LA ROQUE, MARGUERITE DE, parente de Jean-François de La Rocque de Roberval, déportée dans une île du Saint-Laurent ; la date et le lieu de sa naissance et de son décès sont demeurés inconnus.
Elle était coseigneuresse de Pontpoint, dont Roberval possédait une partie. Mais les terres de Marguerite de La Roque étaient surtout en Périgord et Languedoc pour lesquelles elle prêta foi et hommage en 1536. Sa parenté avec Roberval était très proche, au témoignage de Thevet.
Parmi les compagnons de Roberval dans son voyage au Canada se trouvaient Marguerite et un jeune homme, son amant, lequel n’a d’ailleurs été nommé ni par la reine de Navarre ni par Thevet qui rapportent cette romanesque aventure. Scandalisé par la conduite de Marguerite, Roberval la débarqua dans une île du Saint-Laurent, près de l’embouchure de la rivière Saint-Paul, appelée île des Démons. Le jeune homme la rejoignit, d’après Thevet. Suivant la reine de Navarre, c’est ce garçon qui fut déporté et c’est Marguerite qui alla partager son sort. La servante Damienne « native de Normandie », les accompagnait. Marguerite eut un enfant qui mourut, le jeune homme périt également ainsi que la servante, Marguerite demeura seule dans l’île, fit le coup de feu contre les bêtes sauvages, réussit à survivre et fut un jour recueillie par des pêcheurs qui l’emmenèrent en France.
Il existe entre le récit de la reine de Navarre et celui de Thevet des différences notables mais Thevet est beaucoup plus précis. Il indique la parenté de Roberval et de Marguerite de La Roque, certains détails parfaitement historiques comme la séparation des navires de Jacques Cartier et de Roberval, la présence sur les vaisseaux d’hommes et de femmes destinés à la colonie, la position de l’île des Démons. Tout cela donne à l’œuvre de Thevet une authenticité qui confirme en le complétant le petit roman si bien agencé de la reine de Navarre.
Thevet déclare tenir ce récit de l’héroïne elle-même qu’il a rencontrée à Nontron en Périgord. La reine de Navarre dit que c’est « le capitaine Roberval » qui lui a rapporté cette histoire dont elle a tiré un des contes de son Heptameron. Les historiens ont admis que les récits de ces deux contemporains de Roberval et de Marguerite de La Roque sont basés sur un fait vrai.
AN, Anciens hommages et aveux, 1536, pièce 820, Languedoc, 556, Foi et hommage de Demoiselle Marguerite de La Roque pour ses terres.— BN, mss, Fr. 15 452–53, « Le grand insulaire et pilotage d’André Thevet, Angoumoisin, cosmographe du Roy, dans lequel sont contenus plusieurs plants d’isles’ habitées et deshabitées et description d’icelles » ; 15 454, « Relation de deux voyages faits par André Thevet aux Indes australes et occidentales ».— Marguerite de Navarre, L’Heptameron des nouvelles (Paris, 1559).— Thevet, Cosmographie universelle. —Henry Harrisse, Notes pour servir à l’histoire, à la bibliographie et à la cartographie de la Nouvelle-France et des pays adjacents, 1545–1700 (Paris, 1872).— Pierre Jourda, Marguerite, reine de Navarre, thèse pour le doctorat ès lettres, [Université de] Paris, 1930.— Lanctot, Histoire du Canada, I : 104s.— Henri Malo, L’Île des Démons, la reine de Navarre et Alcofribas, Mercure de France, LXXXVI (1910) : 639–645.— Robert La Roque de Roquebrune, Marguerite de La Roque et l’Île de la Demoiselle au Canada, NF, VI (1931). 131–142.
R. La Roque de Roquebrune, « LA ROQUE, MARGUERITE DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_roque_marguerite_de_1F.html.
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Auteur de l'article: | R. La Roque de Roquebrune |
Titre de l'article: | LA ROQUE, MARGUERITE DE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |