Titre original :  24364 | John McNeil Wilmot III | Painting |

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WILMOT, JOHN McNEIL, homme d’affaires, homme politique et juge, né vers 1775 à Poughkeepsie, New York, fils de Lemuel Wilmot, capitaine dans le Loyal American Regiment, et d’Elizabeth Street, sœur du marchand Samuel Street* ; le 27 octobre 1808, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Susanna (Suaan) Harriet Wiggins ; décédé le 7 septembre 1847 à Lincoln, Nouveau-Brunswick.

John McNeil Wilmot arriva en 1783, à l’époque de la migration loyaliste, dans ce qui allait devenir le Nouveau-Brunswick. Son père reçut une terre près de Fredericton, et c’est dans cette région pionnière peuplée de loyalistes qu’il éleva sa famille. Chez John et son frère William, les attentes créées par l’appartenance à l’élite et leur rejet, en tant que pionniers, des valeurs de celle-ci produisirent un curieux amalgame. Fils d’un officier loyaliste très respecté, ils étaient à l’aise parmi les aristocrates de la première génération de loyalistes, qui avaient conscience de leur rang ; ils s’allièrent par mariage à ce groupe et bénéficièrent des avantages dont jouissaient ses membres en affaires. John se maria avec la fille aînée de Samuel Wiggins, un commerçant en vue ; William épousa une fille de Daniel Bliss, membre du Conseil du Nouveau-Brunswick. Les deux frères avaient grandi dans le centre rural du Nouveau-Brunswick, précisément à l’époque où le mouvement New Light, inspiré par Henry Alline*, devenait cette grande force du front pionnier des Maritimes, le mouvement baptiste. Ils furent parmi les premiers convertis de cette secte, et parmi ses adeptes les plus ardents. Mais il y avait un prix à payer pour qui narguait ainsi les conventions loyalistes : les Wilmot, bien que reconnus comme des gens respectables, ne furent jamais acceptés dans la chapelle tory qui dominait l’appareil administratif de la province.

Comme tant de loyalistes ambitieux, Wilmot renonça dans sa jeunesse à la vie rurale et chercha fortune dans le commerce. Il travailla d’abord à Fredericton, peut-être en tant qu’agent pour une entreprise de Saint-Jean, et démontra d’excellentes dispositions pour l’état qu’il avait choisi. En 1808, son union par mariage à l’une des plus importantes familles commerçantes de Saint-Jean vint couronner sa réussite. En peu d’années, Wilmot était parvenu à s’implanter dans cette ville portuaire, où sa firme, la John M. Wilmot, vendait des marchandises sèches en gros et au détail. En 1813, il obtint un bail perpétuel pour un lot de grève du South Market, preuve de son importance dans le milieu des affaires de Saint-Jean. Ce bail lui permit de construire son propre quai et de jouer un rôle important dans le commerce provincial.

En 1818, Wilmot obtint un permis d’encanteur et devint l’agent de marchands de l’extérieur du Nouveau-Brunswick, qu’il aida à vendre leurs marchandises. L’année suivante, il s’associa avec James Kirk pour fonder la John M. Wilmot and Company, une entreprise qui s’engagea graduellement dans le commerce du bois, alors en plein essor. Au cours des 18 années qui suivirent, Wilmot joua un grand rôle dans ce commerce et passa en général pour l’un des principaux marchands de la province. Après 1830, deux de ses fils se joignirent à lui ; l’un d’eux, Robert Duncan*, le représenta à Liverpool, en Angleterre, pendant plusieurs années. Le commerce du bois était à la fois payant et extrêmement risqué. En effet, presque tout le bois du Nouveau-Brunswick était exporté au Royaume-Uni et les commerçants devaient fixer les prix et les quantités un an d’avance. De plus, le marché britannique connaissait des ralentissements périodiques qui pouvaient mettre en faillite tout marchand qui avait pris des engagements excessifs. C’est justement ce que fit Wilmot en 1837 ; son entreprise survécut à l’épreuve, mais il semble qu’en 1840 il s’était retiré au profit de son fils Robert Duncan.

