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NEPEAN, NICHOLAS, officier et administrateur colonial, baptisé le 9 novembre 1757 à Saltash, Angleterre, benjamin des trois fils de Nicholas Nepean et de Margaret Jones ; le 21 avril 1784, il épousa à Stoke Damerel (Plymouth, Angleterre), Johanna Francisca Carolina Wedikind, et ils eurent au moins trois fils ; décédé le 18 décembre 1823 à Newton Abbot, Angleterre.
Nicholas Nepean commença sa carrière militaire le 15 décembre 1776 à titre de lieutenant en second dans les Royal Marines. En 1804, après avoir servi en mer, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), à Gibraltar et en Grande-Bretagne, il fut promu général de brigade. Le 17 mars 1807, il fut nommé administrateur de l’île du Cap-Breton, probablement parce qu’il était le frère de sir Evan Nepean, qui avait occupé divers postes dans le gouvernement britannique.
Les antécédents de Nepean ne l’avaient pas préparé à résoudre les difficultés que connaissait le Cap-Breton. La colonie n’ayant pas de chambre d’Assemblée, elle avait survécu tant bien que mal sans tirer de revenus de son territoire jusqu’à ce que John Despard en devienne l’administrateur. En 1801, il avait frappé le rhum d’importation d’une taxe, ce qui était plus ou moins légal, afin de pourvoir au moins aux besoins les plus élémentaires. Cependant, l’argent recueilli avait servi à l’établissement des premiers immigrants de la grande vague écossaise, arrivés au Cap-Breton en 1801. L’accroissement de la population qui résulta de la venue de tous ces gens renforça les arguments de Richard Collier Bernard DesBarres Marshall Gibbons, fils d’un ancien juge en chef, en faveur d’une Assemblée. Les mines de charbon constituaient aussi une source de revenu potentiellement intéressante, mais ni l’État ni l’entreprise privée, à cause de leurs maigres ressources, n’étaient parvenus à les mettre réellement en valeur.
La personnalité de Nepean ne convenait pas non plus à son rôle. Quand il arriva à Sydney, le 2 juillet 1807, Despard ne parvint pas à le convaincre de discuter de la situation de la colonie. « S’il faut en croire plusieurs personnes qui le connaissent bien, déclara Despard, [Nepean] est un homme d’une indolence extraordinaire et, malheureusement pour lui, s’en laisse trop imposer par les astucieux et les intrigants. » Nepean n’avait peut-être pas davantage de sympathie pour son prédécesseur car dès le début, semble-t-il, il se rapprocha des ennemis de celui-ci, William Campbell et Gibbons par exemple. Tombant d’abord sous la coupe de Campbell, il le nomma de nouveau surintendant des mines. Toutefois, Campbell n’était pas très bien vu à Whitehall et, en avril 1808, Nepean reçut l’ordre d’annuler cette nomination. Gibbons ne tarda pas à prendre de l’ascendant sur l’administrateur qui le nomma procureur général intérimaire quand il rompit avec Campbell à l’été de 1808. Nepean remplaça en outre plusieurs conseillers exécutifs désignés par Despard.
La nouvelle de ces destitutions apparemment arbitraires souleva plus d’une colère à Londres. Sir Evan Nepean tenta de défendre son frère en qualifiant les habitants du Cap-Breton de « groupe incommode et turbulent », mais il ne put empêcher qu’on avertisse ce dernier, en avril 1809, de changer d’attitude, sans quoi il perdrait son poste.
Nepean réagit de façon caractéristique en rétablissant quelques fonctionnaires. Gibbons demeura son principal confident même s’il avait continué de réclamer une Assemblée, institution qui, selon Nepean, était « dangereuse ». Toutefois, celui-ci prit peur quand, en décembre 1810, Gibbons convainquit le jury d’accusation de présenter une requête pour la formation d’une Assemblée. Il lui retira son poste, mais ses arguments l’avaient suffisamment ébranlé pour qu’il soumette la question au Conseil exécutif, qui rejeta promptement l’idée d’une Assemblée.
Dès le printemps de 1812, Nepean s’était rangé, semble-t-il, à l’opinion de Gibbons et il le nomma au conseil. Ensuite, il suspendit la taxe sur le rhum et demanda au conseil d’approuver la convocation d’une Assemblée. L’influence de Gibbons était telle que cette fois ses idées furent acceptées. Afin de renforcer sa position devant les autorités britanniques, Nepean autorisa Gibbons à demander aux colons leur opinion sur la question de l’Assemblée. Mais le déclenchement de la guerre contre les États-Unis, en juillet, créa une situation d’urgence, et le Cap-Breton eut besoin de revenus immédiats ; Nepean renonça donc à la consultation et écrivit en octobre à lord Bathurst, nouveau secrétaire d’État aux Colonies, pour lui démontrer la nécessité d’une Assemblée. Cependant, Bathurst avait déjà résolu de le remplacer par Hugh Swayne*, qui arriva à Sydney le jour de l’An 1813.
Nepean allait laisser derrière lui d’autres problèmes irrésolus. Les guerres napoléoniennes et l’Embargo Act américain de 1807 avaient intensifié l’activité économique en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, mais n’avaient eu que des répercussions indirectes au Cap-Breton. Cette colonie avait des navires trop petits pour participer au commerce florissant que les colonies plus grandes faisaient avec les pays d’outre-Atlantique et les Antilles, mais en expédiant ses marchandises à ces provinces, elle put bénéficier de la croissance économique de la région. Cependant, l’augmentation des échanges commerciaux accéléra l’inflation ; ainsi, de 1807 à 1808, le prix de la farine doubla. Afin de freiner cette tendance, Nepean autorisa l’importation de denrées américaines et interdit l’exportation de vivres et de bétail, mais les prix continuèrent de monter. En outre, à cause de la prospérité de Halifax et de Saint-Jean, tout comme de l’accroissement de la demande de marins, le Cap-Breton perdit ses mineurs, dont un grand nombre étaient auparavant des pêcheurs terre-neuviens. L’inflation et la pénurie de main-d’œuvre firent monter les salaires des mineurs et les coûts de production, de sorte qu’en 1808 John Corbett Ritchie, surintendant des mines, demanda que le prix d’un chaldron de charbon passe de 16s à 20s.
Nepean eut également à faire face à la piètre situation des mines, conséquence de la mauvaise administration de Campbell. La production traînait au moment même où l’augmentation des troupes à Halifax créait une demande pour le charbon. Afin de résoudre les problèmes posés par les salaires élevés et le bas niveau de production, Nepean fit travailler dans les mines 30 des New Brunswick Fencibles stationnés à Sydney. La production de charbon augmenta, mais pendant l’été de 1811 le lieutenant général sir George Prevost*, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, ordonna aux soldats de cesser le travail, peut-être parce qu’il espérait ouvrir les charbonnages de Pictou, dans sa propre colonie. Frustré, Nepean loua les mines aux marchands haligoniens Jonathan et John Tremain, mais il laissa le bail expirer après qu’ils eurent demandé une augmentation du prix du charbon. Nepean négociait avec un autre marchand lorsque son mandat prit fin. Apparemment, Nepean n’eut pas d’autre affectation après son retour en Angleterre. Promu major général pendant qu’il était au Cap-Breton, il devint lieutenant général le 4 juin 1814.
En raison de sa carrière antérieure et de sa personnalité, Nicholas Nepean n’était guère l’homme qu’il fallait pour s’attaquer aux problèmes économiques et politiques du Cap-Breton. Il ne parvint pas à aborder efficacement les questions politiques et il était toujours hésitant face à l’opposition. Son manque d’expérience dans le domaine économique l’empêcha de veiller au développement à long terme de l’île. Par ailleurs, l’inflation accrue, la concurrence commerciale de la Nouvelle-Écosse et les pressions croissantes en faveur d’une Assemblée étaient des facteurs qui échappaient à son emprise et qui indiquaient que la colonie avait besoin de changement.
APC, RG 8, I (C sér.), 366 : 133–137.— PANS, RG 1, 58, doc. 88.— PRO, CO 217/125 : 76–77, 95, 97–98, 171–173, 178–179 ; 217/126 : 16–20, 25–27, 34–36 ; 217/127 : 5–6, 14 ; 217/128 : 35 ; 217/129 : 37–38 ; 217/130 : 30–36 ; 220/15 : 6–7, 103–104, 136, 142–145, 150–151, 172–173.— ADB.— Burke’s peerage (1893), 1024.— The royal military calendar, containing the service of every general officer in the British army, from the date of their first commission [...], John Philippart, édit. (3 vol., Londres, 1815-[1816]), 1 : 285–286.
Robert J. Morgan, « NEPEAN, NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nepean_nicholas_6F.html.
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Auteur de l'article: | Robert J. Morgan |
Titre de l'article: | NEPEAN, NICHOLAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 11 oct. 2024 |