénelon. Il y resta à peine sept ans, essayant avec ses confrères d’apprendre la langue des Autochtones, d’instruire surtout les plus jeunes, baptisant parfois les moribonds, enfants ou adultes. Mais à cause de la rancœur des Iroquois, on songea sérieusement, dès 1675, à abandonner la mission, ce à quoi on dut se résigner en 1680.

Barthélemy était revenu à Montréal en 1679. Il fut d’abord maître d’école à la mission iroquoise de la Montagne que M. Bailly* dirigeait depuis trois ans. Puis, l’année suivante, on le retrouve à Ville-Marie où il s’occupe du chant à l’église paroissiale et des petites écoles françaises avec M. Souart*. Mais le ministère auprès des Premières Nations l’attirait toujours. Il apprit la langue des Algonquins, non pour aller en mission dans leur pays, mais pour prendre soin de ceux d’entre eux qui, en assez grand nombre, âgés ou malades, venaient chercher du secours auprès des Français de Ville-Marie.

En 1686, on l’envoya fonder la paroisse de la Rivière-des-Prairies au nord de l’île de Montréal. Vers 1690, il y aurait construit la première chapelle. Mais, en 1692, il fut obligé de revenir au séminaire de Montréal à cause du dépeuplement de sa paroisse, occasionné par les incursions incessantes des Iroquois ; lui-même avait été assiégé par des guerriers autochtones au moulin de la rivière des Prairies en 1689.

De retour à Montréal, il reprit sa fonction de vicaire et son ministère auprès des Algonquins. Sa sollicitude pour eux fut à certains égards admirable. Non content de payer de sa propre personne, chaque année, pendant près de 30 ans, il demanda qu’on leur vînt en aide, soit en les établissant sur la rivière de l’Assomption, soit en les unissant aux Iroquois du fort de la Montagne, soit en leur construisant des habitations près de Ville-Marie. Tout en admirant son zèle et sans vouloir le décourager, on lui répondit toujours que ses projets paraissaient trop coûteux ou irréalisables. Il insista aussi pour que d’autres missionnaires se mettent à l’étude de leur langue, qu’il était seul à connaître, et il s’offrit à la leur apprendre en six mois. Finalement, son insistance fut récompensée puisqu’elle permit la fondation, en 1703, par M. de Breslay, curé de Sault-Saint-Louis, de la célèbre mission algonquine de l’Île-aux-Tourtres à l’extrémité ouest de l’île de Montréal.

Michel Barthélemy fut inhumé à Montréal le 12 avril 1706.

Antonio Dansereau, p.s.s.

Sur la mission sulpicienne de Kenté, on se reportera aux biographies de Salignac* de La Mothe-Fénelon, au DBC, I, et de Trouvé dans ce volume-ci. ASSM, Correspondance des supérieurs généraux.— Dollier de Casson, Histoire du Montréal.— [Louis Tronson], Correspondance de Mde Tronson, troisième Supérieur de la Compagnie de Saint-Sulpice : Lettres choisies, [16 juillet 1676–15 janvier 1700], A.-L. Bertrand, édit. (3 vol., Paris, 1940).— J.-B.-A. Allaire, Dictionnaire biographique du clergé canadien-français (6 vol., Montréal, 1910–34).— Henri Gauthier, Sulpitiana (Montréal, 1926).— C.-P. Beaubien, Le Sault-au-Récollet (Montréal, 1898).— Faillon, Histoire de la colonie française.— Pierre Rousseau, Saint-Sulpice et les missions catholiques (Montréal, 1930) ; Une mission éphémère, Kenté, Bulletin de lAssociation des Anciens Élèves du Collège de Montréal, XX (1930) : 1–50.

Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Montréal, CE601-S51, 12 avril 1706.

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Antonio Dansereau, p.s.s., « BARTHÉLEMY, MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barthelemy_michel_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    2022
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