CLARK, ROBERT, marchand et colonisateur, né à Londres, fils de Wotherton et Mary Clark ; il épousa, vers 1750, une prénommée Elizabeth, puis, en secondes noces, le 6 juillet 1775, Ann Berry à Londres ; décédé en juillet ou en août 1794, probablement à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard).

On ne connaît pas les détails des premières années de la vie de Robert Clark. Devenu quaker quelque temps avant 1753, il prit une part active dans la Society of Friends ; en 1767, on le disait ministre depuis quelques années. Clark et sa femme vécurent à Reading, de 1753 à 1758, à Faringdon, de 1761 à 1764, puis ils s’installèrent à Londres. Après 1773, des actes légaux indiquent qu’il était vendeur ou marchand. Il acheta le lot 21 dans l’île Saint-Jean en mars 1773 et plus tard ajouta d’autres lots, ou cantons, à ses possessions. L’année suivante, il emmena plus d’une centaine de colons, nombre d’entre eux étant des engagés par contrat, sur la côte septentrionale de l’île, où il fonda l’établissement de New London. Selon certains indices, une grande ferveur religieuse l’animait. Le gouverneur de l’île, Walter Patterson, déclara que Clark « se considérait véritablement comme un autre Penn » et ajouta qu’il « espérait faire de New London un endroit pour la conversion des pécheurs ». Cependant, peu de colons dépendant de Clark étaient attirés par le quakerisme ; New London allait plutôt fournir les racines du méthodisme sur l’île.

Clark retourna en Angleterre en 1774, laissant ses colons sans véritable abri ni provisions. Il avait brossé, à l’intention des émigrants éventuels, un séduisant tableau du Nouveau Monde, mais le journal d’un colon, Benjamin Chappell*, décrit en détail la quasi-inanition qui sévit lors du premier hiver. En 1775, il y avait 16 maisons et une scierie à New London ; toutefois, l’établissement ne répondit pas à l’attente des investisseurs londoniens qui avaient compté sur un prompt retour des cargaisons de bois, et les efforts de colonisation ne semblent pas s’être répétés. En 1779, Clark offrit des terres de 500 acres à £ 100, mais il n’y eut pas de vente de terrains avant 1787, et seulement quelques-unes par la suite. Plusieurs personnes abandonnèrent New London pour s’établir tout près de là. Patterson écrivait en 1784 que « tous les vagabonds de l’île » s’étaient joints aux colons. Il pensait aussi que Clark se ruinait en accordant à ses colons « salaires, ravitaillement et boisson à volonté » et en les laissant faire « comme ils voulaient ».

Il se peut que le récit de Patterson concernant New London ait été influencé par son conflit avec Clark sur une question de ventes de terres. En 1781, Patterson avait saisi plusieurs lots, dont quelques-uns appartenant à Clark, en raison du non-paiement des redevances et, en plus de les revendre à des amis, il s’en était lui-même porté acquéreur. Clark fut l’un de ceux qui protestèrent le plus vigoureusement contre cette intervention et il présenta une requête au Conseil privé en 1785. Ses efforts, unis à ceux du capitaine John MacDonald*, un autre propriétaire, aboutirent à des poursuites fructueuses contre Patterson et plusieurs membres de son conseil en 1789.

Clark revint à l’île Saint-Jean en 1786, peut-être bien de passage seulement. En 1792, on l’identifiait comme résidant de la colonie. Les dernières années de sa vie furent difficiles. Le fait que l’établissement de New London ne lui procurait aucun revenu financier et qu’il était lourdement endetté l’impliqua dans plusieurs procès : L’un d’eux, entre Clark et son agent de New London, John Cambridge*, qu’il avait nommé en 1784, nécessita un appel devant le gouverneur en conseil et finalement devant le roi en conseil. Ces procès étaient encore pendants à sa mort en 1794 ; sa veuve demeura quelques années dans la colonie pour tenter de recouvrer ce qui avait appartenu à Clark. En 1800, la succession était liquidée et les maisons de New London démolies ou déplacées ; le rêve d’une colonie quaker sur l’île Saint-Jean s’évanouissait.

H. T. Holman

Î.-P.-É., Supreme Court, Estates Division, will of Robert Clark (non enregistré) (mfm aux Public Archives of P.E.I.).— PRO, CO 226/8, pp.165–167 ; 226/10, pp.94–126, 135–143, 234–241, 253–294 ; CO 388/62, p.1 207. Public Archives of P.E.1. (Charlottetown), Benjamin Chappell, diary ; RG 3, House of Assembly, Journals, 1775–1789 ; RG 6, Courts, Supreme Court case papers, 1784–1800 ; RG 16, Registry Office, Land registry records, conveyance registers, liber 1 234, ff.4, 5, 6, 8, 9. Thomas Curtis, Voyage of Thos. Curtis, Journeys to the Island of StJohn or Prince Edward Island, 1775–1832, D. C. Harvey, édit. (Toronto, 1955), 9–69. [John MacDonald], Remarks on the conduct of the governor and Council of the Island of StJohn’s, in passing an act of Assembly in April 1786 to confirm the sales of the lands in 1781 [...] (s.l., [1789]).— A short description of the Island of StJohn, in the Gulph of StLawrence, North America (s.l., 1779). Dictionary of Quaker biography (copie dactylographiée disponible seulement à la Haverford College Library, Haverford, Pa., et à la Library of Religious Soc. of Friends à Londres).— D. C. Harvey, Early settlement and social conditions in Prince Edward Island, Dal. Rev., XI (1931–1932) : 448–461. [R. W. Kelsey], Quakerism on Prince Edward Island in 1774, Friends’ Hist. Soc. of Philadelphia, Bull., XII (1923) : 75–77.

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H. T. Holman, « CLARK, ROBERT (mort en 1794) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clark_robert_1794_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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