LOEDEL, HENRY NICHOLAS CHRISTOPHER, chirurgien, officier, médecin, apothicaire et propriétaire foncier, né vers 1754, probablement dans l’État de Hesse-Kassel (République fédérale d’Allemagne) ; le 30 janvier 1784, il épousa à Montréal Marguerite Gamelin, fille de Pierre-Joseph Gamelin* et de Marie-Louise de Lorimier, et ils eurent 12 enfants dont 2 moururent en bas âge ; décédé le 14 janvier 1830 à Montréal.

Henry Nicholas Christopher Loedel arriva dans la province de Québec en 1776 à titre de chirurgien d’un corps de troupe formé de mercenaires d’origine allemande venus combattre les Américains. Après la signature des traités de Versailles qui mirent fin à la guerre entre les colonies américaines et la Grande-Bretagne en 1783, Loedel s’installa à Montréal.

Le 1er janvier 1784, Loedel s’associa à l’un des plus éminents chirurgiens de Montréal, Charles Blake*, pour pratiquer la médecine et faire le commerce de produits pharmaceutiques. Cette association, souvent renouvelée, englobait aussi plusieurs transactions immobilières. Elle s’avéra très fructueuse et fut sans doute à la base de l’aisance matérielle de Loedel. La boutique, où les deux médecins préparaient leurs remèdes, était située dans la demeure de Loedel. Ils étaient assistés par des jeunes gens à qui ils enseignaient la chirurgie et la pharmacie. On ne connaît rien de la formation médicale de Loedel, mais il fut le premier à obtenir une licence des examinateurs en médecine du district de Montréal, nommés en vertu de la loi du 30 avril 1788, et parmi lesquels figurait son ami Blake.

En 1799, Loedel offrit ses services pour combattre une très grave épidémie de typhus qui sévissait parmi les militaires du 41st Foot. Pendant deux mois, il lutta pour guérir les malades et, finalement, il fut lui-même victime de la maladie. Quatre longs mois de convalescence lui furent nécessaires pour vaquer de nouveau à ses occupations, mais sa santé s’en trouva à jamais altérée. À ces vicissitudes s’ajouta la difficulté de percevoir sa solde de l’armée. Il s’en plaignit amèrement dans une lettre qu’il écrivit au gouverneur sir George Prevost* en 1813, et il lui fit remarquer qu’en plus le taux de change grugeait le tiers de son salaire.

L’état de fortune de Loedel lui permit de faire instruire deux de ses fils en Angleterre, Henry-Pierre et Pierre-Charles, qui devinrent médecins. Le premier fut cofondateur du Montreal General Hospital et de la faculté de médecine du McGill College. Il avait, avant son retour au Bas-Canada, soigné les soldats du duc de Wellington à Waterloo (Belgique). Le second raconta plus tard qu’il était à bord du Bellerophon lorsque ce navire transporta Napoléon Ier à l’île Sainte-Hélène.

Les biens immobiliers de Loedel semblent avoir été assez considérables. Il possédait, en copropriété avec Blake, une maison en pierre de deux étages rue de la Capitale, près de la place du Marché, une autre rue Notre-Dame, une terre avec une maison, une étable en pierre, un verger et un espace boisé qui fournissait le bois de chauffage, située dans l’île de Montréal, au sud du faubourg Québec, et une autre terre à Laprairie (La Prairie) ; sur cette très grande propriété étaient construites deux maisons en bois rond et deux étables. De plus, Loedel habitait une magnifique maison en pierre de deux étages, avec cellier et cave voûtée ; il fit construire un troisième étage en 1817 et percer dix fenêtres à chaque étage. Sa femme avait apporté en dot une maison située à l’angle des rues Saint-Paul et Saint-François-Xavier. En 1818, le gouvernement avait concédé à Loedel 600 acres de terre dans le canton de Godmanchester en reconnaissance de ses services en tant qu’officier.

Henry Nicholas Christopher Loedel, grand bourgeois et médecin important, mourut d’une crise d’apoplexie le 14 janvier 1830. Il était malade depuis plus d’un an. Il fut inhumé, comme il en avait exprimé le désir, dans le caveau de son ami Blake, au faubourg Sainte-Marie. Ce dernier était le parrain de deux des enfants Loedel auxquels il avait d’ailleurs légué 800 acres de terre dans le Haut-Canada. Après le décès de Loedel, sa veuve alla demeurer chez son fils Pierre-Charles.

Gilles Janson

ANQ-M, CE1-51, 4 déc. 1784, 20 févr. 1786, 21 nov. 1792, 18 août 1794, 19 juin 1796, 3 mai 1798, 3 mars 1800, 19 janv. 1802, 12 sept. 1803 ; CE1-63, 30 janv. 1784, 14 janv. 1830 ; CN1-7, févr., avril 1828, janv., mai 1829 ; CN1-29, 30 janv. 1784, 7 févr. 1786, 30 avril 1787, 14 nov. 1788, 3 juin 1790, 23 sept. 1793, 16 mai 1794, 2 déc. 1795, 18 janv., 13 mars 1797, 5 févr. 1800, 29 mai 1802, 12 déc. 1803 ; CN1-134, 3 févr. 1817, 10 mars 1828 ; CN1-185, 17 avril 1802, 8 févr. 1803, 19 févr. 1807 ; CN1-187, 22 déc. 1814 ; CN1-189, 23 févr. 1785.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 16-2 : 555–560 ; RG 4, B28, 47 : 28–29 ; RG 8, I (C sér.), 187 : 52–53 ; 206 : 36–37 ; 207 : 4–6.— AUM, P 58, G2, 1801–1809.— Abbott, Hist. of medicine.— M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine.— J. J. Heagerty, Four centuries of medical history in Canada and a sketch of the medical history of Newfoundland (2 vol., Toronto, 1928).— Louis Richard, « la Famille Lœdel », BRH, 56 (1950) : 78–89.

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Gilles Janson, « LOEDEL, HENRY NICHOLAS CHRISTOPHER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/loedel_henry_nicholas_christopher_6F.html.

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Auteur de l'article:    Gilles Janson
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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