FAIRBROTHER, ANNE (Hill) (baptisée Amelia), comédienne, danseuse et professeure de danse, née à Londres et baptisée le 15 juillet 1804, une des six enfants de Robert Fairbrother, danseur et acrobate, et de Mary Bailey ; vers 1826, elle épousa Charles John Hill, et ils eurent deux fils et une fille ; décédée en 1896 à Montréal.

La famille Fairbrother était liée au Drury Lane Theatre de Londres et jouissait d’une bonne popularité. Tous les enfants des Fairbrother y firent leur apprentissage. Anne débuta en incarnant le rôle de l’enfant de Cora dans Pizarro, de Richard Brinsley Butler Sheridan, et devint membre permanent du corps de ballet vers 1816. Entre 1819 et 1825, elle dansa et interpréta des rôles mineurs aux théâtres Surrey et Sadler’s Wells. Vers 1826, elle épousa Charles Hill, comédien talentueux issu d’une famille de théâtre du Covent Garden Theatre. Durant plusieurs années, les Hill firent des tournées en Grande-Bretagne afin d’acquérir de l’expérience, mais la carrière d’Anne fut interrompue par la naissance de ses enfants.

Les Hill retournèrent à Londres en 1830 ; Anne figura aux théâtres Drury Lane et Surrey comme danseuse et comédienne de pantomime. Ils entrèrent à Covent Garden en 1835 ; Anne accéda rapidement au titre de première danseuse et connut beaucoup de succès en pantomime. De 1837 à 1840, les Hill travaillèrent dans des théâtres de province, où Charles fut à la fois comédien et directeur. La faillite du Theatre Royal de Brighton, causée par sa mauvaise administration, les força à fuir vers l’Amérique.

Les Hill firent leurs débuts sur le Nouveau Continent au Park Theatre de New York le 2 septembre 1840. Engagée comme danseuse pendant les entractes, Mme Hill gagna rapidement la faveur du public, qui, selon Joseph Norton Ireland, spécialiste en histoire du théâtre, la considérait comme « l’une des comédiennes les plus polyvalentes et les plus utiles ». Après trois années de longues tournées, le couple s’installa à Montréal, y jouant pour la première fois le 26 juin 1843 au Theatre Royal avec la compagnie de John Nickinson*. Au début du mois suivant, la Montreal Gazette disait d’Anne Hill qu’elle était « la danseuse la plus gracieuse que [l’on ait] vue » et qu’elle « étonnait et ravissait les sujets [de Sa Majesté] à Montréal grâce à ses charmantes interprétations ». Durant la fermeture du théâtre chaque hiver, les Hill dirigeaient une école de danse et aidaient des amateurs à monter des pièces.

Au cours des étés de 1846 à 1849, la famille partit en tournée dans le Haut-Canada ; elle connut de bonnes saisons à Toronto et à Hamilton, et fit de brefs séjours dans d’innombrables autres villes. Anne Hill dansait et jouait la comédie, tandis que son mari remplissait la fonction de directeur tout en interprétant des rôles de composition, son fils Charles John Barton incarnait les jeunes premiers, sa fille Rosalie était seconde danseuse et tenait des rôles d’ingénues, et Robert Herbert, son fils cadet, s’occupait du guichet. Des comédiens amateurs étaient invités à jouer des rôles de soutien. Il arrivait que l’auditoire soit peu nombreux, ce qui causait des problèmes financiers, mais dans certaines localités la troupe était chaleureusement accueillie. « Nous avons été si longtemps privés de manifestations publiques, lisait-on dans le Dumfries Courier de Galt (Cambridge) en 1846, que même si la représentation avait été médiocre nous aurions été heureux d’en profiter ; mais celle qui nous fut présentée dans notre indigence était non seulement particulièrement bien choisie, mais bien jouée, possédant tous les avantages de la nouveauté, du goût, des bons costumes, d’une parfaite mise en scène et de la connaissance exacte de l’effet scénique. »

Les violentes manifestations qui eurent lieu en 1849 à Montréal pour protester contre le projet de loi qui visait l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion forcèrent les théâtres à fermer leurs portes [V. James Bruce*]. Les Hill allèrent à Toronto afin de se joindre à la nouvelle compagnie de Charles Kemble Mason, qui joua durant de longues saisons au Royal Lyceum de Toronto et au Theatre Royal de Hamilton. À la suite du mariage de Charles John Barton à la comédienne américaine Olivia Crook et des fiançailles de Rosalie avec MacDonald Bridges, de Hamilton, la troupe familiale se sépara en 1851. Au printemps de la même année, le Toronto Patriot annonçait une représentation au bénéfice de Mme Hill et soulignait alors sa compétence comme professeure de danse : « Elle a gagné l’estime de tous, non seulement par sa grâce, son élégance et son succès dans ce domaine, mais aussi par son très agréable tempérament, son bon jugement et sa gentillesse naturelle. Comme interprète, ses mérites sont bien connus ; mais la mesure de ses efforts [dans le domaine théâtral] en faveur des autres est connue seulement de quelques-uns. »

Charles et Anne Hill firent de grandes tournées aux États-Unis et au Canada durant les années 1850, visitant à l’occasion leur fils Robert Herbert à Montréal. Lorsque la guerre de Sécession éclata en 1861, Mme Hill, qui s’était séparée de son mari, s’établit à Montréal. Elle poursuivit sa carrière de comédienne durant de nombreuses années ; elle jouait dans une représentation de bienfaisance pour le Home of the Friendless à Detroit, quand son mari mourut, le 24 septembre 1874. Anne Hill demeura active dans le domaine du théâtre professionnel et amateur à Montréal jusqu’à son décès en 1896 ; selon l’historien Franklin (Thomas) Graham, « elle conserva jusqu’à la fin un trésor d’anecdotes et de réminiscences ».

Mary Jane Warner

Church of Jesus Christ of Latter-Day Saints, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index.— Victoria and Albert Museum, Theatre Dept. (Londres), Playbills : Drury Lane, Sadler’s Wells, Surrey theatres (Londres), 18001840 ; Brighton, Angl., theatres, 18201840 (microfiches).— Leader, 1852.— Montreal Gazette, 18431852.— Toronto Patriot, 18431852.— J. N. Ireland, Records of the New York stage from 1750 to 1860 (2 vol., New York, 1866–1867 ; réimpr., 1966).— Franklin Graham, Histrionic Montreal ; annals of the Montreal stage with biographical and critical notices of the plays and players of a century (2e éd., Montréal, 1902 ; réimpr., New York et Londres, 1969), 140.— P. B. A. O’Neill, « A history of theatrical activity in Toronto, Canada : from its beginnings to 1858 » (thèse de ph.d., 2 vol., La. State Univ., Baton Rouge, 1973).— Kathleen Barker, « The decline and rise of the Brighton theatre, 1840–1860 », Nineteenth Century Theatre Research (Tucson, Ariz.), 8 (1980) : 29–51.— Mary Shortt, « Touring theatrical families in Canada West : the Hills and the Herons », OH, 74 (1982) : 3–25.

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Mary Jane Warner, « FAIRBROTHER, ANNE (baptisée Amelia) (Hill) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fairbrother_anne_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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