WADE, ROBERT, fermier, né vers 1777 dans le comté de Durham, Angleterre ; vers 1802, il épousa Mary Hodgson, et ils eurent quatre fils et huit filles ; décédé le 16 juillet 1849 dans le canton de Hamilton, Haut-Canada.
Robert Wade venait d’une famille de fermiers qui s’adonnaient à l’élevage du bétail de race. En 1819, il immigra dans le Haut-Canada avec sa femme et ses huit enfants puis acheta une terre de 200 acres dans le canton de Hamilton. Un des premiers agents de développement agricole à venir d’Angleterre, il connaissait à fond les nouvelles méthodes scientifiques d’agriculture en usage en Grande-Bretagne et fut donc consterné par l’ignorance des colons haut-canadiens en la matière.
Les agents de développement agricole établis dans le Haut-Canada au début du xixe siècle se recrutaient surtout parmi les colons des Lowlands d’Écosse ou d’Angleterre qui avaient le moyen d’acheter et de faire défricher des terres ou encore de les acheter prêtes à être cultivées. Ils arrivaient avec une méthode de culture qu’on avait mise au point, au moment de la révolution agricole, dans le nord-ouest de l’Europe pour maintenir la fertilité du sol. Vers le milieu du siècle, la région de la baie de Quinte, les secteurs qui bordaient la rue Yonge, les terres entre Hamilton et Toronto, les environs de London et la presqu’île du Niagara étaient reconnus pour leur exploitation agricole. Des groupes d’immigrants de diverses origines avaient colonisé ces régions mais, selon l’historien Robert Leslie Jones, ce sont des fermiers britanniques avisés comme Wade qui, bien que peu nombreux, exerçaient « le leadership dans la province, grâce à un plus grand effort pour se tenir au courant des découvertes de leur époque en science agricole ».
Sitôt installé, Wade entreprit de drainer systématiquement des parties trop humides de sa terre afin d’améliorer ses champs. L’habitude de bien labourer et herser le sol avant les plantations lui permit d’obtenir des récoltes beaucoup plus abondantes que la moyenne à l’époque. La culture fruitière était à ses débuts mais Wade constata qu’elle serait viable et suggéra en 1820 que les immigrants apportent avec eux des pépins de pommes et divers noyaux de fruits. Dès cette année-là, il planta des arbres fruitiers dans sa ferme et, en 1824, sa pommeraie comptait à elle seule une centaine d’arbres.
Wade exploitait avec succès une ferme d’élevage et de culture. À l’époque où la plupart des fermiers du Haut-Canada étaient tributaires du blé, il concentra ses efforts sur l’élevage et l’amélioration des races par le croisement. Au début de 1830, il commença à faire venir d’Angleterre et de l’état de New York des bovins Durham (race Shorthorn améliorée) et des moutons Teeswater (race Leicester améliorée). Les Shorthorn étaient bons à la fois pour la viande et pour la production laitière. Afin de rentabiliser ses surplus de lait, Wade installa une petite laiterie sur sa ferme et se mit à fabriquer du beurre et du fromage. Dès 1842, à la foire agricole du comté de Northumberland, son fils Ralph remporta des prix pour son fromage. On devait plus tard attribuer à son petit-fils Henry le mérite d’avoir importé la méthode de fabrication industrielle du fromage de New York et de l’avoir implantée dans le centre du Haut-Canada. Robert Wade s’intéressait aux Leicester parce qu’ils étaient eux aussi doublement rentables. Ralph obtint à la foire du comté en 1842 le premier prix pour son étoffe de laine de fabrication artisanale et, cinq ans plus tard, les Leicester de Wade, qui avaient reçu les plus hauts prix à la première exposition agricole de la province, étaient considérés comme les meilleurs moutons jamais abattus à Toronto, tant pour le poids de la carcasse que pour le rendement en suif. Robert maintint son programme d’élevage jusqu’à sa retraite, en 1848. Ses deux fils, John et Ralph, et son petit-fils Henry, éleveurs de troupeaux de race bien connus dans la seconde moitié du xixe siècle, poursuivirent ses travaux.
Les inventions susceptibles d’améliorer les techniques agricoles suscitaient l’intérêt dans la famille. Robert Wade considérait que les fermiers du temps avaient surtout besoin d’outillage pour la culture et de machines pour les récoltes. John aurait d’ailleurs inventé un semoir à navets, une machine à laver les pommes de terre et un élévateur à paille pour batteuse. Toutefois, il semble qu’il ne fit breveter qu’une seule machine, une tarière à poteaux, et ce, conjointement avec John Helm, de Port Hope, l’un des premiers fabricants de moissonneuses de la province. John Wade aurait aussi importé en 1844 la seconde moissonneuse du district de Newcastle et peut-être même du Haut-Canada.
Pour fournir une tribune sur les questions agricoles, les Wade accordèrent leur appui à quelques-unes des premières associations agricoles régionales et provinciales. La Northumberland Agricultural Society, fondée en 1828, eut des débuts difficiles et fut dissoute puis finalement réorganisée en 1836. À ce moment, l’organisation de comté décida de se doter de comités locaux et on désigna Robert Wade pour représenter le canton de Hamilton. La société organisait des foires semestrielles, fournissait des fonds pour les prix, encourageait les membres à s’abonner aux revues d’agriculture et à rédiger des exposés sur des questions à débattre en matière agricole. John et Ralph Wade assumèrent longtemps la présidence de la société.
Méthodiste fervent, Robert Wade préféra d’abord se joindre à un groupe d’immigrants britanniques de sa dénomination pour les exercices religieux plutôt qu’à la congrégation méthodiste locale d’origine américaine. Au cours des années 1840 cependant, après l’érection à Cobourg de l’église anglicane St Peter, il devint l’un des fidèles de cette église. Il mourut en 1849 et on l’enterra dans le lot familial au cimetière St Peter.
Robert Wade fit beaucoup pour le développement agricole du Haut-Canada durant la première moitié du xixe siècle. Il s’intéressait autant à la théorie qu’à la pratique de l’agriculture, et il apporta une contribution incontestable dans maints domaines, dont le drainage, le labourage, la culture des fruits, l’élevage des animaux, la production laitière, l’utilisation de la machinerie et l’organisation agricole. Ses fils et ses petits-fils suivirent son exemple et plusieurs d’entre eux furent au nombre des chefs de file des nombreuses associations agricoles que comptait la province.
AO, MU 2388, sér. A-1–A-3 ; MU 2883 ; MU 3074 (photocopies).— Edna Barrowclough, « The Wade letters (1819–67) », Cobourg and District Hist. Soc., Hist. Rev. (Cobourg, Ontario), 4 (1986).— British American Cultivator (Toronto), nouv. sér., 2 (1846) : 399 ; 3 (1847) : 138.— Canadian Agriculturist (Toronto), 1849–1863.— Cobourg Star, 8 sept. 1847, 15 mars, 19 juill., 2, 23 août, 11, 18 oct. 1848, 18 juill. 1849.— Dominion short-horn herd book (Ottawa), 1 (1886–1887).— R. L. Jones, History of agriculture in Ontario, 1613–1880 (Toronto, 1946 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).— D. McL. Marshall, Shorthorn cattle in Canada (Guelph, Ontario, 1932).— Kenneth Kelly, « The transfer of British ideas on improved farming to Ontario during the first half of the nineteenth century », OH, 63 (1971) : 103–111.
Susan Bennett, « WADE, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wade_robert_7F.html.
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Auteur de l'article: | Susan Bennett |
Titre de l'article: | WADE, ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |