VINCENT, THOMAS, trafiquant de fourrures, né vers 1776 ; décédé en Angleterre le 30 mars 1832.
On rapporte que Thomas Vincent serait originaire d’Edmonton (Londres), mais les nombreuses relations qu’il avait dans le comté de Durham permettent de croire que sa famille venait de cette région. Le 5 mai 1790, il entra au service de la Hudson’s Bay Company à titre de commis aux écritures. Il passa sa première année au fort Albany (Fort Albany, Ontario) et la deuxième, sous la direction de John Hodgson, à Henley House (près du confluent des rivières Albany et Kenogami). Au cours de l’été de 1797, après plusieurs années passées au fort Albany, il assuma la responsabilité de Martin Falls House (Martin Falls). L’hiver suivant, il fut nommé chef de poste de l’intérieur à Pointe-au-Foutre House (Manitoba), à l’embouchure de la rivière Winnipeg, et demeura en fonction jusqu’à l’été de 1801. La compétition avec la North West Company et la New North West Company (appelée parfois la XY Company) y était particulièrement vive. À l’automne de 1802, Vincent se vit confier la mission de rétablir le poste de la Hudson’s Bay Company à Red Lake (Ontario). Il y trouva de nombreux trafiquants, et la rivalité la plus directe qu’il eut à affronter fut celle de cinq Nor’Westers, dont Jacques Adhémar, arrivés en septembre. Au cours de la première année, Vincent parvint à échanger 27 ballots de fourrures et ses concurrents, 8 seulement. Après son départ, en mai 1804, les Nor’Westers incendièrent sa maison. ; ils étaient sans doute contents de le voir partir avec ses 15 hommes.
Après deux saisons de traite au fort Albany et un été à Martin Falls, Vincent prit la succession de John McKay* en qualité de responsable de Brandon House (Manitoba) pour la saison de 1806–1807. Son rival dans ce district fut le Nor’Wester François-Antoine Larocque*. Par la suite, Vincent passa deux saisons de traite au fort Albany en tant que deuxième fonctionnaire en importance, un an en Angleterre, puis revint au fort Albany à titre d’agent principal en 1810. Lorsque son supérieur, le gouverneur du département du Sud, Thomas Thomas, fut nommé gouverneur intérimaire du département du Nord, en 1814, pour succéder à William Auld, Vincent devint gouverneur intérimaire du département du Sud. Sitôt en poste, et suivant les instructions reçues du comité de Londres, il prit des dispositions pour que George Atkinson entreprenne l’exploration méthodique de la région d’Eastmain, soit la côte est des baies James et d’Hudson. Vincent explora lui-même une route reliant Henley House et New Brunswick House (sur le lac Brunswick, Ontario) et, de ce fait, il étudia le bassin du haut des rivières Albany et Moose. Au cours de l’été de 1815, à Moose Factory (Ontario), il fut nommé officiellement gouverneur du département du Sud. Exception faite d’un séjour à Moose Factory, entre janvier et septembre 1816, et d’une visite dans la région d’Eastmain, Vincent resta à New Brunswick House du mois d’octobre 1815 jusqu’à l’été de 1819. Il s’agissait d’un bon endroit pour surveiller les activités de la North West Company. C’est de là qu’en 1817 Vincent ordonna à Atkinson de continuer ses explorations. Même si, à ce moment-là, le comité de Londres condamna sa conduite personnelle, Vincent put garder son poste à cause d’une pénurie de fonctionnaires. En 1819 et 1820, il établit ses quartiers généraux à Moose Factory.
Au moment de la fusion en 1821 de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, Vincent fut nommé agent principal pour la nouvelle firme, et il présida cette année-là la réunion du conseil à Moose Factory. De 1822 à 1824, il assuma la responsabilité du district de Moose et, de 1824 jusqu’à sa retraite le 1er juin 1826, il dirigea la traite dans le district d’Albany. À l’automne, il retourna en Angleterre.
Du milieu des années 1790 jusqu’en 1810, Thomas Vincent et Jane Renton avait eu trois fils et trois filles ; la mère était la fille sang-mêlé d’un employé de la compagnie. Leur fils aîné, John, le père de l’archidiacre anglican Thomas Vincent, devint commis de la compagnie en 1816. Leur fille aînée, Harriet, épousa George Gladman*, chef de poste de la Hudson’s Bay Company. Selon le récit de Harriet Gladman, Jane Renton quitta Vincent au moment où il prit une seconde épouse en la personne de Jane Sutherland, la fille de feu James Sutherland*. Dans son testament de 1826, Vincent désigna cette dernière comme étant sa femme. Cependant, il semble qu’elle soit décédée avant lui, puisque dans son dernier testament, fait à Hartlepool, comté de Durham, le 24 mars 1832, Vincent ne fait plus mention d’elle et lègue ses biens à ses enfants, ses beaux-enfants et à Jane Renton, qui sera identifiée par la suite comme sa veuve. Cette dernière vécut durant de longues années à Moose Factory avec la mère de George Gladman, qui était veuve. James Hargrave* y fit leur connaissance et déclara, en 1837, qu’elles étaient « sans flatterie », et qu’elles comptaient parmi les « femmes les plus respectables qu[‘il] avai[t] rencontrées en ce pays ». Jane Renton mourut à Moose Factory en septembre 1858, à l’âge de 76 ans, et fut inhumée sous le nom de Mme Jane Vincent. La volumineuse correspondance au sujet de la succession de Vincent, de ses légataires et de ses finances, témoigne incontestablement de ses liens avec la baie d’Hudson et permet de s’imaginer les nombreux problèmes auxquels les fils et filles sang-mêlé – les siens et les autres – étaient confrontés durant la première moitié du xixe.
EEC, Diocese of Moosonee Arch. (Schumacher, Ontario), Moose Factory and its dependencies reg. of baptisms (mfm aux AO).— PAM, HBCA, A.36/14 : fos 54–307 ; B.3/a/112 : fo 5 ; B.4/a/2–4 ; B.86/a/46 ; B.107/a/1 ; B.177/a/1 ; 6 ; 8.— HBRS, 2 (Rich et Fleming) ; 24 (Davies et Johnson) ; 30 (Williams).— Letitia [Mactavish] Hargrave, The letters of Letitia Hargrave, Margaret Arnett MacLeod, édit. (Toronto, 1947).— Morton, Hist. of Canadian West (1939).— T. C. B. Boon « Thomas Vincent, evangelist, builder, and traveller », Winnipeg Free Press, 15 avril 1961 : 34.— N. J. Williamson, « Historic Bas de la Rivière », Manitoba Pageant (Winnipeg), 23 (1977), no 1 : 8–17.
Jennifer Stacey Harcourt Brown, « VINCENT, THOMAS (mort en 1832) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/vincent_thomas_1832_6F.html.
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Auteur de l'article: | Jennifer Stacey Harcourt Brown |
Titre de l'article: | VINCENT, THOMAS (mort en 1832) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |