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MATTHEW, GEORGE FREDERIC, fonctionnaire, géologue, paléontologue, conservateur de musée et auteur, né le 12 août 1837 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils de George Matthew et de Deborah Eliza Harris ; le 15 avril 1868, il épousa à Brooklyn (New York) Katherine Mary Diller, et ils eurent six fils et deux filles ; décédé le 14 avril 1923 à Hastings-on-Hudson, New York, et inhumé à Gondola Point, Nouveau-Brunswick.
George Frederic Matthew vécut à Saint-Jean à une époque où cette ville était un port achalandé et un grand centre de l’est du Canada. Il fréquenta la Saint John Grammar School et entra dans la fonction publique le 1er mai 1853 à titre de commis au département provincial du Trésor, qui fusionna avec le département fédéral des Douanes après la Confédération. Nommé commis principal du service des douanes de Saint-Jean le 28 mai 1879, il deviendrait inspecteur des douanes le 1er juillet 1893 et exercerait cette fonction jusqu’à sa retraite en 1915. D’après ses amis, il aurait accédé au poste de percepteur du port si des considérations politiques n’avaient pas joué.
Matthew n’avait pas de formation universitaire, mais le climat intellectuel de Saint-Jean nourrissait son attirance pour l’histoire naturelle, et la géologie complexe de la région attisait sa curiosité. En 1857, à l’âge de 20 ans, il participa à la fondation du Steinhammer Club, qui réunissait cinq jeunes gens passionnés par la géologie locale. La présence de la collection géologique d’Abraham Gesner* au musée de l’Institut des artisans pourrait les avoir inspirés. De toute façon, le moment était propice pour se mettre à étudier la géologie du Nouveau-Brunswick. John William Dawson* révisait l’œuvre qu’il avait publiée en 1855, Acadian geology […], notamment en vue d’y inclure des données sur cette province. Il s’intéressa au Steinhammer Club, et particulièrement aux travaux de Matthew et de Charles Frederick Hartt*, qui lui fournirent des renseignements dont il se servit dans sa nouvelle édition de 1868 et dans des communications antérieures sur la flore néo-brunswickoise du carbonifère et du dévonien. On ne peut douter que Dawson, alors le plus illustre géologue du Canada, eut une influence considérable sur Matthew. Ce fut sur son conseil que la Natural History Society of New Brunswick fut créée à Saint-Jean en 1862. Membre fondateur, Matthew devint le premier conservateur du musée de la société.
Peu après, Loring Woart Bailey, ami de Matthew et professeur à la University of New Brunswick, commença à dresser des cartes géologiques de la province avec l’assistance de Matthew et de Hartt. Après la Confédération, la Commission géologique du Canada étendit son champ de recherche jusque dans les Maritimes et, en 1868, son directeur, sir William Edmond Logan*, rencontra Bailey et Matthew afin de discuter des travaux à entreprendre. De 1864 à 1880, soit avec Bailey seulement, soit avec Bailey et Robert Wheelock Ells, géologue de la commission, Matthew publia de multiples rapports et cartes sur la géologie du Nouveau-Brunswick. Jusqu’en 1901, il serait employé comme paléontologue surnuméraire par la commission, ce qui lui permettrait à l’occasion de se faire rembourser ses frais ou de toucher une somme qui viendrait s’ajouter à son traitement de fonctionnaire. Il rédigeait des rapports et agissait comme expert en géologie cambrienne auprès de la commission. À ce titre, il aidait à identifier et à classer des spécimens du cambrien et à aménager le musée de la commission.
En 1882, après quelques années d’inertie, la Natural History Society of New Brunswick lança un Bulletin. Matthew défraya l’impression du deuxième numéro et devint un collaborateur régulier. La même année, la Société royale du Canada commença à se réunir à Ottawa. Son premier président, Dawson, désigna Matthew comme l’un des membres fondateurs qui représenteraient les sciences géologiques et biologiques. En 1889, Matthew accéda à la présidence de la Natural History Society of New Brunswick ; il occuperait ce poste jusqu’en 1895 (George Upham Hay* lui succéderait). En 1891–1892, il fut président de sa section à la Société royale. Auteur de plus de 200 textes, il correspondait avec des géologues de partout en Amérique du Nord, en Grande-Bretagne et en Europe. Son premier article, paru à Montréal dans le numéro de 1863 du Canadian Naturalist and Geologist, portait sur la géologie du comté de Saint-Jean. La plupart de ses écrits sont des descriptions de nouvelles espèces, mais il publia aussi des synthèses sur la géologie régionale. L’éventail de ses intérêts allait du climat et de l’archéologie du quaternaire à la paléontologie précambrienne. Alors que, à l’époque, la religion préoccupait beaucoup les géologues, Matthew, de confession anglicane, n’abordait jamais cette question ni le darwinisme dans ses écrits, contrairement à Dawson, qui le faisait souvent.
