Dans le Canada du XIXe siècle, le favoritisme était essentiel à la gestion des partis politiques, à la construction de réseaux d’influence et à la victoire aux élections. John Alexander Macdonald et d’autres hommes politiques, tels William Warren Baldwin et Wilfrid Laurier, maniaient ce pouvoir avec grand talent. Laurier, par exemple, l’utiliserait à toutes les fins : pour montrer sa reconnaissance à un ami, pour attirer un adversaire dans son giron, pour éloigner un intrus de son entourage immédiat. Il verrait à tout, jusqu’à l’obtention d’un bureau de poste dans un village. Ce rôle, il le jouerait surtout au Québec, où il serait « le premier et le dernier juge », comme il l’écrirait en 1899. Dans le cas des provinces anglaises, il signerait généralement les documents, les décisions déjà prises par les ministres régionaux. Ainsi, peu à peu, Laurier se tisserait finement un réseau efficace d’amis sûrs, d’organisateurs loyaux.