BURNS, KENNEDY FRANCIS, homme d’affaires et homme politique, né le 8 janvier 1842 à Thomastown (république d’Irlande), fils de Thomas E. Burns et d’Ann Ryan ; le 26 septembre 1865, il épousa à Bathurst, Nouveau-Brunswick, Harriet McKenna, et ils eurent quatre filles ; décédé le 23 juin 1895 dans la même ville.

Après avoir fréquenté l’école de son village natal, Kennedy Francis Burns immigre en Amérique du Nord britannique ; il étudie au St Mary’s College à Halifax puis à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. En 1857, il entre au service de la firme de John Burke, marchand général, à titre de commis à Chatham ; en 1861, on l’envoie à Bathurst où, deux ans plus tard, il fait l’acquisition du magasin de son patron et s’établit à son propre compte. Il s’occupe de commerce jusqu’en 1874. Cette année-là, il achète pour la somme de 1 000 $ une propriété située sur la rivière Caraquet, dans le comté de Gloucester. Cette propriété comprend un moulin à scier actionné à l’eau, qui sert de base à la nouvelle activité de Burns, l’exportation de bois d’œuvre, ainsi qu’à la formation de la K. F. Burns and Company. En 1878, il associe à son entreprise son frère Patrick et son beau-frère Samuel Adams, et la compagnie prend le nom de Burns, Adams and Company. Cette dernière fait construire à Bathurst une scierie à vapeur qui ouvre ses portes au printemps de 1880. D’une capacité de production de 60 000 pieds-planches par jour, cette scierie sera pendant plusieurs décennies l’une des plus importantes industries de Bathurst. En 1880, Adams quitte la compagnie qui reprend le nom de K. F. Burns and Company. De 1877 à 1885, on exporte en Grande-Bretagne à partir du port de Caraquet le bois scié au moulin à eau. Les quantités varient entre 2 500 000 et 4 500 000 pieds-planches par année. Durant la même période, la scierie de Bathurst produit environ le double de ces quantités, que l’on exporte du port de Bathurst. À compter de 1885, toutes les exportations de bois se feront de ce port à la suite de la construction du chemin de fer de Caraquet. En 1890, Burns forme la St Lawrence Lumber Company, dont il est président. Cette compagnie possède un moulin à Bersimis (Betsiamites, Québec) ainsi que les installations mises sur pied par Burns au Nouveau-Brunswick ; elle est financée par des capitaux britanniques et, lorsqu’en 1894 la firme Novelli, de Londres, fait faillite, elle entraîne dans sa chute la St Lawrence Lumber Company. Le frère et le beau-frère de Burns rachèteront l’actif de la compagnie l’année suivante.

Dès l’ouverture de sa première scierie, Burns est également très actif dans la Caraquet Railway Company, mise sur pied en 1874 dans le but d’établir un lien ferroviaire entre Bathurst et la péninsule acadienne dans le nord du Nouveau-Brunswick. Principal actionnaire de la compagnie, il en devient président en 1882 et obtient des subventions des gouvernements fédéral et provincial pour la construction de la ligne. La première section entre Bathurst et Caraquet est ouverte à l’automne de 1885. Rapidement, on se rend compte que le chemin de fer sert avant tout les intérêts de Burns : la ligne fait un détour de 13 milles pour se rendre à sa scierie ; le chemin de fer fonctionne surtout l’été, au moment où les scieries sont en activité, tandis que l’hiver le service est souvent interrompu. En 1889, un scandale éclate lorsque des actionnaires anglais se plaignent de manœuvres frauduleuses et de fausses représentations de la part de Burns au sujet de la construction du chemin de fer et de l’émission des actions.

Durant toute sa carrière d’homme d’affaires, Burns emploie surtout des travailleurs acadiens. Il utilise des « pitons », ou jetons, comme mode de rémunération, que les travailleurs ne peuvent échanger qu’au magasin de la compagnie. Il profite également des largesses des gouvernements en ce qui a trait aux subsides pour le chemin de fer et à l’octroi de permis pour la coupe du bois sur les terres de la couronne au Nouveau-Brunswick.

