OUREHOUARE (Orehaoue, Horehouasse), chef iroquois, galérien, confident et ambassadeur de Buade de Frontenac, né vers 1650, mort en 1698.

Ourehouare était un des chefs des villages goyogouins qui avaient été établis sur la baie de Kenté avant la fondation du fort Frontenac (Cataracoui) en 1673. En 1687, le gouverneur de Brisay* de Denonville envahit le pays iroquois et remporta une victoire partielle qui empêcha les Iroquois, appuyés par les Anglais, d’arracher aux Français la haute main sur le commerce des fourrures de l’Ouest.

Prenant de l’avance sur le gros des forces, l’intendant Bochart* de Champigny se rendit, le 17 juin 1687, au fort Cataracoui, non loin duquel il se saisit d’un groupe de chasseurs goyogouins qui campaient. Il en attira un autre groupe à l’intérieur du fort, sous prétexte de leur offrir un festin, et les retint prisonniers à la place. En route pour le pays des Tsonnontouans, Jean Peré, un autre membre de l’expédition, captura Ourehouare et plusieurs autres Indiens près de Montréal, et ces prisonniers furent ajoutés aux autres dans le fort. Les Indiens – ils étaient 51 – furent dépouillés de leurs vêtements et attachés à des poteaux dans l’enceinte du fort, où ils furent torturés par les Français et leurs alliés indiens. Au retour de l’armée française d’invasion, on transporta les captifs jusqu’à Québec par le Saint-Laurent, laissant en arrière 150 femmes et enfants sans appui ni ressource. Conformément à un vœu exprimé par le roi de France, on transporta par la suite en France Ourehouare et ses compagnons de captivité et on les obligea, là-bas, à servir sur les galères du roi.

Cette perfidie des Français déclencha une guerre cruelle sur tout le Saint-Laurent, guerre qui dura plus d’une décennie. Des groupes d’Iroquois munis de tomahawks, de couteaux à scalper et de flambeaux, attaquaient les collectivités isolées, menaçant de détruire toute la colonie française.

Alarmé par la gravité de la situation en Nouvelle-France, Louis XIV décida en 1689 de rapatrier les Indiens captifs et de remplacer le gouverneur de Denonville par le comte de Frontenac. Lorsque celui-ci quitta la France à destination de Québec, il était accompagné d’Ourehouare et de 13 de ses braves Goyogouins, seuls survivants de deux années d’esclavage sur les galères du roi au cours des guerres que la France menait contre les pirates de la Méditerranée. Durant la longue traversée, Frontenac s’efforça par tous les moyens possibles de gagner la confiance et l’amitié d’Ourehouare, l’invitant à dîner seul avec lui et le comblant de cadeaux. À Québec, Ourehouare fut logé au château Saint-Louis et admis dans le cercle intime du gouverneur. Aussi, se lia-t-il d’une amitié solide avec Frontenac. Il fut l’ambassadeur du gouverneur à l’occasion de diverses tentatives de réconciliation avec les Iroquois et il participa à des représailles contre des postes ennemis. Ourehouare ne retourna jamais parmi les siens. Il mourut de pleurésie à Québec en 1698, avant qu’on eût pu conclure la paix, et il fut inhumé avec tous les honneurs militaires.

H. C. Burleigh

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H. C. Burleigh, « OUREHOUARE (Orehaoue, Horehouasse) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ourehouare_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    2020
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