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BROWN, CAROLINE SOPHIA, institutrice, médecin et commissaire d’école; née le 30 janvier 1862 à Derry West (Mississauga, Ontario), fille de David Brown et de Margaret Armstrong ; décédée célibataire le 11 janvier 1936 à Whitby, Ontario.
Les parents de Caroline Sophia Brown, quatrième de neuf enfants, exercèrent les métiers de fermier et d’éleveur dans le comté de Peel. Son père, éminent orangiste, occupa de plus une place importante au sein de l’Église presbytérienne. Caroline Sophia grandit en participant aux travaux de la ferme de 300 acres de son grand-père. Jeune fille, elle apprit à conduire un attelage de chevaux et se vit confier le passage de la herse. À l’âge de dix ans, elle trayait déjà les vaches. Selon un article de la National encyclopedia of Canadian biography rédigé peu avant sa mort, elle avait pu, grâce à sa forte stature, travailler de nombreuses années « telle une machine à vapeur ».
Caroline Sophia, inspirée par ses sœurs, voulait devenir institutrice. À sa sortie de l’école publique de Derry West, elle fréquenta le Jarvis Street Collegiate Institute de Toronto et le Brampton Collegiate Institute. Elle enseigna ensuite dans le comté de Halton et dans le village de Palestine (Mississauga), de même que dans quatre écoles torontoises (Dovercourt, Gladstone Avenue, Queen Victoria Public et Ogden Public).
Tout en enseignant, Mlle Brown s’inscrivit au Woman’s Medical College – fondé en 1883 par Michael Barrett*, entre autres, avec l’appui de la docteure Emily Howard Stowe [Jennings*] –, qui deviendrait l’Ontario Medical College for Women en 1894. Elle y suivit des cours après les heures de classe et y restait le soir pour pratiquer des dissections. Le 22 mai 1900, elle reçut un diplôme de l’établissement, ainsi que du Trinity Medical College, auquel il était affilié. La même année, après son examen pour obtenir son permis, Mlle Brown apprit qu’elle avait échoué dans toutes les matières sauf deux. Nullement découragée, elle continua à étudier et à enseigner pendant neuf ans. En 1909, alors qu’elle se préparait à repasser son examen, le bureau d’autorisation révisa son dossier et découvrit que, en fait, elle avait précédemment réussi partout. Elle reçut son permis d’exercer le 22 octobre 1909.
Mlle Brown effectua huit mois d’internat au City Hospital de Watertown, dans l’État de New York, où elle se concentra sur les interventions chirurgicales. Elle entreprit ensuite des études postdoctorales en obstétrique et en gynécologie à l’hôpital Rotunda de Dublin. En Angleterre, elle étudia au Great Ormond Street Hospital de Londres et dans des hôpitaux de Birmingham. Elle termina sa formation postdoctorale en France et en Allemagne, où elle se spécialisa en chirurgie générale. À son retour à Toronto, elle travailla plusieurs mois avec l’équipe d’inspection médicale responsable de la santé des écoliers. Elle pratiqua la médecine à Toronto pendant plus de 25 ans, notamment au Women’s College Hospital [V. Minerva Margaret Greenaway*].
Dévouée aux services communautaires, Mlle Brown joua un rôle prépondérant dans de nombreuses organisations féminines importantes, dont le Local Council of Women. Elle s’impliqua de façon particulièrement dynamique dans le mouvement pour le droit de vote des femmes. Les organisations féminines la sollicitaient souvent pour livrer des discours, car elle s’exprimait avec enthousiasme. Durant la Première Guerre mondiale, elle participa activement au recrutement et veilla au bien-être des soldats. Quand on rejeta sa demande de servir outre-mer, elle donna des cours de soins infirmiers à domicile et des leçons de secourisme à des jeunes gens qui comptaient parmi les premiers à partir à l’étranger. Elle participa à la fondation et agit à titre de présidente du chapitre Sir William Osler de l’Imperial Order Daughters of the Empire [V. Margaret Smith Polson*], qui envoya une ambulance en France pour contribuer à l’effort de guerre. En 1916, elle reçut le titre de membre honoraire à vie de l’Association ambulancière Saint-Jean [V. George Ansel Sterling Ryerson*], en reconnaissance de son travail dans le secourisme et les soins infirmiers à domicile durant la guerre.
L’intérêt de Mlle Brown pour l’éducation l’avait poussée à se porter candidate au conseil scolaire local. En 1915, elle remporta un siège à titre de conservatrice au Toronto Board of Education, où elle était la seule femme. Ada Mary Courtice [Brown*] (aucun lien de parenté avec elle) se joignit à l’organisme en 1917 ; l’année précédente, elle avait mis sur pied le Toronto Home and School Council, organisation de réforme éducative de la classe moyenne, qui visait à aider les femmes à briguer une charge publique et à s’impliquer en politique scolaire locale. En 1919, Edith Sarah Groves [Lelean] s’ajouta également aux membres du conseil. Mlle Brown fut réélue en 1917, 1918, 1919, 1923 et 1925 (sans opposition en 1918 et en 1923). En 1918, elle devint la première femme à être choisie pour présider le comité de propriété. Durant la guerre, devant la hausse des prix, elle avait plaidé en faveur de meilleurs salaires pour les enseignants. (Elle appuya aussi l’installation de lavabos dans les écoles pour permettre aux élèves de se laver les mains.) En 1924, elle représenta le Toronto Board of Education à l’Imperial Education Conference de la League of the Empire tenue à Londres. Pendant son séjour, on l’invita, en qualité de déléguée du Canada, au rassemblement de la Medical Women’s International Association, dans la même ville.
En politique fédérale, Mlle Brown présida la Ward Five Women’s Liberal-Conservative Association de 1920 à 1923 ; l’organisation la désigna candidate pour la circonscription de Toronto Northwest. Elle se présenta comme conservatrice indépendante aux élections du 29 octobre 1925, mais le candidat conservateur officiel et ex-maire de Toronto, Thomas Langton Church*, gagna la bataille.
Mlle Brown était connue pour son esprit vif et sa force physique apparemment inépuisable. Elle fit partie de la Ladies’ Orange Benevolent Association et s’intéressa à l’israélisme britannique, mouvement dont les membres croyaient que les Britanniques tiraient leur origine de l’une des dix tribus disparues d’Israël [V. Joseph Wild*]. Dans ses dernières années, Mlle Brown vit la maladie limiter considérablement ses activités. Elle se fractura un pied en 1926, puis développa une ostéomyélite dont elle ne se remit jamais. Dans son dossier d’hôpital, on attribua sa mort soudaine à une défaillance myocardique, compliquée par un épuisement dû à une artériosclérose cérébrale.
Les nombreuses réalisations de Caroline Sophia Brown en éducation, en médecine et en service public témoignent clairement de sa lutte pour les droits des femmes et de ses préoccupations pour le bien-être de la jeune génération. Elle considérait les enfants comme les citoyens de demain ; veiller à leur bien-être physique et spirituel constituait à ses yeux la plus noble vocation.
AO, RG 80-8-0-1680, no 026516.— BAC, R233-34-0, Ontario, dist. Peel (39), sous-dist. Toronto (A), div. 4 : 15 ; R233-35-2, Ontario, dist. Peel (140), sous-dist. Toronto (A), div. 4 : 13 ; R233-37-6, Ontario, dist. York Ouest (131), sous-dist. Toronto, quartier 6 (G), div. 4 : 12.— « Conservatives capture every seat in Toronto and York », Globe, 30 oct. 1925 : 13.— Globe, 13 janv. 1936.— Kari Dehli, « For intelligent motherhood and national efficiency : the Toronto Home and School Council, 1916–1930 », dans Gender and education in Ontario : an historical reader, Ruby Heap et Alison Prentice, édit. (Toronto, 1991), 147–163.— « Dr. Caroline Sophia Brown », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 34 (janvier–juin 1936) : 356.— National encyclopedia of Canadian biography, J. E. Middleton et W. S. Downs, édit. (2 vol., Toronto, 1935–1937), 1.
Alison li, « BROWN, CAROLINE SOPHIA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brown_caroline_sophia_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/brown_caroline_sophia_16F.html |
Auteur de l'article: | Alison li |
Titre de l'article: | BROWN, CAROLINE SOPHIA |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2023 |
Année de la révision: | 2023 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |