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MASSUE, LOUIS-JOSEPH (connu sous le prénom de Louis), homme d’affaires, homme politique et fonctionnaire, né à Varennes le 4 avril 1786, du mariage de Gaspard Massue, coseigneur de Varennes, et de Josephte Huet Dulude, décédé à Québec, le 4 juillet 1869.
La carrière de Massue, comme celle de tant d’hommes d’affaires canadiens, est très mal connue. On sait cependant qu’il s’enrichit très jeune dans l’importation et la vente de « marchandises sèches ». Dès 1818, il était devenu un des « plus riches » marchands de Québec. La même année, il était élu au premier conseil d’administration de la Banque de Québec. Il détint divers postes de ce genre au cours des années. Membre du groupe fondateur de la Québec Fire Insurance Company, il fut successivement trésorier et président de la Compagnie d’assurance du Canada contre les accidents du feu ; il occupa aussi la fonction de vice-président de la Banque de Prévoyance et d’Épargnes de Québec.
Après s’être enrichi dans le commerce, Massue se départit de l’entreprise qui avait fait sa fortune. En 1840, en effet, on le dit « retiré du commerce ». Sa richesse foncière, à ce moment, était impressionnante ; en 1838, Massue disposait de 40 000 acres de terre, qui faisaient de lui le sixième plus gros propriétaire de terres non seigneuriales du Bas-Canada. Il acheta encore plus de 3 600 acres en 1842 et 1843. Ces terres étaient situées, entre autres, dans les cantons de Blandford, de Clarendon, de Litchfield et de Bulstrode. Tout en modifiant le cours de ses affaires, Massue resta cependant en contact avec le monde financier. Ainsi, en 1849, on le retrouve parmi les syndics de la Banque de Prévoyance et d’Épargnes, et, les deux années suivantes, dans des groupes intéressés à des projets de chemin de fer.
Massue s’occupa aussi de politique. Opposé au mouvement insurrectionnel de 1837, il prit toutefois position contre l’union des Canadas. En 1840, cédant aux sollicitations pressantes de plusieurs citoyens de Québec, il posa sa candidature aux élections qui allaient être tenues l’année suivante, pour choisir les membres du premier parlement du Canada-Uni. Il subit alors une défaite honorable dans la ville de Québec, imputable au nombre restreint d’électeurs francophones et à l’appui massif des militaires et des fonctionnaires à ses adversaires, Henry Black* et James Gibb*, partisans du nouveau régime constitutionnel. Il fut toutefois élu échevin en 1841 et conserva ce poste jusqu’en 1845. Nommé conseiller législatif en 1843, il dut abandonner cette fonction en mai 1851 afin d’obtenir le poste de contrôleur de la douane dans le port de Québec. À cette époque, tout fonctionnaire qui occupait un poste comportant la manipulation de deniers publics devait déposer une caution pour garantir le bon exercice de sa tâche. Massue dut verser £500 à cette fin, alors qu’Alexandre Lemoine, son gendre, et René-Édouard Caron* se portèrent garants pour une somme de £250 chacun.
Depuis quelques années, en effet, Louis-Joseph Massue se trouvait dans une situation financière désastreuse. L’année 1849, avec les graves difficultés qui la marquèrent, avait entraîné sa banqueroute, comme celle de bien d’autres hommes d’affaires. D’après Ovidé-Michel-Hengard Lapalice, le coup de grâce lui avait été porté par la faillite du marchand Pierre Boisseau. « Ce dernier était alors redevable de sommes considérables à la Banque de Québec, dont Louis Massue était l’un des directeurs responsables. » Ruiné, Massue dut assister impuissant à la saisie et à la vente aux enchères de ses propriétés. « C’est mon gendre », écrivait-il le 21 septembre 1849, « qui me soutient en partie en ce moment, et jusqu’à ce que je puisse obtenir ou me procurer quelque moyen de vivre. » A l’encontre de plusieurs marchands, Massue ne crut pas que la solution aux problèmes économiques d’alors se trouvait dans l’annexion du Canada aux États-Unis, projet auquel il s’opposa publiquement.
Louis-Joseph Massue avait épousé à Québec, le 13 janvier 1824, Elizabeth Anne Marett, fille de James Lamprière Marett, négociant, et de Henriette Boone ; de ce mariage naquirent deux filles. Il était également le beau-frère d’Elzéar Bédard*. À la mort de Massue, ses contemporains furent unanimes à louer son intégrité et son dévouement pour ses concitoyens. Il méritait certes leur reconnaissance, car il avait contribué à la bonne marche de plusieurs mouvements et institutions.
Il n’existe aucune biographie un tant soit peu satisfaisante de Massue. Seul Ovidé-Michel-Hengard Lapalice a apporté quelques éléments neufs sur sa vie. Les renseignements contenus dans cet article proviennent surtout de quelques documents conservés aux APC et de certains journaux, du Canadien en particulier. [j.-p. g.]
APC, MG 30, D62, 20, pp. 455–459 ; RG 4, B28, 135, n° 1404 ; RG 9, I, A1, 9 ; A5, 5, 11.— Le Canadien, 1er oct. 1840–12 avril 1841, 29 déc. 1848–12 mai 1851, 7 juill. 1869.— Langelier, Liste des terrains concédés.— Liste de la milice du Bas-Canada, pour 1829 (Québec, [1829]).— Liste de la milice du Bas-Canada, polir 1832 (Québec, [1832]).— O.-M.-H. Lapalice, Histoire de la seigneurie Massue et de la paroisse de Saint-Aimé (s.l., 1930).
Jean-Pierre Gagnon, « MASSUE, LOUIS-JOSEPH (Louis) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/massue_louis_joseph_9F.html.
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Auteur de l'article: | Jean-Pierre Gagnon |
Titre de l'article: | MASSUE, LOUIS-JOSEPH (Louis) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |