Le syndicalisme ouvrier du début du xxe siècle revêt de nombreuses formes. Alphonse Verville, engagé dans l’action syndicale au Québec, est un ardent défenseur du syndicalisme de métiers, qui valorise une organisation du travail axée sur les intérêts d’un groupe précis de travailleurs, les ouvriers de métier. Il veut, à l’instar des autres tenants de cette approche, améliorer la condition matérielle des ouvriers au moyen de la négociation collective, et ce, à l’intérieur du système capitaliste. Pour atteindre ce but, la syndicalisation des ouvriers de métier est primordiale, puisqu’il s’agit du groupe de travailleurs pouvant obtenir le meilleur rapport de force avec l’employeur. Cette conception de l’action syndicale va à l’encontre de celle des Chevaliers du travail qui désire, entre autres, organiser toute la classe ouvrière et pas seulement les ouvriers de métier. Sur le plan des relations du travail, Verville favorise la conciliation et la bonne entente entre le capital et le travail, et l’intervention de l’État à titre d’arbitre au moment de conflits. Enfin, il prône aussi l’action politique ouvrière, mais indépendante, hors des cadres des partis politiques traditionnels comme le Parti libéral et le Parti conservateur.