L’année 1874 marque aussi l’entrée de Burns en politique. Il se fait élire à la chambre d’Assemblée du Nouveau-Brunswick dans la circonscription de Gloucester. Son mandat est très mouvementé. En tant que catholique, il s’oppose au Common Schools Act, adopté en 1871, qui prive ses coreligionnaires de droits dont ils jouissaient sur le plan scolaire, droits consacrés par l’usage sinon par la loi. Il prend donc une part très active au fonds de défense des accusés acadiens mis sur pied à la suite de l’émeute de Caraquet en 1875, au cours de laquelle l’un des opposants à la loi et un membre de la troupe de soldats improvisés sont tués [V. Samuel Robert Thomson*]. En 1878, il quitte la politique provinciale. Quatre ans plus tard, il est élu au Parlement fédéral à titre de représentant de la circonscription de Gloucester, et l’emporte alors sur Timothy Warren Anglin, de Saint-Jean. À Ottawa, Burns se fait l’ardent défenseur de la Politique nationale de sir John Alexander Macdonald ; il doit toutefois se défendre contre les attaques d’Edward Blake* au sujet du scandale de la construction du chemin de fer de Caraquet. Nommé sénateur, en 1894, il espère devenir lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, mais sans succès.

Un des aspects intéressants de la carrière politique de Kennedy Francis Burns est le fait que cet unilingue anglophone se fait élire dans une circonscription à forte majorité acadienne. Le nationaliste acadien Pascal Poirier* maintenait que Burns devait ses succès à l’intervention de l’évêque de Chatham, Mgr James Rogers*, auprès des électeurs acadiens. À plusieurs reprises, Burns est accusé de fraudes, de conflits d’intérêts et le résultat de ses élections fait l’objet de procès. Le 23 juin 1895, il meurt à sa résidence de Bathurst des suites d’une pneumonie, ce qui vient mettre un terme à une carrière fort controversée.

Raymond Léger

AN, MG 26, C : 1404–1405 ; RG 31, C1, 1861, Gloucester.— APNB, MC 1246, II/14/3/1, « J. B. Snowball’s Miramichi Wood Circular », 1879, 1885 ; MC 1156, I : 57.— Arch. de l’évêché de Bathurst (Bathurst, N.-B.), Sainte-Famille (Bathurst), reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 6, 26 sept. 1865 (mfm aux APNB).— CEA, Fonds Edmé Rameau de Saint-Père, 2.1-30 (Pascal [Poirier] à Rameau de Saint-Père, 27 mai 1894).— Gloucester Land Registry Office (Bathurst), Registry books, 23, no 46 ; 28, nos 35–37 ; 35, no 365.— Canada, chambre des Communes, Débats, 1883 : 476–481 ; 1890 : 4602–4644.— Courrier des Provinces maritimes and Gloucester Chronicle (Bathurst), 10 mars 1887, 21 juin 1888, 30 avril 1891.— Miramichi Advance (Chatham, N.-B.), 8 nov. 1877, 21 févr. 1878, 1er janv. 1879, 15 mai, 23 déc. 1880, 29 déc. 1881, 31 janv. 1884, 22 janv. 1885.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 26 nov. 1885, 1er mars 1883.— Times (Londres), 30 mars 1889, 10 févr. 1891.— World (Chatham), 17 juin 1885.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Dictionnaire biographique du nord-est du Nouveau-Brunswick (4 cahiers parus, [Bertrand ; Shippegan, N.-B.], 1983–  ), 3 : 12–15.— A statutory history of the steam and electric railways of Canada, 1836–1937 [...], Robert Dorman, compil. (Ottawa, 1938), 146.— Raymond Léger, « l’Industrie du bois dans la Péninsule acadienne (N.-B.), 1875–1900 » (thèse de m.a., univ. de Moncton, N.-B., 1987), 33, 39–68, 73–74.— G. F. G. Stanley, « The Caraquet riots of 1875 », Acadiensis (Fredericton), 2 (1972–1973), no 1 : 36–37.

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Raymond Léger, « BURNS, KENNEDY FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/burns_kennedy_francis_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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