Les activités professionnelles de Wilmot débordaient largement le cadre de son entreprise. L’un des premiers chefs de file du monde des affaires de Saint-Jean, il s’occupa activement de la Saint John Chamber of Commerce et de questions qui intéressaient l’ensemble des commerçants de la province. En 1812, il fit partie d’un groupe qui offrit de construire et d’exploiter un vapeur qui assurerait un transport régulier entre Saint-Jean et Fredericton, à condition que le gouvernement leur accorde un monopole de 20 ans ; cette offre fut rejetée [V. John Ward]. Six ans plus tard, Wilmot et Lauchlan Donaldson, désireux de mettre fin à l’énorme contrebande de plâtre de Paris entre les territoires britannique et américain, affrétèrent une goélette armée dont ils se servirent pour patrouiller l’ouest de la baie de Fundy.

Au début des années 1830, Wilmot devint l’un des protagonistes du projet de création à Saint-Jean d’une deuxième banque, destinée à soutenir le commerce du bois, alors en expansion. L’établissement bancaire existant, la Bank of New Brunswick (1820), était administrée surtout par des fonctionnaires qui appartenaient à l’élite loyaliste et par une poignée de gros marchands qui s’étaient associés à eux. En 1833, Wilmot présidait le comité qui coordonnait la défense du projet dans la province et qui collectait des souscriptions pour la banque partout au Nouveau-Brunswick ainsi qu’à Boston, New York et Philadelphie. Avec l’aide d’un député de Saint-Jean, William Boyd Kinnear*, ce comité réussit à deux reprises à faire adopter par la chambre d’Assemblée le projet de loi qu’il désirait, mais chaque fois le Conseil législatif le rejeta. Finalement, le comité parvint à contourner l’appareil législatif et obtint, le 16 août 1834, avec l’aide du lieutenant-gouverneur sir Archibald Campbell, la constitution en société, en vertu d’une charte royale, de la Commercial Bank of New Brunswick. Wilmot fut l’un des administrateurs de cette banque pendant la majeure partie des dix années qui suivirent.

Wilmot s’occupa d’autres entreprises. Dans les années 1830, il fut successivement l’un des promoteurs, l’un des administrateurs et le président de la New Brunswick Fire Insurance Company. Il contribua aussi à la fondation de la New Brunswick Mining Company, créée pour exploiter le charbon de la région du lac Grand, au cœur du Nouveau-Brunswick.

Aux yeux de Wilmot, les affaires publiques et religieuses revêtaient autant d’importance que ses intérêts commerciaux et financiers. Dans la province, il fut toute sa vie l’un des principaux laïques et porte-parole baptistes calvinistes. Le mouvement baptiste des Maritimes est un exemple parfait des mouvements issus de régions pionnières : il se développa dans des centaines de petites communautés rurales, puis gagna les agglomérations urbaines grâce à des migrants tels que Wilmot et Amasa Coy, de Fredericton. En 1810, Wilmot fonda avec d’autres la congrégation baptiste stricte (calviniste) de Saint-Jean. Il participa aussi aux efforts qui visaient à implanter sa dénomination au Nouveau-Brunswick et à lui assurer l’égalité avec l’Église d’Angleterre. Il se préoccupa surtout d’obtenir pour les jeunes baptistes un bon établissement d’enseignement. En 1833, il se joignit à plusieurs coreligionnaires bien vus afin de lancer la New-Brunswick Baptist Education Society. Wilmot et Joseph Crandall* assumèrent respectivement la vice-présidence et la présidence de cette association, créée pour établir un séminaire baptiste dans la province. Ce séminaire ouvrit ses portes en 1836 à Fredericton. Dirigé par le révérend Frederick William Miles, il connut pendant ses premières années de graves difficultés financières parce que le Conseil législatif, après avoir accepté de lui accorder une première subvention, refusa de lui en verser d’autres, tout en continuant d’aider les établissements de l’Église d’Angleterre et de l’Église catholique.

En plus d’œuvrer pour sa dénomination, Wilmot s’intéressa beaucoup au mouvement œcuménique de diffusion de l’Évangile, qui anima le xixe siècle. Il fit partie du conseil d’administration d’une organisation interconfessionnelle, la Saint John Sunday School Union Society, formée au début des années 1820 pour apprendre aux enfants pauvres à lire et à écrire. Mais l’organisme dont il s’occupa le plus fut la section du Nouveau-Brunswick de la British and Foreign Bible Society ; il présida cette association influente pendant un certain nombre d’années et s’en retira en 1839.

Wilmot prit aussi une part active aux affaires publiques. Il fut élu en 1815 et 1816 dans le quartier Dukes, qu’il représenta au conseil municipal de Saint-Jean. En 1817, il devint échevin du quartier Kings, qu’il servit jusqu’en 1821, puis de 1824 à 1828. En tant qu’échevin, Wilmot prit part à l’administration de la ville, et il agit à titre de juge de la Cour inférieure des plaids communs et de juge de la Cour des sessions trimestrielles du comté de Saint-Jean.

Pendant une grande partie des années 1820, Wilmot représenta également le comté et la ville de Saint-Jean à la chambre d’Assemblée. Élu pour la première fois en 1820, il garda son siège jusqu’en 1827. En 1833, le lieutenant-gouverneur sir Archibald Campbell le désigna pour remplacer William Black* comme maire de Saint-Jean. On le démit de cette charge dès l’année suivante, signe certain qu’il était tombé en défaveur auprès des autorités (il aurait apparemment fait connaître ses opinions radicales). Plus tard, la même année, il remporta l’élection dite des « terres de la couronne » [V. Charles Simonds*] dans son ancienne circonscription électorale. À la chambre d’Assemblée, il s’attacha à améliorer la navigabilité de la rivière Saint-Jean et à servir les intérêts des gens d’affaires de la région et ceux de la Commercial Bank. Réélu en 1837, il ne se représenta cependant pas à l’élection de 1842.

John McNeil Wilmot mourut le 7 septembre 1847 à Belmont, sa propriété de Lincoln, comté de Sunbury, qu’il avait achetée en 1834 des héritiers de John Murray Bliss*, beau-frère de son frère William. « Il fut, écrivit le New-Brunswick Courier, un chrétien honnête et solide, et [...] fit des préceptes de l’Évangile la règle de sa vie. » Malgré une carrière publique bien remplie, il eut moins de rayonnement au Nouveau-Brunswick que son fils Robert Duncan et son neveu Lemuel Allan Wilmot*.

Thomas William Acheson

APNB, MC 1156, VII : 59 ; RG 4, RS24, S21-P12, S24-P43, S26-P19.— Musée du N.-B., Ward family papers, packet 23, Wilmot à C. Ward, janv. 1836, 26 janv. 1838.— A schedule of the real estate belonging to the mayor, aldermen and commonalty of the city of Saint John [...] January, 1842 (Saint-Jean, N.-B., 1849 ; copie aux APNB).— New-Brunswick Courier, 11 avril 1818, 4 juin 1831, 8 déc. 1832, 23 mars, 6 avril, 21 sept. 1833, 15 nov. 1834, 11 sept. 1847.— Lawrence, Judges of N.B. (Stockton et Raymond).— A. R. M. Lower, Great Britain’s woodyard ; British America and the timber trade, 1763–1867 (Montréal et Londres, 1973).

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Thomas William Acheson, « WILMOT, JOHN McNEIL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wilmot_john_mcneil_7F.html.

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Auteur de l'article:    Thomas William Acheson
Titre de l'article:    WILMOT, JOHN McNEIL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
Date de consultation:    10 oct. 2024