BERGER, JEAN, peintre, fils de Jean-Claude Berger et d’Éléonore Montalan, né à Saint-Dizier-au-Mont-d’Or, près de Lyon, vers 1681, décédé après 1709.
Berger arriva à Québec entre 1700 et 1704 comme soldat. Québec et Montréal comptaient alors un bon nombre de prisonniers capturés en Nouvelle-Angleterre, notamment un curieux personnage, Pendleton Fletcher, avec qui Berger était en relation. Fletcher de même qu’un certain James Adams furent convaincus d’avoir contrefait de la monnaie de carte. Soupçonné de complicité et jeté en prison, Berger fut cependant libéré en attendant un supplément d’information. L’affaire, apparemment, ne fut pas poussée plus avant, et il semble que Berger ait bénéficié d’un heureux concours de circonstances.
Le 17 avril 1706, il épouse, en l’église Notre-Dame de Québec, Rachel Storer (rebaptisée la veille sous le nom de Marie-Françoise), fille de Jeremiah Storer et de Ruth Masters. Née vers 1687, à Wells (Maine), elle avait été, avec sa sœur aînée Priscilla et sa cousine Mary, enlevée par des Abénaquis, en même temps qu’Adams et Fletcher.
En 1707, Berger est établi comme peintre à Montréal. Sans doute vivait-il tant bien que mal de son art quand ses mauvaises fréquentations occasionnèrent sa perte. Un soir de février 1709, deux inconnus bâtonnèrent rudement l’apothicaire Claude de Saint-Olive. Accusé de ce méfait, Berger fut mis aux fers mais réussit à prouver son innocence. Il aurait été libéré si le démon de la musique — car il était aussi chansonnier — ne l’avait induit à composer une méchante chanson en dix couplets pour se moquer de Saint-Olive. Dans le feu de l’inspiration, il se permit d’attribuer son incarcération à la vénalité des « Messieurs de la justice » ; mal lui en prit. D’abord condamné par la juridiction de Montréal à de légères amendes envers le roi et Saint-Olive, au carcan et au bannissement, il en appela de cette sentence au Conseil supérieur qui, non seulement la confirma, mais le bannit en outre de tout le pays. Tant de sévérité envers un aimable garnement qui venait de subir, sans l’avoir mérité, quelques mois de prison donne à croire qu’on n’attendait qu’un prétexte pour en débarrasser la colonie.
Qu’advint-il alors de Berger et de sa femme ? Il n’est jamais question d’eux dans la correspondance que Mary Storer entretint avec sa famille ; en 1729, toutefois, Jeremiah Storer laissa une partie de ses biens à Rachel « Bargee ». Il est donc fort probable que Berger se fixa dans une des colonies anglaises.
Nous ne connaissons rien de précis sur son œuvre, sauf qu’il peignit en 1706 un devant d’autel pour l’église de Sainte-Famille à l’île d’Orléans. On peut lui attribuer avec vraisemblance, parmi les portraits anonymes du temps, ceux de Zacharie-François* et de Jean-Baptiste Hertel, qui se trouvent maintenant au musée McCord de l’université McGill.
AJM, Greffe de Michel Le Pailleur, 21 déc. 1707.— AJQ, Greffe de Jacques Barbel, 17 avril 1706, Greffe de Louis Chambalon, 26 août 1704.— ANDM, Registres des baptêmes, mariages et sépultures.— ANDQ, Registres des baptêmes, mariages et sépultures.— AQ, NF, Ord. des int., I : 13s.— ASQ, C12.— Jug. et délib., V. : 305, 1025.— P.-G. Roy, Inv. coll. de pièces jud. et not., I : 47, 301 ; Inv. ins. Cons. souv., I : 119s. ; Inv. ord. int., I : 5s.— Raymond Boyer, Les crimes et les châtiments au Canada français du XVIIe an XXe siècle (Montréal, 1966), 429–431.— Coleman, New England captives.— J. R. Harper, La Peinture au Canada des origines à nos jours (Québec, 1966).— É.-Z. Massicotte, Faits curieux de l’histoire de Montréal (Montréal, 1922), 36–41 – Morisset, Coups d’œil sur les arts en Nouvelle-France (Québec, 1941) ; La peinture traditionnelle au Can. Fr., 34s.— J. R, Harper, La galerie de portraits de la famille Hertel de Rouville, Vie des Arts (Montréal), XLVII (1967) : 17s.— É.-Z. Massicotte, Le châtiment d’un chansonnier à Montréal au 18e siècle, BRH XXII (1916) : 46–49,— Gérard Morisset, Le peintre chansonnier Jean Berger, La Pairie (Montréal), 25 févr. 1951 : 26.— P.-G. Roy, Les lettres (le naturalité sous le régime français, BRH, XXX (1924) : 225–232.
Jules Bazin, « BERGER, JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/berger_jean_2F.html.
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Auteur de l'article: | Jules Bazin |
Titre de l'article: | BERGER, JEAN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |