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GODFREY, GEORGE, dit Old Chocolate, boxeur, né en mars 1852 à Charlottetown, fils de William Godfrey, journalier, et de Sarah Byers ; il se maria aux États-Unis et eut six enfants ; décédé le 17 octobre 1901 à Revere, Massachusetts.
George Godfrey naquit dans un secteur misérable de l’ouest de Charlottetown, le Bog. Les Noirs y étaient très nombreux et descendaient presque tous d’esclaves amenés dans l’île dans les années 1780 par suite de la Révolution américaine. Le Bog était réputé dans la région pour sa pauvreté et sa criminalité : contrebande d’alcool et prostitution, entre autres délits. Un parent de la mère de Godfrey, Peter Byers*, fut pendu pour vol en 1815. Dans l’année qui suivit la naissance de Godfrey, son père fut trouvé coupable de vol simple et passa deux semaines en prison pour avoir volé une vache.
Godfrey apprit la boxe à Charlottetown auprès de Dick Cronin. Vers 1870, il s’installa à Boston, où il travailla comme porteur. Il jouait au baseball, s’entraînait dans un gymnase et prenait des leçons de boxe d’un certain « professeur » Bailey. Ce fut une victoire remportée dans la catégorie poids lourds à une compétition locale de boxe en 1879 qui lança sa carrière. Bien qu’il ait été plutôt âgé pour se mettre à disputer des titres (il avait alors 27 ans) et plutôt léger pour sa catégorie (il mesurait 5 pieds 10 1/2 pouces mais ne pesait que 175 livres), il allait devenir le « premier champion américain de couleur dans la catégorie poids lourds » et l’un des plus grands boxeurs au monde.
À compter de 1880, et pendant 16 ans, celui que l’on appelait Old Chocolate parcourut les États-Unis et livra une centaine de combats. L’origine de ce surnom est difficile à cerner, car Godfrey n’était pas particulièrement vieux et avait le teint plutôt clair. Son contemporain George Dixon, boxeur noir de Halifax, était surnommé Little Chocolate.
La ségrégation raciale étant alors très forte dans les milieux de la boxe, Godfrey se vit toujours refuser la possibilité de disputer un championnat en dehors de sa race, même s’il affronta bon nombre des meilleurs poids lourds de son époque, noirs ou blancs. Pendant des années, il défia le boxeur blanc John Lawrence Sullivan, mais celui-ci, tout en prétendant qu’il accepterait si le montant du prix en valait la peine, refusa toujours de combattre contre un Noir. Godfrey acquit néanmoins la notoriété après qu’un club privé de Boston eut tenté d’organiser un match entre les deux hommes que seule l’arrivée de la police empêcha d’avoir lieu, dit-on. Godfrey remporta son titre de « premier champion poids lourd américain de couleur » vers 1883 et le conserva, semble-t-il, jusqu’au 24 août 1888. Ce jour-là, à San Francisco, l’Australien Peter Jackson l’emporta sur lui après 19 rounds.
La carrière de Godfrey se termina par une victoire à Baltimore le 11 novembre 1895, mais il continua à donner des démonstrations de boxe et retourna à l’Île-du-Prince-Édouard dans ce but quelques années plus tard. En outre, il exploita un gymnase et une école de boxe à Boston et fit de judicieux investissements immobiliers dans la région. On rappelait souvent qu’il devait sa longue et belle carrière à ses habitudes de modération. Il mourut en effet de mort naturelle chez lui.
Après George Godfrey, plusieurs boxeurs noirs originaires du Bog s’établirent dans la région de Boston, notamment George (Budge) Byers, poids moyen et mi-lourd qui eut son heure de gloire au tournant du xixe et du xxe siècle. Le Noir Feab Williams, de Philadelphie, poids lourd bien connu et partenaire de William Harrison (Jack) Dempsey à la fin des années 1920, combattit sous le nom de George Godfrey, en hommage, croit-on, au boxeur de l’Île-du-Prince-Édouard.
Mass. State Dept. of Public Health, registry of Vital Records (Boston), Death records, 17 oct. 1901.— PARO, RG 6, Supreme Court, case papers, 1853, Queen v. William Godfrey.— P.E.I. Museum, Geneal. Div., File information concerning George Godfrey.— St Dunstan’s Roman Catholic Basilica (Charlottetown), RBMS, 2 : 341.— Daily Patriot (Charlottetown), 23 oct. 1901 : 5.— Journal-Pioneer (Summerside, Î.-P.-É.), 11 oct. 1972 : 4 ; 23 juin 1988 : 6.— Annuaire, I.-P.-É., 1864.— N. S. Fleischer, Black dynamite, the story of the negro in the prize ring from 1782 to 1938 (5 vol., New York, 1938–1947), 3 : 99–122.— M. T. Isenberg, John L. Sullivan and his America (Urbana, Ill., et Chicago, 1988).— D. K. Wiggins, « Peter Jackson and the elusive heavyweight championship : a black athlete’s struggle against the late nineteenth century color-fine », Journal of Sport Hist. (Chicago), 12 (1985) : 143–168.
Jim Hornby, « GODFREY, GEORGE, dit Old Chocolate », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/godfrey_george_13F.html.
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Auteur de l'article: | Jim Hornby |
Titre de l'article: | GODFREY, GEORGE, dit Old Chocolate |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |