MacDOUGALL, sir PATRICK LEONARD, officier, auteur et fonctionnaire, né le 10 août 1819 à Boulogne-sur-Mer, France, fils unique de Duncan MacDougall et d’Anne Smelt ; le 15 juillet 1844, il épousa à Guernesey Louisa Augusta Napier, puis le 21 juin 1860, à Pimlico (Londres), Marianne Adelaide Miles, et aucun enfant ne naquit de ces mariages ; décédé le 28 novembre 1894 à Kingston Hill (Londres).

Patrick Leonard MacDougall fit ses études dans une académie militaire d’Édimbourg et au Royal Military College de Sandhurst, dans le Berkshire, en Angleterre. En 1836, il obtint un brevet de sous-lieutenant. Après avoir servi successivement dans le Ceylon Rifle Regiment, le 79th Foot (l’ancien régiment de son père) et le 36th Foot, il passa en 1844 à une unité de l’année britannique affectée en permanence au Canada-Uni, le Royal Canadian Rifle Regiment. Durant les dix années qu’il passa à Kingston et à Toronto, il s’émerveilla des possibilités qu’offraient les colonies nord-américaines et, en 1848, il publia un écrit qui vantait les avantages de l’immigration.

Nommé directeur des études au Royal Military College de Sandhurst en mars 1854, le major MacDougall fit l’année suivante du service d’état-major en Crimée avant de retourner à Sandhurst, où il se remit à écrire. The theory of war, précis publié à Londres en 1856, notamment sur des textes de Napoléon et d’Antoine-Henri Jomini, et qui remporta un vif succès, favoriserait, espérait-il, une réforme professionnelle et intellectuelle dans l’armée britannique. Dans un opuscule paru en 1857, The senior department of the Royal Military College, il prônait la création d’un collège d’état-major qui institutionnaliserait cette réforme. La même année, on autorisa la fondation de ce collège à Camberley, et il en devint le premier commandant. En 1858, il publia The campaigns of Hannibal [...].

En septembre 1861, MacDougall, devenu colonel ; quitta le Staff College et se mit à la demi-solde. Cependant, avant même la fin de l’année survint l’affaire du Trent [V. sir Charles Hastings Doyle*], qui envenima les relations de la Grande-Bretagne avec les États-Unis ; le ministère de la Guerre lui demanda alors de proposer un plan de défense pour l’Amérique du Nord britannique dans l’éventualité d’un conflit. MacDougall semblait un choix logique pour ce travail. Il avait étudié la question en 1856 à Sandhurst, était reconnu pour sa compétence en organisation et connaissait très bien le Canada. Dans son rapport, il fit valoir combien il était important que la Grande-Bretagne s’assure la maîtrise des Grands Lacs, tienne la vallée du Saint-Laurent et menace le flanc américain en envahissant le Maine. Il affirmait aussi que, pour assurer l’efficacité des milices coloniales, il fallait les embrigader avec les régiments de l’armée britannique régulière au Canada.

Toujours à la demi-solde, MacDougall vint au Canada en 1862 et précisa son plan de défense de l’Amérique du Nord britannique. Il étudia aussi la guerre de Sécession, mais on ignore s’il assista à des combats. Il rassembla ses conclusions dans Modern warfare as influenced by modern artillery, qui parut en 1864. C’était son premier ouvrage vraiment original de théorie militaire, et il y concluait que les canons rayés conféraient un avantage extraordinaire en matière de défense. Cette affirmation avait beaucoup d’importance pour le Canada, car il semblait probable que, si la milice canadienne occupait des retranchements sûrs, pouvait compter sur une forte artillerie moderne et était renforcée par des soldats de l’année britannique régulière, elle pourrait faire bonne figure devant une armée d’invasion américaine.

MacDougall reprit du service actif en mai 1865 en qualité d’adjudant général de la milice canadienne. À ce titre, il entreprit l’application de certaines des mesures et réformes qu’il avait conçues. Il dressa des plans de mobilisation et de défense, et il pressa le gouvernement d’acheter des réserves d’armes, de munitions et d’équipement. Après la débâcle de Ridgeway (Fort Erie, Ontario) en juin 1866 [V. Alfred Booker*], il ordonna à la garnison britannique et à la milice de s’entraîner ensemble. MacDougall avait grand espoir que le Canada renforcerait ses défenses et que, après la Confédération, il irait jusqu’à constituer une petite armée régulière, mais ce ne fut pas le cas. Après la guerre de Sécession et la démobilisation de l’armée de l’Union, on cessa de percevoir les États-Unis comme une menace. De plus, les hommes politiques canadiens soutenaient que, puisque la Grande-Bretagne dirigeait les relations extérieures du Canada, le gouvernement impérial devait assumer la part du lion des coûts de sa défense. Déçu de l’indifférence du gouvernement, il estimait ne plus pouvoir être d’aucune utilité et demanda qu’on le relève de ses fonctions d’adjudant général. Il rentra en Angleterre en avril 1869 et c’est le lieutenant-colonel Patrick Robertson-Ross* qui lui succéda.

La réforme de l’armée britannique continua d’être la grande préoccupation de MacDougall. De retour en Angleterre, il joua un rôle prépondérant dans la mise en œuvre du plan de réorganisation de l’armée qu’avait conçu le secrétaire d’État à la Guerre, Edward Cardwell. Il commanda les forces de réserve de 1871 à 1873 et veilla à ce que leur entraînement soit amélioré. De 1873 à 1878, il fut le premier à diriger la section des renseignements militaires au ministère de la Guerre. Il continua aussi à écrire. The army and its reserves, paru en 1869, préfigurait les réformes de Cardwell en prônant la renaissance de la milice ; Modern infantry tactics, paru en 1873, analysait les opérations menées par les Prussiens contre les Français pendant la guerre de 1870–1871. MacDougall publia aussi, dans des périodiques, des articles sur l’entraînement de l’infanterie, la sélection et l’instruction des officiers, et la tactique. Aucun de ces textes n’avançait d’idées radicales, mais tous visaient à ce que l’armée britannique soit guidée par des règles de conduite fondées sur l’étude sérieuse de la guerre.

Fait chevalier commandeur de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges le 30 mai 1877 et promu lieutenant général le 1er octobre, sir Patrick Leonard MacDougall revint au Canada en 1878, soit au plus fort de la menace d’une guerre anglo-russe, afin d’occuper le commandement en chef des troupes britanniques en Amérique du Nord. Après une période mouvementée au cours de laquelle il ne parvint pas à convaincre le gouvernement du Canada d’autoriser la constitution d’une réserve canadienne de 10 000 hommes pour l’armée britannique, son séjour au quartier général de Halifax fut sans histoires. À trois reprises (en 1878, 1881–1882 et 1882–1883), il administra le gouvernement du Canada en l’absence du gouverneur général. Rentré en Angleterre en 1883, il quitta le service actif en juillet 1885 (il était alors général) et coula des jours paisibles jusqu’à sa mort en 1894.

Stephen J. Harris

Outre les ouvrages mentionnés dans le texte, Patrick Leonard MacDougall est l’auteur de : Emigration, its advantages to Great Britain and her colonies, together with a detailed plan for the formation of the proposed railway between Halifax and Quebec, by means of colonization (Londres, 1848).

AN, RG 9, I.— Hart’s army list, 1836–1885.— Jay Luvaas, The education of an army ; British military thought, 1815–1940 (Chicago, [1964]), 101–129.

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Stephen J. Harris, « MacDOUGALL, sir PATRICK LEONARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macdougall_patrick_leonard_12F.html.

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Auteur de l'article:    Stephen J. Harris
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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