Titre original :  Edmond Baird Ryckman - Library of Parliament

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RYCKMAN, EDMOND BAIRD, avocat, homme d’affaires et homme politique, né le 15 avril 1866 à Huntingdon, Bas-Canada, fils du révérend Edward Bradshaw Ryckman et d’Emmaline Edmond Baird ; le 30 octobre 1895, il épousa à Toronto Mabel Louise Gurney, et ils eurent quatre enfants ; décédé le 11 janvier 1934 dans cette ville et inhumé au Mount Pleasant Mausoleum.

Edmond Baird Ryckman avait des ancêtres paternels loyalistes, qui s’installèrent près de Hamilton, dans le comté de Wentworth, au Haut-Canada, après la Révolution américaine. On le prénomma du nom de son grand-père maternel, Edmond Baird*, ébéniste et tapissier d’origine écossaise bien connu à Montréal. Son père, important prédicateur et éducateur méthodiste, amena sa famille à Kingston, en Ontario, peu après la naissance du garçon. La maisonnée vécut ensuite à Guelph, où Edmond Baird compta parmi ses camarades de classe John McCrae*, qui écrirait le célèbre poème In Flanders fields, et Hugh Guthrie, futur collègue de cabinet. Ryckman poursuivit sa formation au Brantford Collegiate Institute, où il brilla autant dans sa scolarité qu’en athlétisme (il joua pour trois équipes de football championnes). Du Victoria College, à Cobourg, il obtint une licence et une maîtrise ès arts, respectivement en 1887 et 1889, et reçut des médailles d’or en études classiques et pour ses connaissances générales. En 1890, il reçut une autre médaille d’or, à l’issue de sa licence en droit à l’Osgoode Hall de Toronto. Ryckman ouvrit un cabinet juridique en partenariat avec des avocats de la ville. Cinq ans plus tard, à l’âge de 29 ans, il épousa Mabel Louise Gurney, fille d’Edward Gurney*, important fabricant de cuisinières, au cours d’une cérémonie dirigée par son père dans l’église Metropolitan. Les Ryckman eurent deux fils, qu’on plaça dans un pensionnat prestigieux en Angleterre, et deux filles.

Le cabinet Ryckman, Kirkpatrick, Kerr and MacInnes, situé dans le quartier financier de Toronto, acquit rapidement une renommée en droit commercial et en droit des sociétés. Il comptait parmi ses clients la Banque Molson [V. William Molson*] et la Compagnie d’assurance de l’Amérique du Nord contre les accidents. Il représenta aussi les fonderies du beau-père de Ryckman et la Dunlop Tire and Rubber Goods, compagnie établie par Alfred Ernest Ames. Pendant plusieurs années, Ryckman occuperait des fonctions au sein de ces entreprises : membre du conseil d’administration des fonderies et président de la firme de marchandises pour automobiles. En 1907, son cabinet portait le nouveau nom de Ryckman, Kerr and MacInnes. L’année suivante, le gouvernement provincial conservateur de James Pliny Whitney* le nomma conseiller du roi. Importante personnalité de la rue Bay, Ryckman était membre des clubs Toronto, National, Albany, Hunt et Royal Canadian Yacht de sa propre ville, ainsi que du Manhattan Club de New York, du Rideau Club d’Ottawa et du Caledon Mountain Trout Club. Il appartenait de plus à l’ordre d’Orange.

Ryckman s’était lancé en affaires dès 1893, année où il figura parmi les premiers investisseurs de la National Automatic Vending Machine Company of Canada. Près de six ans plus tard, il se joignit à un syndicat d’hommes d’affaires méthodistes bien en vue – dont Ames, Walter Edward Hart Massey*, George Albertus Cox* et Joseph Wesley Flavelle – pour acquérir et fusionner cinq manufactures de bicyclettes du sud de l’Ontario. La Canada Cycle and Motor Company devint l’une des plus grandes entreprises publiques du pays, et une cliente prestigieuse supplémentaire pour Ryckman. (Lui-même fervent amateur de cyclisme dans sa jeunesse, il avait adhéré au Toronto Bicycle Club ; il avait agi quelque temps comme secrétaire du cercle qui regroupait des passionnés de ce sport, tel Perry Ernest Doolittle.) Sous la direction de Thomas Alexander Russell, l’entreprise se lança avec succès dans la production automobile. En 1911, on la rebaptisa Russell Motor Car Company (dont la Canada Cycle and Motor Company devint une filiale) et, pendant la Première Guerre mondiale, Russell la transforma en fabrique de munitions ; à ces deux moments, Ryckman occupait le poste de vice-président. En affaires, Ryckman connaissait alors une période florissante. Dans sa vie familiale, il subit cependant une lourde perte : son fils aîné, second lieutenant dans le Royal Flying Corps, mourut au combat en mai 1916. Cet automne-là, il alla se recueillir sur sa tombe en France.

En 1894, les conservateurs de l’Ontario avaient accordé à Ryckman l’investiture dans la circonscription de York East. Le jeune homme de 28 ans révélait ainsi ses ambitions politiques. Malgré sa défaite, il resta proche du parti. À deux reprises, au début des années 1900, il fut trésorier de son association provinciale. En 1908, il déclina l’invitation à se présenter dans Toronto East pour le Parti conservateur fédéral dirigé par Robert Laird Borden. Toutefois, il demeura actif dans les coulisses : il participait aux levées de fonds et, dans les années 1920, il aiderait le premier ministre George Howard Ferguson* à obtenir un financement pour l’organisation des tories de l’Ontario.

Après la guerre, Ryckman devint plus qu’un collecteur de fonds pour le parti. En 1921, les perspectives électorales s’annonçaient malheureuses pour les conservateurs, alors intégrés au Parti libéral et conservateur national d’Arthur Meighen*, qui avait succédé au gouvernement d’union de Borden (coalition du temps de la guerre). Néanmoins, Ryckman accepta l’investiture dans Toronto East, siège vacant depuis la nomination de sir Albert Edward Kemp* au Sénat. Une belle bataille l’opposa aux candidats du Parti travailliste et du nouveau Parti progressiste, à un candidat indépendant et à une femme – chose rare pour l’époque – qui représentait les libéraux de William Lyon Mackenzie King*. Avec seulement 36 % des votes, Ryckman sortit tout de même vainqueur de cette lutte à cinq. Ses réélections subséquentes, en 1925, 1926 et 1930, s’avérèrent plus décisives : chaque fois, il affronta un unique adversaire, libéral, et récolta les deux tiers des voix. Comme député, il siégea à plusieurs comités de la Chambre des communes, dont ceux sur les banques et le commerce, les privilèges et les élections, et les comptes publics. Lorsque Meighen dirigea l’opposition (1922–1926), il recourut de plus en plus aux conseils éclairés de Ryckman, qu’il nomma ministre des Travaux publics durant son court mandat de 1926.

De 1927 à 1930, Ryckman figura parmi les riches donateurs – avec le marchand de bois d’œuvre sir George Halsey Perley, l’homme d’affaires de Colombie-Britannique Alexander Duncan McRae*, le manufacturier James Dew Chaplin et le successeur de Meighen à la chefferie conservatrice, Richard Bedford Bennett*, – qui assumèrent personnellement les frais des bureaux nationaux du parti. À la fin des années 1920, il commandita la publication du Port Hope Times, seul quotidien tory entre Belleville et Toronto. Son déficit d’exploitation lui coûta 500 $ par semaine. Il voulut se retirer en 1927, mais Ferguson et d’autres personnes le persuadèrent de persévérer. Le périodique fit faillite deux ans plus tard. À l’approche des élections fédérales de 1930, on chargea Ryckman, l’industriel Robert Home Smith et le propriétaire d’agence de publicité John Joseph Gibbons d’assurer le financement de la campagne du parti en Ontario ; les résultats décevants les forcèrent à éponger le déficit.

En juillet 1930, Bennett obtint une majorité conservatrice. Il nomma Ryckman, âgé de 64 ans, ministre du Revenu national. Ryckman quitta ses postes de direction au sein d’entreprises, notamment l’International Business Machines Corporation (IBM) et l’Addressograph International Corporation, dont la capacité de colliger des noms et des adresses selon des critères spécifiques s’était révélée indispensable durant la campagne des tories de 1930. Ryckman, désormais essentiellement percepteur des impôts de la nation, gouvernait un ministère qui rapportait presque 400 millions de dollars par année, provenant principalement des droits de douane et d’accise, et de l’impôt sur le revenu, les profits commerciaux et les ventes. Les conservateurs avaient promis de mettre fin au chômage en protégeant le marché intérieur. En septembre, on adopta des mesures au cours d’une session parlementaire spéciale où Bennett et son ministre du Commerce, Henry Herbert Stevens*, augmentèrent les droits de douane, tandis que Ryckman établissait des réglementations pour prémunir le marché canadien contre le dumping de produits à bas prix par les États-Unis. Ryckman n’accompagna pas Bennett à la Conférence impériale tenue à Londres en octobre, mais il traversa le Canada pour consulter les gens d’affaires. Son portefeuille, complexe et d’importance vitale, exigeait une administration vigoureuse et assurée. Dans un portrait publié dans le magazine Maclean’s peu après la nomination du ministre, le journaliste Michael Grattan O’Leary* le louangea pour son « esprit compétent et bien formé, sa grande expérience des affaires et de l’industrie, [et] une intégrité intellectuelle totale ».

Ryckman avait toute la confiance du premier ministre. Son appartenance au monde de la rue Bay et ses manières aristocratiques ne plaisaient cependant guère à certains de ses collègues conservateurs plus populistes, tel Stevens qui le présentait comme « un homme typique [ne se souciant que] des grands intérêts ». Tory de la vieille garde, Ryckman adopta, pour répondre aux dévastations économiques de la grande dépression, une approche privilégiant les mesures de rigueur. Cela lui valut peu d’amis et transforma souvent des alliés en adversaires. Un entrepreneur désappointé, Richard Ambrose Stapells, de l’agence J. J. Gibbons – propriété d’un important membre du parti, qui avait gagné 35 000 $ en se chargeant de la publicité pour la campagne des conservateurs en 1930 –, écrivit à Ferguson que « l’attitude d’E. B. Ryckman était presque offensante ».

Les pressions de la vie politique finirent par affecter la santé du ministre. Edmond Baird Ryckman souffrait d’hypertension et d’artériosclérose, et développa également une néphrite chronique (grave inflammation rénale). Invoquant des raisons de santé, il démissionna de son poste au cabinet le 30 novembre 1933 ; Robert Charles Matthews* le remplaça. Ryckman mourut un peu plus d’un mois plus tard à son domicile du 44, rue Walmer, à Toronto. Il n’atteignit pas l’âge biblique de 70 ans, chiffre évocateur pour un fils de ministre protestant comme lui. Il avait malgré tout su se hisser au sommet des mondes du droit, des affaires et de la politique.

Larry A. Glassford

Il n’existe aucune collection notable de papiers personnels ou de documents officiels d’Edmond Baird Ryckman. Pour trouver des sources primaires sur sa carrière politique, on peut consulter les fonds d’archives de certains de ses collègues, notamment les papiers des premiers ministres de Richard Bedford Bennett aux Univ. of N.B. Libraries, Arch. & Special Coll., à Fredericton (MG H 96), et d’Arthur Meighen à BAC (R14423-0-6).

Ancestry.com, « Listes des passagers, New York, 1820 à 1957 », Edmond B. Ryckman : www.ancestry.ca (consulté le 13 févr. 2018).— AO, RG 80-8-0-1474, no 001459.— NA, Census returns of England and Wales, 1911, Angleterre, Surrey, Kew.— Globe, 21 janv. 1908, 12 janv. 1934.— Hamilton Spectator, 8 mai 1916.— Toronto Daily Star, 3 oct. 1916.— Canadian Almanac […] (Toronto), 1910.— Canadian directory of parl. (Johnson).— The Canadian law list (Toronto), 1905.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Commonwealth War Graves Commission, « Find war dead », Edward Gurney Ryckman : www.cwgc.org/find/find-war-dead (consulté le 14 févr. 2018).— Alvin Finkel, Business and social reform in the thirties (Toronto, 1979).— L. A. Glassford, Reaction and reform : the politics of the Conservative Party under R. B. Bennett, 1927–1938 (Toronto, 1992).— M. G. O’Leary, « Cabinet portraits », Maclean’s, 15 oct. 1930 : 11, 85–86.— P. B. Waite, In search of R. B. Bennett (Montréal et Kingston, Ontario, 2012).— Who’s who in Canada, 1932–1933.— [J.] R. [H.] Wilbur, H. H. Stevens, 1878–1973 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).

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Larry A. Glassford, « RYCKMAN, EDWARD BAIRD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ryckman_edmond_baird_16F.html.

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Auteur de l'article:    Larry A. Glassford
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2024
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Date de consultation:    9 oct. 2024