PETTIT (Petit), NATHANIEL, fonctionnaire et homme politique, né le 12 juin 1724 dans le comté de Sussex, New Jersey, fils de Nathaniel Pettit et d’Elizabeth Heath ; le 26 février 1747, il épousa Margaret McFarland, et ils eurent un fils et six filles ; décédé le 9 mars 1803 à Ancaster, Haut-Canada.

En 1630, les ancêtres de Nathaniel Pettit quittèrent le comté d’Essex, en Angleterre, pour s’établir dans la région située autour de Boston. La famille se dispersa par la suite. Certains de ses membres s’installèrent au New Jersey où, dans le comté de Sussex, Nathaniel Pettit s’assura une sécurité financière et devint un personnage très en vue dans les milieux juridiques avant la Révolution américaine. Il possédait deux moulins de grande valeur et, en 1766, il fut nommé juge à la Cour des plaids communs du comté. Sa position s’accrut encore dans son milieu lorsqu’il fut élu, en 1768, l’un des deux députés de son comté au Parlement provincial. Cependant, sa réussite, au moment où l’on commençait à avoir peur et à se méfier des fonctionnaires nommés par la Grande-Bretagne, finit par se retourner contre lui.

Au début de la Révolution américaine, Pettit se montra favorable aux doléances des colonies ; en 1774, une réunion du comté le nomma membre d’un comité de dix personnes qui ferait opposition à l’imposition sans représentation et appuierait la suspension des importations en provenance de Grande-Bretagne. Pourtant, le 12 janvier 1776, Pettit fut traduit devant le comité de sécurité de la province pour avoir refusé de payer les impôts levés par le Congrès révolutionnaire. Condamné à une amende et dépouillé de sa charge judiciaire, Pettit s’empressa de déclarer ouvertement son loyalisme aux Britanniques. À l’approche de ses 53 ans, sa condition physique ne lui permit pas de se joindre à un corps de Loyalistes mais, à la fin de 1776, grâce à l’aide d’un ancien collègue du Parlement, Joseph Barton, il leva un bataillon de 500 hommes. Pettit, « estropié et infirme », demeura dans le comté de Sussex où son aide aux « amis du gouvernement [...] l’exposa au pire traitement » de la part des rebelles. Emprisonné du 4 avril 1777 au 28 mai 1778, il n’obtint sa liberté qu’au prix de lourdes amendes et d’importants engagements quant à sa conduite ultérieure. Pettit calculait « suivant une évaluation très raisonnable » qu’il perdait ainsi au delà de £1 000. En outre, lorsqu’il quitta les États-Unis, il dut vendre ses moulins et ses terres pour moins de la moitié de leur valeur. Même s’il avait plaidé sa cause « bien attestée » devant la commission chargée des revendications des Loyalistes, elle « fut traitée sans résultat ». Accompagné de plusieurs amis, Pettit quitta son foyer et arriva en 1787 dans la région de Niagara, qui faisait alors partie de la province de Québec, « pour solliciter un établissement où il pourrait profiter de la liberté et du confort que la constitution britannique assurait en abondance ». Il reçut une concession de 700 acres et, en 1794, une autre de 1 300 acres. Ses terres étaient situées dans les cantons de Saltfleet, de Grimsby (North Grimsby et South Grimsby), de Burford, d’Ancaster et d’Aldborough.

Le 24 juillet 1788, lord Dorchester [Guy Carleton] créa quatre districts administratifs dans ce qui allait devenir le Haut-Canada. Dans ces nouveaux districts, les principaux organismes étaient le conseil des terres et la Cour des plaids communs ; la nomination de Pettit aux deux organismes, le 24 octobre 1788, dans le district de Nassau reflétait l’importance de sa position avant la révolution. Il fut membre du conseil des terres en compagnie de John Butler*, de Robert Hamilton, de Benjamin Pawling et de John Warren, puis du conseil des terres du comté de Lincoln, créé le 20 octobre 1792, qui remplaça le premier organisme. Les autres fonctionnaires faisant partie de la cour du district étaient Hamilton, Pawling ainsi que Peter Ten Broeck. Le conseil réglait les questions des droits de propriété foncière, et la cour, celles des dettes. Aucune n’affectant sérieusement les intérêts de Pettit, sa présence fut donc sporadique : il assista à 9 des 36 réunions du conseil des terres, entre le 26 octobre 1789 et le mois de mars 1792, et à 4 des 23 séances de la cour, entre le 28 octobre 1788 et le 10 avril 1794. En juillet 1794, le Parlement provincial adopta un projet de loi pour abolir la cour et, en novembre, un arrêté en conseil supprima le conseil des terres. Pettit fut juge de paix à partir du 19 juin 1789 ; son dernier mandat date du 1er avril 1803, soit trois semaines après sa mort. Nommé à la première commission des héritiers et légataires comme représentant du district de Home le 19 octobre 1797, il fut réélu le 21 juillet 1800 pour le comté de Lincoln. Il n’assista à aucune des trois réunions qui eurent lieu entre le 1er octobre 1800 et la date de sa mort.

La recommandation de Dorchester, le 15 mars 1790, suivant le conseil de sir John Johnson*, pour que Pettit fût au nombre des huit conseillers législatifs de la future province du Haut-Canada nous montre peut-être mieux l’importance de ce personnage. Cinq des personnes qui reçurent leur commission le 12 juillet 1792 furent choisies parmi cette liste de 1790. Sans que l’on sache pourquoi, peut-être à cause de son âge avancé, Pettit fut écarté à la suggestion du lieutenant-gouverneur Simcoe. Cependant, le 27 août 1792, il se fit élire au premier Parlement de la nouvelle province comme député de la circonscription comprenant Durham, York et la première division de Lincoln. Les documents concernant cette période sont fragmentaires et on ignore de quelle manière Pettit prit part aux travaux de l’Assemblée. En 1796, Richard Beasley* lui succéda dans le deuxième Parlement.

Nathaniel Pettit ne vécut pas assez longtemps pour accumuler beaucoup plus que les concessions qu’il avait reçues. En fait, entre 1800 et 1802, il en vendit de substantielles portions, la plupart à ses gendres. Dans son testament, il léguait le reste à ses cinq filles encore vivantes et £80 à son gendre Lawrence Lawrason, négociant prospère de London. À certains points de vue, le gouvernement britannique avait dédommagé Pettit de ses pertes ; toutefois, son âge avancé ne lui permit pas de regagner le prestige de son existence passée.

Bruce A. Parker

AO, MU 2100, 1798, no 1, Robert Hamilton à Nathaniel Pettit, 31 oct. 1797 ; RG 1, A-I-6 : 1010s. ; A-II-5, 1, Niagara District reports, 1800–1803 ; C-I-9, 1 ; C-IV, Ancaster Township ; Grimsby Township, concessions 1 and 2, lot 9 ; Saltfleet Township, concession 1, lot 9 ; concession 2, lots 5–6.— APC, MG 23, HII, 18 (photocopies) ; RG 1, L3, 418 : P misc., 1800–1856/95–96 ; RG 68, General index, 1651–1841 : ff.249–250, 402, 407, 410, 412, 535, 631.— Brant Land Registry Office (Brantford, Ontario), Abstract index to deeds, Burford Township : f.147 (mfm aux AO, GS 1822).— MTL, U.C., Court of Common Pleas, Nassau District, minutes.— Niagara North Land Registry Office (St Catharines, Ontario), Abstract index to deeds, Grimsby Township : ff.8, 18 (mfm aux AO, GS 1914).— Wentworth Land Registry Office (Hamilton, Ontario), Abstract index to deeds, Ancaster Township : ff.190, 235, 270 (mfm aux AO, GS 1395).— « Board of land office, District of Hesse », AO Report, 1905 : 132, 211.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 982.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank), 1 : 10s. ; 4 : 347–349.— « Loyalist and pioneer families of West Lincoln, 1783–1833 », R. J. Powell, compil., Annals of the Forty ([Grimsby, Ontario]), no 7 (1956).— Pearl Wilson, « Nathaniel Pettit », OH, 32 (1937) : 192–202.

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Bruce A. Parker, « PETTIT (Petit), NATHANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/pettit_nathaniel_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
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