RIDOUT, GEORGE, avocat et juge, né à Québec en 1791, deuxième fils de Thomas Ridout*, arpenteur général du Haut-Canada, et de Mary Campbell, décédé à Clinton, Ont., le 24 février 1871.

George Ridout fréquenta l’école de John Strachan*, à Cornwall, de 1805 à 1807 au moins, en compagnie des fils d’un bon nombre d’autres familles éminentes de York (Toronto). Par la suite, il étudia le droit dans l’étude de John Macdonell*, qui fut nommé procureur général en 1812 ; il fut reçu au barreau le 4 janvier 1813 et, l’année suivante, il siégea au tribunal d’Ancaster comme solliciteur général suppléant. En 1820, il devint membre de la Law Society of Upper Canada et il le resta jusqu’à sa mort survenue une cinquantaine d’années plus tard. Il succéda au docteur William Warren Baldwin* comme trésorier de la Law Society en 1829 et occupa ces fonctions jusqu’en 1832, période au cours de laquelle il présida à l’établissement des plans et à la construction du premier bâtiment d’Osgoode Hall, sans doute le plus important parmi les premiers édifices construits en Ontario et qui subsistent encore. Ce fut également Ridout qui joua le premier rôle dans la fondation de la bibliothèque de la Law Society. Il fut nommé juge à la Cour de district de Niagara en avril 1828 et fut renommé dans cette fonction en avril 1832.

Pendant la guerre de 1812–1814, Ridout servit dans les rangs des volontaires de York et prit part à la bataille de Queenston Heights comme troisième lieutenant d’une compagnie de grenadiers dans la milice de York. Il fut fait prisonnier le 27 avril 1813, quand les Américains occupèrent York. Au cours des années qui suivirent, il continua à s’intéresser aux affaires militaires et servit comme colonel dans la milice d’East York.

Ridout se mêla activement à la vie sociale de York ; Dorset House, l’imposante maison qu’il fit construire en 1820, demeura longtemps l’un des lieux de rencontre de la société. Toutefois, les Ridout avaient beau être l’une des plus vieilles familles de York, les opinions hétérodoxes qu’ils exprimaient fréquemment étaient suspectes à un certain nombre d’autres vieilles familles. La rivalité et la tension qui nuisaient aux bonnes relations des Ridout avec les familles de William Dummer Powell* et de William Jarvis* aboutirent, en 1817, à un duel entre John Ridout, le frère ûe Gecr ge, et Samuel Peters Jarvis*, le fils de William, au cours duquel John fut tué. La carrière sociale et politique de George Ridout demeura marquée par ces événements.

Modéré en politique, Ridout défendait en général les réformes constitutionnelles et la position prise par William Warren Baldwin et par son fils Robert* ; sa famille était d’ailleurs apparentée aux Baldwin. Toutes les fois qu’il se présenta à des élections, il fut battu ; lors des élections législatives de 1816, au cours desquelles il chercha à se faire élire député de Simcoe et de York-Est en remplacement de son père, il fut battu par Peter Robinson* qui avait l’appui de Strachan ; de même, aux élections municipales de Toronto qui eurent lieu en 1837, à l’époque de ses démêlés avec le lieutenant-gouverneur, il fut encore défait. En revanche, il lui arriva souvent de soutenir activement et efficacement la candidature des autres ; c’est ainsi qu’il aida Robert Baldwin à enlever son siège au shérif William Botsford Jarvis* lors des élections législatives de 1830 et, plus tard, en 1835, il aida Robert Baldwin Sullivan*, dans sa campagne victorieuse pour succéder à William Lyon Mackenzie* comme maire lors des deuxièmes élections municipales de Toronto.

Ridout vit ses fonctions de juge de la Cour de district de Niagara, de colonel de la milice d’East York et de juge de paix révoquées le 12 juillet 1836 par sir Francis Bond Head. « En tant que lieutenant-gouverneur, écrivit ce dernier, et sur la recommandation de mes conseillers, j’ai décidé de lui infliger cette sanction pour le punir d’être le plus acharné de mes adversaires. » Les accusations portées contre Ridout et qu’il rejeta étaient celles d’outrage à la personne et à la fonction de lieutenant-gouverneur et de désobéissance aux directives de la couronne. Cette révocation devint une affaire célèbre dans la colonie et au ministère des Colonies ; ce fut l’un des principaux chevaux de bataille politiques du Haut-Canada pendant les 18 mois qui suivirent, jusqu’à l’éclatement de la rébellion en décembre 1837. En réponse à la requête de Ridout, le ministre des Colonies, lord Glenelg, ordonna qu’il fût réinstallé dans ses fonctions. Head refusa et donna sa démission plutôt que de se soumettre à de telles instructions, « étant donné qu’il [lui était] absolument impossible d’obéir à cet ordre et de conserver en même temps [son] autorité dans la province ». La démission du lieutenant-gouverneur fut motivée principalement par cette affaire et par une autre qui lui était connexe, à savoir son refus de nommer juge Marshall Spring Bidwell comme le souhaitait Glenelg. Londres accepta cette démission dans une dépêche du 24 novembre 1837, soit une semaine avant que la rébellion ne se déclarât dans le Haut-Canada, où les gens ignoraient encore les derniers développements de cette affaire. Ainsi ce fut bien le conflit soulevé par la réintégration de Ridout, et non pas la rébellion, qui poussa Head à démissionner et, à ce titre, c’est un épisode important de l’histoire canadienne.

Ridout participa aussi très activement aux affaires municipales. Membre éminent du Bureau de santé de York, il proposa l’aménagement d’un centre d’accueil pour les malades atteints du choléra, lors de l’épidémie de 1832, et, cette même année, il présenta un rapport pour attirer l’attention du public sur l’inefficacité du Bureau de santé attribuable, selon lui, à un manque de fonds et à une autorité légale insuffisante. Il souligna fortement les avantages qu’il y avait à conserver York comme capitale de la province et il participa à l’élaboration du projet de loi qui devait conférer le statut de cité à la ville de York et en reculer les limites tout en lui donnant le nom de Toronto. Le choix de ce nom en 1834 s’explique du fait que les Ridout avaient toujours préféré l’appellation indienne et cela avait été une source perpétuelle de démêlés avec certaines vieilles familles de tories qui habitaient à York depuis ses origines.

Parmi les diverses activités de Ridout dans les affaires, mentionnons la part qu’il prit dans la création, en 1822, de la Bank of Upper Canada dont il devint l’un des administrateurs. Il fut élu au conseil de la City of Toronto and Lake Huron Railway Company en 1845.

George Ridout se maria deux fois ; il épousa en premières noces Dorothy McCuaig, de Boston, et en secondes noces, Belle Nelson. Une fille naquit du premier mariage ; quatre filles et quatre garçons naquirent du second. Samuel*, le frère aîné de George, fut shérif du comté de York, et Thomas Gibbs*, son frère cadet, fut caissier de la Bank of Upper Canada pendant plusieurs années.

Thomas H. B. Symons

MTCL, Baldwin papers.— PAO, Ridout papers ; Sir John Beverley Robinson papers ; John Strachan papers.— Head, Narrative.— Ten years in Upper Canada in peace and war, 1805–1815 ; being the Ridout letters [...], Mathilda Edgar, édit. (Toronto, 1890).— Town of York, 1793–1815 (Firth).— Town of York, 1815–1834 (Firth).— Chadwick, Ontarian families, I : 36–43.— W. R. Riddell, The legal profession in Upper Canada in its early periods (Toronto, 1916), 68–85.

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Thomas H. B. Symons, « RIDOUT, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ridout_george_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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