LA CROIX DE CHEVRIÈRES DE SAINT-VALLIER, JEAN-BAPTISTE DE, deuxième évêque de Québec, né à Grenoble le 14 novembre 1653, fils de Jean de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier et de Marie de Sayve, décédé à Québec le 26 décembre 1727.
La famille de Jean-Baptiste de La Croix comptait parmi les meilleures du Dauphiné : gentilshommes campagnards, officiers, magistrats, ambassadeurs. Jean de La Croix, son arrière-grand-père, fut un avocat de talent, poète à ses heures ; il fut d’abord président au parlement de Grenoble, puis, après son veuvage, évêque de Grenoble. Le père de Jean-Baptiste partagea sa carrière entre la magistrature grenobloise et la diplomatie. Il épousa Marie de Sayve, fille d’un magistrat de Dijon ; ils eurent dix enfants dont trois entrèrent en religion. Les La Croix étaient de grands propriétaires terriens et possédaient notamment sur les bords du Rhône le château de Saint-Vallier, qui avait jadis appartenu à Diane de Poitiers, la célèbre amie du roi Henri II.
C’est dans ce château que se déroula en partie l’enfance de Jean-Baptiste. Nous ne savons d’ailleurs presque rien de sa jeunesse, sinon qu’il était très charitable, qu’il étudia au collège des Jésuites de Grenoble et qu’il songea de très bonne heure à la prêtrise. Entré au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, il obtint, à 19 ans, une licence en théologie (1672) ; quatre ans plus tard, en 1676, avant même d’avoir reçu l’ordination et grâce aux relations de sa famille, il était nommé aumônier ordinaire de Louis XIV. Il ne sera ordonné prêtre qu’en 1681.
La cour du roi-soleil vivait encore sous le signe de la licence et Mme de Montespan régnait toujours sur le cœur et les sens de Louis XIV. Le jeune abbé ne se laissa cependant pas séduire par l’éclat apparent de cette « vie délicieuse ». Influencé sans aucun doute par tout le mouvement issu de la contre-réforme française – bien que nous connaissions très mal les étapes de sa formation intellectuelle –, ami personnel de Mgr Le Camus, évêque de Grenoble bien connu par son rigorisme moral, il manifesta tout de suite la plus grande austérité. Au lieu de prendre l’habit de cour, il garda la soutane et, dans ses loisirs, il se mit à fréquenter les hôpitaux, les prisons et les paroisses de campagne. En 1683, il fondait de ses deniers un hôpital dans la petite ville de Saint-Vallier. Plus tard, dans son éloge funèbre de Mgr de Saint-Vallier, l’abbé Joachim Fornel* s’écriera avec emphase : « quel spectacle surprenant se présente à mes yeux ! Notre nouveau Jean-Baptiste se sanctifie dans la Cour des rois, au milieu des délices, quel prodige !»
En 1684, l’abbé de Saint-Vallier avait 31 ans et déjà on prévoyait sa nomination à un évêché en France. C’est alors que son directeur spirituel, un jésuite, le père Le Valois, personnage assez influent dans les milieux ecclésiastiques de la capitale, lui parla de l’évêché de Québec. Le titulaire du siège, Mgr de Laval, songeait à donner sa démission. Il se proposait de venir en France pour demander à Louis XIV de lui choisir un successeur. L’abbé de Saint-Vallier accepterait-il d’être ce successeur ?
Un prêtre ambitieux aurait certes refusé. Créé il y avait tout juste dix ans, situé à plus de deux ou trois mois de navigation de la France, affligé d’un climat rude, le diocèse de Québec était peut-être en 1684 le plus misérable et le plus difficile des diocèses missionnaires. Il était immense, englobant la plus grande partie des territoires déjà explorés de l’Amérique du Nord : Terre-Neuve, l’Acadie, la vallée du Saint-Laurent, la région des Grands Lacs et même toute la vallée du Mississipi, qui venait d’être parcourue jusqu’à son embouchure par Cavelier* de La Salle. Ce diocèse de structure continentale était par contre à peine peuplé. Et quels diocésains ! Neuf sur dix étaient des Indiens, rebelles presque entièrement au christianisme. Au milieu de ces Indiens, une poignée de colons français, guère plus de 10 000. Beaucoup menaient une vie chrétienne, vraiment familiale, souvent pieuse ; mais la moitié des jeunes gens, séduits par l’appel de l’aventure et du gain, couraient les bois à la recherche des précieuses fourrures. Ils répandaient à profusion l’eau-de-vie, enivraient les indigènes pour leur dérober leurs pelleteries ou leurs femmes. Lorsqu’ils revenaient, ils menaient joyeuse vie à Montréal qui avait bien perdu de sa ferveur chrétienne primitive. « La bonne chère, les femmes, le jeu, la boisson, tout y va », notait un contemporain, le baron de Lahontan [Lom d’Arce].
Cependant, pour évangéliser les Indiens et maintenir les Français dans l’ordre chrétien, le clergé canadien ne manquait pas d’effectifs, puisqu’il y avait déjà une centaine de prêtres – jésuites, sulpiciens, récollets, prêtres des Missions étrangères de Paris – et une centaine de religieuses. Venus en majorité de France, prêtres et religieuses étaient pour la plupart dévoués, de stricte orthodoxie, de mœurs pures, mais aussi querelleurs et processifs. De plus, les ressources financières manquaient et les relations entre l’Église et les autorités coloniales étaient parfois fort tendues. Le fond de la querelle résidait dans la question de l’eau-de-vie. Mgr de Laval aurait voulu limiter l’importation de l’eau-de-vie et en interdire la vente aux Indiens. Les gouverneurs protestaient. À leurs yeux la traite de l’alcool était nécessaire au développement du commerce et aux bonnes relations avec les tribus indigènes. Versailles avait tendance à soutenir les gouverneurs contre Mgr de Laval, jugé trop rigoriste.
En définitive, seul un prêtre vraiment apostolique pouvait accepter une charge aussi onéreuse que l’évêché de Québec. L’abbé de Saint-Vallier avait l’âme d’un apôtre. Il n’hésita pas une minute à donner son acquiescement. En vain sa famille protesta ; il passa outre. En janvier 1685, Mgr de Laval, de retour en France, offrit sa démission au roi et proposa l’abbé de Saint-Vallier pour lui succéder. Louis XIV nomma sur-le-champ son jeune aumônier à l’évêché de Québec. Le sacre dut cependant être différé. Le pape Innocent XI, brouillé avec le roi depuis l’affaire de la Régale et la déclaration des Quatre Articles, n’accordait plus aucune bulle d’investiture. L’abbé de Saint-Vallier partit pour le Canada avec le titre seulement de grand vicaire de Mgr de Laval. Il espérait qu’à son retour la querelle entre le pape et le roi aurait cessé et qu’il pourrait recevoir ses bulles.
Le premier voyage de l’abbé de Saint-Vallier au Canada dura 18 mois. Malgré son manque d’entraînement, le jeune prêtre étonna le clergé par son endurance et son zèle. Il visita d’abord Québec, toutes les paroisses longeant le Saint-Laurent, enfin Montréal. Puis, par les rivières et les lacs de l’intérieur, il se rendit dans la lointaine Acadie avec deux prêtres et une petite escorte. Il partit au printemps de 1686 sans même attendre la fonte des glaces. On allait de rivière en rivière, de lac en lac. Parfois il fallait casser la glace pour faire passer les canots. Un moment on pensa mourir de faim. Puis vinrent l’été, les piqûres insupportables des maringouins, les chaleurs humides. Partout où il rencontrait des Français et des Indiens, Saint-Vallier prêchait, catéchisait, blâmait, louait. Il mangeait peu, dormait à peine et travaillait sans cesse. De retour à Québec à l’automne de 1686, il songeait même à remonter jusqu’aux Grands Lacs.
Le clergé canadien s’émerveilla de tant de zèle, mais il s’effraya aussi. Il s’aperçut vite en effet que Saint-Vallier avait tous les défauts de ses qualités. Dynamique et entreprenant, il était aussi entier, autoritaire, ne tenant aucun compte des conseils de son entourage. Exigeant pour lui-même, il l’était aussi pour ses subordonnés : « Je ne cherche pas à plaire au monde », avait-il d’ailleurs affirmé hautement. Enfin, prodigue de son argent, il l’était aussi de celui des autres. À son départ de Québec le séminaire se trouvait endetté de 10 000# supplémentaires.
Les supérieurs du séminaire écrivirent leurs impressions à Mgr de Laval, resté à Paris pendant le voyage de Saint-Vallier. Ils étaient catégoriques : malgré son zèle et ses talents, l’abbé de Saint-Vallier ne leur semblait pas du tout l’homme qu’il fallait pour gouverner le diocèse de Québec. Mgr de Laval leur donna raison et demanda à l’abbé de Saint-Vallier de se retirer. Blessé, celui-ci refusa et fut soutenu par Louis XIV, qui interdit même à Mgr de Laval de retourner à Québec. Ce dernier fut consterné : il n’avait qu’un rêve, mourir à Québec, dans l’Église qu’il avait contribué à fonder. Dans son amertume, il accusa son successeur d’avoir suggéré à la cour de le retenir en France. Saint-Vallier protesta avec impétuosité.
En 1688, cependant, l’atmosphère s’apaisa. Le pape ayant envoyé les bulles nécessaires, l’abbé de Saint-Vallier put être sacré évêque à Saint-Sulpice de Paris le 25 janvier 1688. Aussitôt il supplia le roi de permettre le retour de Mgr de Laval au Canada. Louis XIV se laissa fléchir. Mgr de Laval n’attendit pas un moment pour partir. Malgré son âge et ses infirmités, il se rendit à cheval jusqu’à La Rochelle d’où il s’embarqua immédiatement pour le Canada. Quelques semaines plus tard Saint-Vallier quittait à son tour la capitale et, le 31 juillet 1688, il arrivait à Québec.
Avec ce retour de Mgr de Saint-Vallier commença pour l’Église canadienne une longue période de crise qui ne dura pas moins de 16 ans (1688–1704). Elle débuta par une violente querelle, en vérité inévitable, entre l’évêque et son séminaire, dirigé par trois prêtres qui avaient profondément blessé Saint-Vallier en demandant sa démission au début de 1687 : Bernières*, Ango Des Maizerets et Glandelet. En second lieu, Mgr de Laval, fondateur du séminaire, avait accordé à cette institution des privilèges hors de tous les usages habituels. Ce n’était pas seulement une maison de formation pour les futurs prêtres, mais aussi une véritable communauté religieuse, affiliée au séminaire des Missions étrangères de Paris et comprenant tous les curés des paroisses de la colonie, c’est-à-dire en somme tout le clergé séculier. Déjà les trois quarts du clergé canadien, Récollets, Sulpiciens, Jésuites, échappaient à l’autorité directe de l’évêque qui, en outre, se voyait obligé de partager avec son séminaire sa juridiction sur son propre clergé séculier.
Dès l’automne de 1688, Mgr de Saint-Vallier réclama une modification immédiate et complète de l’organisation du séminaire. Le séminaire refusa, et l’évêque parla de révolte contre son autorité légitime. Ses adversaires dénoncèrent le caractère insupportable et tyrannique du prélat, insinuèrent même que Saint-Vallier avait dans son entourage des jansénistes, notamment le grand vicaire qu’il avait emmené de France, l’abbé de Merlac*. Mgr de Laval, que la jalousie de son successeur avait obligé à quitter Québec pour se réfugier au cap Tourmente, prit le parti du séminaire. Très vite de part et d’autre on oublia toute mesure. Il faut dire que les temps étaient durs et l’énervement général. Les Iroquois avaient repris leurs massacres de colons français. Les Anglais venaient assiéger Québec. La métropole laissait parfois entendre qu’elle abandonnerait le Canada.
Finalement, pour sortir de l’impasse, au printemps de 1691, Saint-Vallier alla en personne réclamer en France un arbitrage. Le roi nomma comme arbitres l’archevêque de Paris et son confesseur le père de La Chaise [Aix]. Tous deux donnèrent raison à l’évêque sur les points essentiels. Le séminaire de Québec perdit ses privilèges et rentra dans le droit commun. L’évêque revint triomphant à Québec le 15 août 1692. N’avait-il pas prophétisé avant son départ qu’on verrait « bien s’il était évêque ou non » ?
Là-dessus arrivèrent les grandes querelles de 1693–1694, « années terribles pour l’église du Canada ». Il nous est impossible ici d’entrer dans le détail de ces querelles, d’ailleurs souvent mesquines, mais toujours extrêmement révélatrices du tempérament de Saint-Vallier, de ses préférences doctrinales, de l’atmosphère religieuse de l’époque. Disons seulement que, durant ces deux années, Saint-Vallier réussit le tour de force de se brouiller non seulement avec le gouverneur de la Nouvelle-France, M. de Frontenac [Buade*], qui voulait faire jouer Tartuffe à Québec et qui dut y renoncer devant l’opposition de l’évêque, avec le gouverneur de Montréal [Callière], avec certains officiers des troupes stationnées dans la colonie, mais aussi avec le chapitre de la cathédrale, avec le séminaire, avec les Récollets [V. Denys], avec les Jésuites [V. Bouvart, Couvert], avec les sœurs de l’Hôtel-Dieu de Québec [V. Jeanne-Françoise Juchereau ; Marguerite Bourdon], avec les sœurs de la congrégation de Notre-Dame [V. Barbier]. À la fin de l’été de 1694, presque tout le diocèse de Québec était en rébellion contre l’autorité épiscopale.
Des mémoires adressés à Louis XIV dénoncèrent la tyrannie de Saint-Vallier. Le roi donna l’ordre au prélat de venir se justifier en France. L’évêque obéit. Au mois de décembre 1694, il était à Paris. Louis XIV, après l’avoir entendu, le pressa de donner sa démission. Saint-Vallier refusa. On ne pouvait lui reprocher aucune faute grave, ni contre les mœurs, ni contre le doctrine. Peut-être avait-il seulement péché par excès de zèle ! Mais, après tout, n’était-ce pas aux subordonnés à obéir ? Au surplus, ajoutait Saint-Vallier, ses adversaires oubliaient de mentionner le bilan positif des six premières années de son épiscopat. N’avait-il pas fondé l’Hôpital Général (1692), commencé la construction d’un évêché (1688), installé les Jésuites et les Récollets à Montréal (1692), contribué à la création d’une nouvelle communauté de frères hospitaliers [V. François Charon de La Barre], visité Terre-Neuve, fait un second voyage en Acadie (1689), animé la résistance de ses diocésains contre les Anglais (1690) ? En vérité quel évêque de France pouvait dire mieux ?
Louis XIV demanda conseil à son entourage. Mme de Maintenon se récusa. Fénelon [Salignac] s’excusa : il connaissait très mal les problèmes de l’Église canadienne. Bossuet estima que Saint-Vallier n’était pas capable de bien gouverner son diocèse, mais que, s’il ne voulait pas donner sa démission, on ne pouvait le retenir en France. Ce serait contraire aux décisions du concile de Trente qui obligeait les évêques à la résidence dans leur diocèse. Le père de La Chaise, confesseur du roi et jésuite très influent à la cour, hésita aussi à se prononcer. Il connaissait l’irritabilité du prélat. Si jamais le roi lui permettait de revenir au Canada malgré l’opposition des Jésuites, ne se vengerait-il pas en leur enlevant toutes leurs missions indigènes ? Ce serait la ruine de la compagnie en Amérique du Nord. Le père de La Chaise opta pour la neutralité.
Durant deux ans Saint-Vallier maintint sa volonté de retourner au Canada. En 1697, Louis XIV le convoqua à Versailles et tenta d’obtenir une fois encore sa démission. Saint-Vallier refusa. Le roi autorisa alors l’évêque à retourner à Québec et Saint-Vallier promit d’être « sage », c’est-à-dire de modérer son zèle.
Dans l’été de 1697, il rentra donc à Québec. Il y eut alors quelques mois de sérénité et de paix dans le diocèse. L’évêque en profita pour autoriser un nouvel établissement des Ursulines à Trois-Rivières et se réconcilier avec son séminaire. Mais, dès 1698, commençait un nouveau conflit avec les Jésuites au sujet des missions du Mississipi.
La querelle prit naissance sur le haut Mississipi où les Jésuites évangélisaient les Illinois dans le triangle compris entre le Mississipi, l’Ohio et les Grands Lacs. Ils étaient seuls dans cette immense contrée. En 1698, le séminaire de Québec, qui n’avait pas seulement pour but la formation de futurs prêtres mais aussi la conversion des païens, demanda à son évêque le droit d’aller évangéliser la petite bourgade des Tamarois, non loin du confluent du Missouri et du Mississipi. Saint-Vallier, qui ne voulait plus que l’amitié de son séminaire, accepta. Trois prêtres du séminaire de Québec [V. Buisson de Saint-Cosme (1667–1706) ; Davion ; Montigny*] s’en allèrent chez les Tamarois. Mais alors les Jésuites poussèrent les hauts cris. Quoi ! On venait s’installer chez eux ! Les Tamarois étaient des Illinois, de même race et de même langue que tous les autres Illinois. Or l’évangélisation de tous les Illinois avait été confiée aux Jésuites par Mgr de Saint-Vallier lui-même dans des lettres patentes du 16 décembre 1690. L’injustice était flagrante.
Les Jésuites manifestaient d’autant plus d’inquiétude qu’à cette date une grande querelle les opposait en Extrême-Orient aux prêtres des Missions étrangères, dont dépendait le séminaire de Québec. Les Jésuites de Chine avaient permis à leurs nouveaux convertis de continuer à rendre certains hommages à Confucius et à célébrer certaines cérémonies en l’honneur de leurs ancêtres. Les prêtres des Missions étrangères, qui évangélisaient également la Chine, avaient protesté contre cette attitude des Jésuites ; c’était, à leurs yeux, tomber dans l’idolâtrie et la superstition. La dispute s’était envenimée, les Jésuites accusant leurs adversaires de vouloir leur enlever leurs missions d’Extrême-Orient. De Chine la polémique était passée à Rome, puis à Paris, et jusqu’au Canada. On comprend dès lors la violente réaction des Jésuites dans l’affaire des Tamarois. Non seulement on voulait les expulser de Chine, mais aussi d’Amérique. Une ferme résistance s’imposait.
Mgr de Saint-Vallier fut appelé à arbitrer le conflit. Il donna tort absolument aux Jésuites. Ceux-ci refusèrent l’arbitrage. De nouveau une avalanche de lettres contradictoires s’abattit sur Paris. Le roi ne savait à qui donner raison, et d’ailleurs ne comprenait rien à tout ce vacarme pour une minuscule bourgade indigène perdue en plein cœur de l’Amérique du Nord. Les Missions étrangères de Paris penchaient elles-mêmes vers un compromis. Mais Mgr de Saint-Vallier n’était pas homme à capituler, fût-ce devant la redoutable Compagnie de Jésus. En 1700 il vint à Paris, remua ciel et terre et finalement obtint satisfaction en juin 1701. Les Tamarois restèrent au séminaire de Québec. Mais les Jésuites canadiens furent profondément blessés. Ils dénoncèrent leur évêque auprès de leur général à Rome. L’un d’eux alla jusqu’à le qualifier de « terrible fléau, qui a plus causé de ravages dans le domaine spirituel qu’une armée ennemie n’en peut causer dans le domaine temporel. Ennemi acharné de la Société, il parle de tous les Jésuites comme des scélérats ». Le supérieur écrivait de son côté : « Sous la peau de brebis du pasteur, se cache un loup acharné contre notre Société [les Jésuites] ».
Deux ans après le règlement de l’affaire des Tamarois, alors que Mgr de Saint-Vallier séjournait encore en France, un nouveau conflit éclata avec la Compagnie de Jésus sur ce même sujet des missions. Le théâtre en fut cette fois le bas Mississipi. Une nouvelle colonie, la Louisiane, venait d’être fondée ; qui allait être chargé de l’évangélisation ? De nouveau, Jésuites et prêtres des Missions étrangères entrèrent en compétition. Les Jésuites, pour éviter toute possibilité de discorde future, exigèrent un district où leur supérieur fût en même temps grand vicaire de l’évêque de Québec. Mgr de Saint-Vallier s’emporta : « Jamais il ne ferait un Jésuite son grand vicaire ». La compagnie rappela alors les trois jésuites qui avaient déjà été envoyés en Louisiane. Les prêtres des Missions étrangères restèrent seuls.
Maltraités par Mgr de Saint-Vallier, les Jésuites du Canada prirent leur revanche d’une manière assez cruelle. En 1702 et 1703, l’évêque avait publié un Catéchisme et un Rituel : ouvrages d’une inspiration sombre, dure, austère, très représentatifs de cette tendance qualifiée le plus souvent de « jansénisme moral ». Pour ne citer qu’un exemple, le Catéchisme résolvait dans le sens le plus rigoureux le redoutable problème du nombre des damnés et des bienheureux : « Question : Le nombre des réprouvés sera-t-il bien plus grand que celui des bienheureux ? Réponse : Oui, le chemin de la perdition est large, au lieu que le chemin qui conduit à la vie éternelle est étroit. » Malgré cette note pessimiste, Rituel et Catéchisme étaient cependant parfaitement orthodoxes. Mgr de Saint-Vallier, qui n’avait pas achevé de régler ses affaires en France, en envoya des exemplaires à Québec. Le père Bouvart, supérieur des Jésuites, les lut, bondit sur sa plume et écrivit un long réquisitoire pour prouver que les ouvrages de l’évêque tombaient dans l’arianisme, le pélagianisme, le jansénisme, le luthéranisme, le calvinisme. Les accusations se basaient sur certaines phrases où s’étaient glissées des erreurs au moment de l’impression ou bien qui avaient été maladroitement rédigées par Mgr de Saint-Vallier. Par exemple, le Rituel affirmait : « Dieu donne ordinairement ses grâces actuelles aux personnes disposées à la réception d’un sacrement ». Le père Bouvart voyait dans l’adverbe « ordinairement » une affirmation janséniste. Il fallait mettre « toujours » ou supprimer « ordinairement ».
Naturellement l’évêque fut mis au courant de la critique du jésuite. Il se plaignit à la Sorbonne. Celle-ci condamma l’œuvre de Bouvart comme « téméraire, tendante au schisme et à la révolte des ouailles contre le pasteur, et très injurieuse à Mgr l’évêque de Québec qui y est indignement traité ». Malgré son indignation, Saint-Vallier fut cependant assez perspicace pour reconnaître que, si la critique du père Bouvart tombait souvent dans l’insolence, certains reproches étaient parfaitement justifiés. Il s’empressa de publier une seconde édition de son Rituel, qui avait été beaucoup plus malmené que le Catéchisme.
La dispute théologique s’arrêta là. Elle clôtura cette longue période de querelles incessantes commencées en 1688. Maintenant l’évêque allait surtout connaître la souffrance.
Au mois de juillet 1704, Mgr de Saint-Vallier quittait une fois de plus La Rochelle pour le Canada. Il venait de passer près de quatre ans en Europe et avait même poussé une pointe jusqu’à Rome, où Clément XI avait cordialement accueilli ce premier évêque de l’Amérique du Nord venu rendre visite au pape. Maintenant le prélat avait hâte de revoir Québec et de reprendre en main l’administration de son diocèse.
Hélas ! On était alors en pleine guerre de Succession d’Espagne. La France n’avait plus la maîtrise des mers. Au large des Açores une flotte anglaise attaqua le convoi auquel appartenait le navire de Mgr de Saint-Vallier. Le convoi fut dispersé et le navire qui portait l’évêque amena son pavillon. Saint-Vallier tomba prisonnier et fut même insulté par un marin qui le prit à la gorge pour avoir sa croix pectorale. Puis, avec les 16 ecclésiastiques de son entourage, il fut emmené en Angleterre.
La reine Anne régnait. Elle n’accepta de relâcher le prélat que si Louis XIV rendait sa liberté de son côté à un autre ecclésiastique, le doyen de la cathédrale de Liège, le baron de Méan, enlevé de sa cathédrale à cause de ses intrigues avec les adversaires de la France. Versailles refusa la mise en liberté du baron de Méan, d’abord parce que ce dernier était un homme dangereux pour les intérêts français, ensuite parce qu’on n’était pas fâché d’être débarrassé momentanément d’un évêque qui, malgré son zèle, avait le génie de la querelle. Certains adversaires du prélat espéraient même que, si sa captivité se prolongeait, il donnerait sa démission.
Saint-Vallier ne démissionna pas, mais resta cinq ans prisonnier dans de petites villes de la banlieue de Londres. Cinq ans d’ennui, d’inaction, de tracasseries de la part des Anglais, d’espoirs toujours déçus de libération, de menues querelles avec son entourage ecclésiastique, de souffrances physiques aussi. Mgr de Saint-Vallier était jeune encore ; au début de sa captivité, il n’avait que 51 ans. Mais la vie tumultueuse qu’il avait menée l’avait précocement usé. Dans l’hiver de 1704–1705 il pensa même mourir.
En 1709, cependant, Louis XIV consentit à libérer le doyen de Liège. Les Anglais relâchèrent Mgr de Saint-Vallier qui se précipita à Paris et demanda aussitôt à repartir pour le Canada. Les nouvelles qu’il avait reçues de son diocèse étaient mauvaises. Mgr de Laval était mort en 1708 : personne ne pouvait ordonner de nouveaux prêtres à Québec. Or, précisément, des épidémies successives avaient diminué les effectifs du clergé canadien. En outre, des rapports signalaient une baisse caractérisée de la moralité, une grande licence de mœurs, beaucoup d’avidité chez les riches, de l’hostilité à l’égard de l’Église chez les autorités coloniales.
L’abbé de Glandelet écrivait même à son évêque : « Les désordres d’impureté sont si fréquents et si familiers qu’on n’en fait plus un mystère. Rien n’est si commun que de voir des filles grosses, et une personne de distinction qui connaît fort bien tout ce qui se passe dans Québec me disait, il y a peu de jours, que la moitié de Québec était un franc b... Cette pauvre colonie aurait grand besoin d’avoir des personnes qui la soutiennent par leur exemple et leur piété [...]. Les pasteurs ne sont pas soutenus [...] et au contraire on paraît vouloir les rendre méprisables ». Sans aucun doute les descriptions pessimistes de l’abbé de Glandelet donnaient dans l’exagération, mais elles impressionnèrent fort l’évêque, très porté lui aussi à croire que presque tous ses diocésains vivaient en état de perdition. Seul un retour immédiat de l’évêque permettrait d’arrêter un tel débordement de vice.
Le roi, cependant, ne permit pas ce retour, car on craignait à Versailles une reprise des disputes religieuses. Pendant quatre ans (1709–1713) Saint-Vallier fut obligé de rester en France ; c’est ce qu’on pourrait appeler son deuxième exil. Il en profita pour visiter les abbayes que son diocèse possédait en France, envoya quelques règlements à son clergé, s’intéressa au recrutement de nouveaux colons, se chicana avec son séminaire ; surtout il s’ennuya.
En 1711 un long mémoire adressé au roi récapitula une fois de plus les bienfaits de l’administration de Mgr de Saint-Vallier. Louis XIV ne se laissa pas fléchir. Au printemps de 1713, après avoir été un moment mourant dans l’hiver de 1711–1712, l’évêque envoya une nouvelle lettre rappelant solennellement à Louis XIV ses responsabilités de souverain ; en retenant par sa seule volonté l’évêque en France le roi se chargeait « devant Dieu » de toutes les suites fâcheuses qui pourraient en résulter. « Sa Majesté sera peut-être un jour bien surprise de voir que Dieu ne m’imputera pas à faute d’avoir trop fait, mais de n’en avoir pas assez fait ». Cette fois Louis XIV céda. Sans attendre plus longtemps, Saint-Vallier s’embarqua à La Rochelle, et le 17 août 1713 il débarquait à Québec. Toute la ville était là, avide de revoir son évêque après une absence de 13 ans. On le trouva vieilli, fatigué, les traits altérés. Ce n’était plus le jeune évêque svelte, alerte, hautain, des premières années de l’épiscopat, mais un vieil homme mélancolique, les épaules épaisses et tombantes, les joues pleines et molles. Durant l’hiver de 1713–1714, il pensa encore une fois mourir. Son entourage le pressa de se reposer un peu. Il répondit seulement : « Ne serais-je pas trop heureux de mourir au milieu des travaux entrepris pour la gloire de Dieu ? » Aussitôt remis sur pied, il reprit ses tâches habituelles, mais il avait perdu sa vigueur d’antan, et à plusieurs reprises il dut s’aliter.
À ces souffrances physiques s’ajoutèrent des souffrances morales. Sans doute, durant les dernières années de sa vie, le prélat réussit à se réconcilier avec les Jésuites – l’un d’eux, le père La Chasse*, devint même son confesseur particulier et prononcera son éloge funèbre – et à vivre en bons termes avec les Sulpiciens, les Récollets et les diverses communautés féminines. Mais des rancunes subsistèrent entre Mgr de Saint-Vallier et son séminaire. Les curés et notamment les curés nés au Canada n’aimaient pas leur évêque. Les chanoines frondaient également le prélat qui, de son côté, ne se gênait guère pour leur reprocher leur embourgeoisement et leur paresse. Au surplus, les relations entre les autorités coloniales et l’évêché manquaient de cordialité. Le gouverneur, M. de Vaudreuil [Rigaud], était accusé d’empiéter sur les droits de l’Église. L’évêque le rappelait vertement à l’ordre et, lorsque le gouverneur mourra en 1725, il refusera de faire sonner le glas à la cathédrale.
Une telle intransigeance était assurément maladroite. Elle contribua à créer une sorte d’isolement moral autour de la vieillesse de l’évêque. En 1713, le roi lui avait donné un coadjuteur, un capucin, Mgr de Mornay. Celui-ci ne vint jamais en Nouvelle-France mais, en octobre 1727, quelques mois avant sa mort, Mgr de Saint-Vallier avouait tristement à M. de Beauharnois*, le nouveau gouverneur général, que, si le coadjuteur arrivait, « tout le monde l’abandonnerait ». Aveu poignant de la désaffection de la Nouvelle-France pour son vieil évêque !
À défaut de popularité, Saint-Vallier était respecté pour son austérité et il ne fut jamais aussi austère que durant les 14 dernières années de sa vie. Dès 1713 il avait abandonné son évêché pour aller vivre à l’Hôpital Général, dont il était le fondateur. Vêtu d’habits très usés, il disposait pour tout appartement d’une seule chambre dont les murs étaient blanchis à la chaux et dont le mobilier se réduisait à peu de chose – un lit, quelques meubles, une petite bibliothèque, quelques gravures pieuses. Peu à peu il en arriva même à vendre les effets personnels qu’il avait apportés de France, son linge, ses chaussures, les couvertures de son lit, son lit même. Deux fois par semaine il observait le jeûne le plus rigoureux, ainsi que la veille de toutes les fêtes de la sainte Vierge et pendant tout le carême. Durant les 40 jours de carême, il invitait toujours un pauvre à participer à son unique repas. Par humilité il avait voulu aussi être le chapelain de l’Hôpital Général. Chaque jour, il disait la messe pour la communauté ; puis, si les devoirs de sa charge lui laissaient quelques loisirs, il visitait les malades, administrait les derniers sacrements aux mourants, célébrait lui-même les messes d’enterrement, conduisait les morts jusque dans le petit cimetière de l’Hôpital Général.
Cette austérité s’accompagnait d’une activité inlassable pour assurer le succès de l’orthodoxie et de la morale dans son immense diocèse américain. On le voyait créer des paroisses, bâtir des églises, condamner à plusieurs reprises le jansénisme, poursuivre dans ses mandements les libertins, les ivrognes, les trafiquants d’eau-de-vie, les tenanciers de cabarets. Malgré son âge avancé, il s’intéressait même aux régions les plus éloignées de son diocèse, les îles du golfe Saint-Laurent, l’Acadie, le poste du Détroit, la Louisiane. Et, pas plus que dans sa jeunesse, il n’était porté vers l’indulgence et l’optimisme. En 1722 il se lamentait sur la médiocrité de ses ouailles et ajoutait que l’esprit de foi s’affaiblissait et s’éteignait « presque entièrement » dans le cœur de ses diocésains. Sévérité sans doute fort exagérée mais que l’on retrouvait par exemple chez la mère Regnard* Duplessis dite de Sainte-Hélène, supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec. En 1733, elle portera sur ses contemporains ce jugement fort curieux : « nous sommes dans un siècle où je crains tout, car la corruption est à son comble ; nous voyons des choses pitoyables, on nous en mande de semblables, je crois que nous sommes proches du jugement dernier [...] la charité est refroidie et il reste bien peu de foi dans le monde ».
L’évêque s’affaiblissait chaque jour. Il mourut le 26 décembre 1727. Il avait 74 ans et gouvernait le diocèse de Québec depuis 42 ans. Une de ses dernières paroles mérite d’être citée, car elle illustre à merveille sa générosité : « Oubliez-moi, dit-il aux religieuses de l’Hôpital Général qui l’entouraient, mais n’oubliez pas mes pauvres ».
Après sa mort commença l’un des épisodes les plus célèbres, les plus pittoresques, et les moins édifiants de l’histoire de l’Église canadienne [V. Étienne Boullard ; Eustache Chartier* de Lotbinière, Claude-Thomas Dupuy]. Pendant un an, pour des questions de préséance le jour des funérailles de Mgr de Saint-Vallier, puis pour un problème de juridiction sur le diocèse, le clergé de Québec allait se battre de la manière la plus en ragée, ainsi que la plupart des autorités coloniales, notamment l’intendant Claude-Thomas Dupuy et le Conseil souverain. Il semble que, né au milieu des disputes, l’épiscopat de Mgr de Saint-Vallier ne pouvait s’achever que dans la tempête.
Telle fut la vie de Mgr de Saint-Vallier, vie tragique certes, douloureuse et orageuse. Autoritaire jusqu’au despotisme, n’ayant pas reçu en partage le don de la joie et du rayonnement, mais au contraire profondément pessimiste et sans indulgence pour les faiblesses de ses contemporains, porté à enseigner un Dieu de colère plus qu’un Dieu de charité – et en cela trop fidèle disciple du mouvement français de la contre-réforme – Mgr de Saint-Vallier doit porter lui-même la principale responsabilité des tempêtes de son épiscopat. Mais il serait injuste de le juger uniquement sur les déficiences trop réelles de son caractère et de sa doctrine. Il ne faut oublier ni la difficulté des temps, ni le manque total de souplesse des adversaires de l’évêque. Il faut souligner surtout que, malgré ses défauts, Mgr de Saint-Vallier, par son activité sans relâche, par sa piété et son austérité, par sa charité inlassable à l’égard des pauvres, par l’ampleur de sa législation, contribua sans aucun doute à consolider l’Église catholique en Amérique du Nord.
Les sources manuscrites se trouvent d’abord essentiellement aux ASQ, dont nous avons consulté de très nombreuses séries : Lettres ; Polygraphie ; Séminaire ; Chapitre ; Missions ; Évêques ; Paroisses. Nous signalons en particulier que la série Lettres contient la très copieuse correspondance échangée chaque année entre les séminaires des Missions étrangères de Paris et de Québec. Ces lettres, qui atteignent parfois un volume considérable – 50, 100 et même 150 pages —, contiennent une peinture minutieuse, vivante, tantôt comique, tantôt dramatique, de la plupart des épisodes qui marquent l’épiscopat si mouvementé de Mgr de Saint-Vallier.
Il faut consulter également les AAQ, qui contiennent surtout des copies de documents conservés à Paris et à Rome, et les AN, surtout Col., C11A, 6 à 52. De plus, les lettres de Saint-Vallier à ses correspondants canadiens sont des documents particulièrement utiles ; on en trouve une copie à la Bibliothèque municipale de Montréal. Le Fonds Rochemonteix, conservé au ASJCF, contient notamment la copie des lettres, en latin, envoyées par les jésuites canadiens à leur général à Rome et écrites avec une très grande liberté de plume. On y trouve de très curieux détails sur l’offensive menée par Mgr de Saint-Vallier contre la Compagnie de Jésus de 1698 à 1704.
Il est impossible de citer toutes les sources imprimées. Il faut surtout retenir les cœuvres de Mgr de Saint-Vallier : Catéchisme du diocèse de Québec (Paris, 1702), Estat present de l’Église et de la colonie française dans la Nouvelle-France [...] (Paris, 1688 ; Québec, 1856 ou 1857) ; Rituel du diocèse de Québec (Paris, 1703), la première édition a 604 pages et la seconde, la même année, en a 671 ; Statuts, ordonnances et lettres pastorales (Paris, 1703). Il y a aussi les éloges funèbres prononcés à l’occasion de sa mort : Joachim Fornel, Éloge funèbre de Mgr de Saint-Vallier, BRH, XIV (1908) : 80–87, 110–121 ; R. P. de La Chasse, Éloge funèbre de Mgr de Saint-Vallier (Québec, 1927). Enfin, certains mémoires ou certaines correspondances de l’époque : Duplessis de Sainte-Hélène, Lettres, NF, II (1926–27) : 67–78, et III (1927–28) : 39–56, 171–174 ; Juchereau, Annales (Jamet) ; Étienne Marchand, Les troubles de l’Église du Canada en 1728, BRH, III (1897) : 117–121, 132–138 ; Fr.-Georges Poulet, Récit simple de ce qu’un religieux bénédictin a souffert au Canada au sujet de la bulle Unigenitus, RAPQ, 1922–23 : 276–289 ; L’affaire du prie-Dieu, RAPQ, 1923–24 : 71–110. Nous ne possédons comme étude sur l’épiscopat de Mgr de Saint-Vallier que les deux livres déjà anciens de Gosselin, Mgr de Saint-Vallier et son temps (Évreux, 1899) et L’Église du Canada, I. Nous nous permettons de signaler que nous avons écrit un article : La vie orageuse et douloureuse de Mgr de Saint-Vallier deuxième évêque de Québec (1653–1727), RUL, IX (1954) : 90–108 ; de plus, nous achevons en ce moment une thèse sur l’épiscopat de Mgr de Saint-Vallier. À défaut de synthèse récente sur la vie de l’évêque de Québec, nous disposons de nombreuses monographies permettant d’étudier certains épisodes de la vie du prélat. On peut citer en particulier : Hector Bibeau, La pensée mariale de Mgr de Saint-Vallier (d.e.s., université Laval, 1966).— Albert Bois, Un grand Dauphinois : Mgr Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint-Vallier, évêque de Québec (Domergue, 1942).— Amédée Gosselin, Le Rituel de Mgr de Saint-Vallier, MSRC, VIII (1914), sect. i : 245–258.— Auguste Gosselin, Un épisode de l’histoire du théâtre au Canada, MSRC, 1re sér., VI (1888), sect. i : 53–72— Mgr de Saint-Vallier et l’Hôpital-Général de, Québec.— Alfred Rambaud, La querelle du Tartuffe à Paris et à Québec, RUL, VIII (1954) : 421–434.— Ajoutons qu’un prêtre canadien, le R. P. Plante, achève actuellement une étude sur la pensée théologique de Mgr de Saint-Vallier, qui lui semble avoir été considérablement influencée par tout le mouvement de rigorisme moral né de la contre-réforme. [a. r.]
Alfred Rambaud, « LA CROIX DE CHEVRIÈRES DE SAINT-VALLIER, JEAN-BAPTISTE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_croix_de_chevrieres_de_saint_vallier_jean_baptiste_de_2F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/la_croix_de_chevrieres_de_saint_vallier_jean_baptiste_de_2F.html |
Auteur de l'article: | Alfred Rambaud |
Titre de l'article: | LA CROIX DE CHEVRIÈRES DE SAINT-VALLIER, JEAN-BAPTISTE DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |