Les Cantons-de-l’Est, région située au sud-est du Québec, s’ouvrirent à la colonisation en 1792 : les demandes de concessions envahirent promptement le Conseil exécutif et, pendant la décennie qui suivit, on arpenta 22 cantons, où s’établirent des Britanniques, des loyalistes d’origine américaine et des Canadiens. On forma en 1834 la British American Land Company, qui effectua la plus grosse transaction foncière du Bas-Canada en achetant du gouvernement britannique plus d’un million d’acres dans les Cantons-de-l’Est. L’organisation exerça une hégémonie presque absolue sur le développement agricole et industriel de la région. Plusieurs marchands y firent aussi de la spéculation foncière. Au milieu du xixe siècle, les hommes d’État et les autorités religieuses du Canada français mirent en place une politique nationaliste, afin d’augmenter l’importance numérique de l’élément français et catholique dans cette région à prédominance anglo-saxonne. Celle-ci connut d’ailleurs une croissance spectaculaire à partir de 1852, année où l’on termina le chemin de fer entre Montréal et Sherbrooke.