La géologie de Saint-Jean est d’une telle complexité que Matthew passa sa vie à l’étudier. À quelques milles de chez lui se trouvaient des stromatolites du précambrien dont il donna en 1890 la première description scientifique. Il fut l’un des premiers paléontologues à reconnaître, à partir de schistes argileux locaux, l’existence d’un intervalle sous-trilobitique au cours du cambrien inférieur. En 1899, il présenta sous une forme condensée la « série etcheminienne » et décrivit avec précision de petits fossiles à coquille. Bien que le paléontologue américain Charles Doolittle Walcott ait réfuté l’existence de l’etcheminien et inclus les fossiles en question dans sa série du cambrien inférieur, les terrains d’abord associés à l’etcheminien servent de référence pour établir des corrélations avec des terrains du cambrien. Non loin de Saint-Jean, à « Fern Ledges », Matthew étudia des plantes, des pistes et des insectes fossilisés. Après que l’on eut daté ces roches du carbonifère, il fit valoir la nécessité de revoir l’interprétation des fossiles en affirmant que, selon la stratigraphie, elles remontaient plutôt au dévonien. Cette prise de position témoignait de son attachement aux travaux de Dawson et de Bailey. Ce dernier a raconté que Matthew, à l’âge de plus de 80 ans, tenait encore tellement à prouver que ces roches dataient d’avant le carbonifère qu’il longea à pied le littoral de la baie de Fundy jusque dans le Maine pour comparer ses observations à celles de géologues américains.
Dans les années 1890, même s’il était resté un amateur, Matthew avait une solide réputation dans le milieu des spécialistes des sciences de la terre. L’université Laval lui conféra un doctorat ès sciences en 1894 et la University of New Brunswick lui décerna deux diplômes honorifiques : une maîtrise ès arts en 1878 et un doctorat en droit en 1897. La Geological Society of London lui remit la médaille Murchison en 1917.
Matthew consacra beaucoup de temps à la recherche, mais aussi à la Natural History Society of New Brunswick. Dans la première année de sa présidence, il appartint à des comités permanents sur la géologie, la bibliothèque, les essais et conférences, les publications, la salle de réunion et la presse. Chez lui, un tel engagement n’avait rien d’exceptionnel. En outre, il enrichit le musée en recueillant et en échangeant des spécimens. Sa femme, Katherine Mary Diller, fut longtemps présidente et membre active de l’association féminine de la société. Leur fils aîné, William Diller, accompagnait souvent Matthew sur le terrain. Il s’illustrerait en paléontologie des vertébrés à l’American Museum of Natural History de New York.
George Frederic Matthew a décrit plus de 350 nouvelles espèces de plantes et d’animaux fossiles. Bien que certaines de ses conclusions aient été révisées, ses travaux demeurent en grande partie valides. Ils sont l’œuvre d’un scientifique de haut niveau, d’un observateur perspicace et d’un homme persévérant. Matthew mourut en 1923 chez William Diller à Hastings-on-Hudson, où lui-même et sa femme s’étaient installés deux ans plus tôt.
Une liste mentionnant plus de 200 publications de George Frederic Matthew figure dans Ed Landing et R. F. Miller, « Bibliography of George Frederick Matthew », New York State Museum, Bull. (Albany), 463 (1988) : 77–80, et une autre en énumère environ 150 dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Les écrits de Matthew comprennent « Sketch of the history of the Natural History Society of New Brunswick », N.B., Natural Hist. Soc., Bull. (Saint-Jean, nº 30 (1912) : 457–474.
Musée du N.-B. (Saint-Jean), F1, item 1-5 (H. Ami à G. F. Matthew, 27 janv. 1888), G. F. Matthew corr., particulièrement G. M. Dawson à Matthew, 11 janv. 1898 et 23 mai 1900.— Daily Telegraph and the Sun (Saint-Jean), 8 oct. 1921.— Saint John Globe, 30 avril 1903, 8 oct. 1921 ; 18, 21 avril, 12 mai 1923.— St. John Morning Telegraph (Saint-Jean), 21 avril 1868.— L. W. Bailey, « George F. Matthew », SRC, Mémoires, 3e sér., 17 (1923) : vii–x.— W. D. Matthew, « Memorial of George F. Matthew », Geological Soc. of America, Bull. (New York), 35 (1924) : 181s.— R. F. Miller, « George Frederic Matthew (1837–1923) », dans Trace fossils, small shelly fossils and the Precambrian–Cambrian boundary : proceedings, August 8–18, 1987, Memorial University, Ed Landing et al., édit., New York State Museum, Bull. (Albany), nº 463 (1988) : 4–7 ; « George Frederic Matthew : Victorian science in Saint John », NBM News (Saint-Jean), août-sept. 1987 : 1–28.— R. F. Miller et D. N. Buhay, « Life and letters of George Frederic Matthew : geologist and palaeontologist : an annotated list of Matthew’s geological correspondence in the New Brunswick Museum library and archives », N.B. Museum, Pubs. in Natural Science (Saint-Jean), nº 8 (1990) ; « The Steinhammer Club : geology and a foundation for a natural history society in New Brunswick », Geoscience Canada (St John’s), 15 (1988) : 221–226.
Randall F. Miller, « MATTHEW, GEORGE FREDERIC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/matthew_george_frederic_15F.html.
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Auteur de l'article: | Randall F. Miller |
Titre de l'article: | MATTHEW, GEORGE FREDERIC |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |