LAFRANCE (Hianveu, dit Lafrance), FRANÇOIS-XAVIER-STANISLAS, prêtre catholique et éducateur, né le 26 février 1814 à Québec, fils de Louis-Charles Hianveu (Hyanveux), dit Lafrance, relieur, et de Marie-Angélique-Émilie McDonell (McDonald), décédé le 27 novembre 1867 à Barachois, Nouveau-Brunswick.

L’ambition première de François-Xavier-Stanislas Lafrance était de devenir médecin mais l’épidémie de typhus qui se déclara en 1837 le fit changer d’idée, et en septembre de la même année il entrait au petit séminaire de Québec. L’année suivante il entendit un ami de la famille, Mgr Bernard Donald MacDonald*, évêque de Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard, prononcer un sermon sur le besoin de prêtres dans les paroisses acadiennes. Lafrance partit pour l’Île-du-Prince-Édouard avec l’évêque en 1838, et, après avoir fait des études au St Andrew’s College, il fut ordonné prêtre à Rustico le 2 avril 1841. Pendant les 26 années qui suivirent, Lafrance travailla parmi les Acadiens.

Pendant l’été de 1841, il fut vicaire à Rustico même, puis il partit pour Saint-Jean, Nouveau-Brunswick. De 1842 à 1852, il fut curé à Tracadie, Nouveau-Brunswick, où il desservit également les paroisses voisines de Pokemouche-en-Haut, Pokemouche-en-Bas, Neguac, ainsi que la mission indienne de Burnt Church. Sa première tâche fut d’organiser les paroisses, car jusqu’à son arrivée la cure dépendait de Caraquet. Il avait quelques bases sur lesquelles appuyer son entreprise puisque les habitants de Pokemouche possédaient une chapelle et une école. Le professeur, cependant, enseignait habituellement à plusieurs endroits et ne restait que six ou sept semaines d’affilée dans un village. Il y avait une chapelle en bois à Neguac, mais Burnt Church n’avait plus que les ruines de son église qui donnèrent son nom à l’établissement. La belle église de Tracadie avait été achevée en 1823 mais la communauté n’avait pas d’école. Pendant dix ans, Lafrance agrandit et reconstruisit des églises tout en assumant ses fonctions normales de curé. Il fonda également une école à Tracadie en dépit des difficultés à obtenir du personnel permanent.

L’aspect le plus remarquable de sa carrière au cours de ces dix années fut néanmoins le travail qu’il fournit pour la fondation de la léproserie de Tracadie. L’existence de la lèpre au Nouveau-Brunswick n’avait pas attiré l’attention au début du xixe siècle mais, en 1844, après que Lafrance eut conduit une délégation de notables à Fredericton pour presser le gouvernement d’agir, le lieutenant-gouverneur sir William MacBean George Colebrooke créa une commission, qui comptait entre autres Lafrance, Joseph Cunard et Alexander Rankin*, pour faire face au fléau. Cette année-là, Lafrance assista au transfert des lépreux à l’île de Sheldrake. En 1849, il s’occupa de la fondation d’un refuge permanent pour les lépreux à Tracadie [V. Charles-Marie Labillois] qui fut entretenu et amélioré jusqu’à l’abrogation de la loi sur la lèpre en 1971.

En 1852, Lafrance fut transféré à Memramcook, centre regroupant une population acadienne de 4 000 âmes ; on lui confia la charge des paroisses voisines de Petitcodiac, Irishtown, Scoudouc et Moncton. C’est là qu’en 1854 il entreprit la fondation du collège Saint-Thomas. En faisant appel à la générosité des paroissiens pour se procurer des fonds, il souligna que les Acadiens n’avaient jamais été traités avec justice en ce qui concernait l’éducation. Son grand rêve était de donner aux Acadiens leur propre élite de prêtres, de commerçants, de docteurs, d’avocats et même de juges. Pendant son séjour à Memramcook, ses efforts ne furent guère récompensés : un manque de soutien de l’épiscopat entraîna la fermeture du collège en 1862. Le dernier acte qu’il posa en tant que curé de Memramcook, en juin 1864, fut d’accueillir son successeur, l’abbé Camille Lefebvre*. Lefebvre réussit là où Lafrance avait échoué : le collège qu’il fonda cette même année sous le nom de collège Saint-Joseph deviendra plus tard l’université de Moncton.

François-Xavier Lafrance passa les trois dernières années de sa vie comme curé de Barachois. Sa mort, en 1867, survint avant que son travail dans le domaine de l’éducation ait vraiment porté des fruits ; il avait toutefois joué un rôle majeur dans l’organisation de la vie des Acadiens au cours du xixe siècle.

Naomi E. S. Griffiths

Centre d’études acadiennes, université de Moncton (Moncton, N.-B.).— L’album souvenir des noces d’argent de la Société Saint-Jean-Baptiste du collège Saint-Joseph, Memramcook, N.B. ([Moncton, N.-B., 1894]).— P.-F. Bourgeois, Vie de l’abbé François-Xavier Lafrance [...] (Montréal, 1913).— U.-J. Bourgeois, L’abbé F.-X. Lafrance, premier curé de Tracadie ([Moncton, N.-B.], 1962), où son nom est inscrit comme étant François-Xavier-Stanislas de Kostka Hienveu Lafrance.

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Naomi E. S. Griffiths, « LAFRANCE (Hianveu, dit Lafrance), FRANÇOIS-XAVIER-STANISLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lafrance_francois_xavier_stanislas_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
Année de la révision:    1977
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