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REGIER, PETER, fermier et évêque mennonite, né le 14 janvier 1851 à Kalteherberge (Świerznica, Pologne), fils de Peter Regier et de Maria Wiebe ; le 16 décembre 1873, il épousa Anna Enss (décédée en 1914), et ils eurent sept filles et cinq fils, puis le 3 février 1916, à Tiefengrund, Saskatchewan, Katharina Wiens, veuve de Heinrich Bahnmann et d’Abraham Dyck, et aucun enfant ne naquit de ce second mariage ; décédé le 11 avril 1925 à cet endroit.
Les Regier étaient une vieille famille mennonite de la Prusse-Occidentale. Né et élevé dans le delta de la Vistule (Wisla) près de Dantzig (Gdansk, Pologne), Peter Regier apprendrait à construire des digues dans d’anciens marécages transformés en terres arables et à y pratiquer l’agriculture. Il commença ses études à Altebabke en 1857 et entra en 1863 à la Rector School de Tiegenhof, à l’est de Dantzig. Cependant, il dut la quitter deux ans plus tard, car on avait grand besoin de lui à la ferme familiale. En juin 1867, fidèle à ses antécédents anabaptistes, il adhéra à l’Église mennonite Fürstenwerder, dont son père était l’ancien (évêque).
Même si le gouvernement prussien avait promis d’exempter les mennonites du service militaire, Regier fut conscrit en 1872 pendant la guerre franco-allemande. Après deux ans de service, il rentra chez lui, acheta une terre à Rückenau dans la région d’Elbing (Elblag) près de Dantzig et commença à l’exploiter pour son propre compte. Le 7 septembre 1879, il fut élu instituteur-diacre à l’église du groupe Rosenort des mennonites à Rückenau. Ordonné instituteur-pasteur le 18 juillet 1880, il fut élu le 30 janvier 1887 ancien de l’Église Rosenort du district d’Elbing. Dès 1893, sa charge de travail était devenue écrasante, l’avenir économique de ses enfants était incertain et des amis en Amérique du Nord le pressaient d’émigrer.
Confiants que « Dieu indiquerait le chemin », les Regier quittèrent la Prusse-Occidentale le 8 juin 1893 et arrivèrent le 1er juillet dans l’Ouest canadien, plus précisément à Gretna, au Manitoba. Après avoir laissé sa famille chez de nouveaux amis, membres de l’Église mennonite Bergthal, Regier parcourut la contrée jusqu’à Calgary et Edmonton. En échange de renseignements sur la qualité des terres du point de vue de l’agriculture et de la colonisation, il pouvait voyager gratuitement à bord des trains du chemin de fer canadien du Pacifique. Il s’acheta le lot S½-18-44-4-W3 dans la vallée de la Saskatchewan, au sud-ouest de Prince Albert (Saskatchewan), et bâtit une maison et une exploitation agricole qui devinrent le noyau d’un établissement auquel il donna le nom de Tiefengrund (sol profond). Habité par des parents de Regier et d’autres personnes venues se joindre à lui dans les années suivantes, cet établissement se transforma en une colonie prospère, composée surtout d’immigrants mennonites. Regier crut toujours en la nécessité de confier l’éducation des enfants à des maîtres compétents, et c’est lui qui, en 1896, fut à l’origine de la fondation du Tiefengrund Public School District, No. 471. Il y occupa la présidence de 1896 à 1898 et le poste de secrétaire-trésorier en 1899–1900. Sa maison en rondins servit d’école durant plusieurs années.
Les colons étaient très attachés à leurs convictions religieuses, qui leur dictaient aussi de se constituer en communauté. À titre d’ancien, Regier créa l’Église Rosenort en 1894 et parraina, dans la région de Tiefengrund, la formation de plusieurs congrégations locales affiliées à cette Église. Le premier temple fut bâti en 1896 à Eigenheim, à l’ouest de Rosthern, où quelques familles mennonites s’étaient fixées en 1891. L’église de Tiefengrund fut érigée en 1910. L’été en boghei, l’hiver en traîneau, l’infatigable Regier parcourait de longues distances pour visiter, instruire et unifier les familles. Isolés géographiquement et parmi les masses de colons d’origines diverses qui arrivaient dans l’Ouest, les mennonites risquaient de s’assimiler et de perdre leurs principes anabaptistes. Sans relâche, Regier luttait contre ces périls.
À cause de l’afflux d’immigrants que connaissait la Saskatchewan à l’aube du siècle, l’Église Rosenort avait tout intérêt à s’intégrer à d’autres congrégations mennonites, spécialement celles affiliées à l’Église Bergthal au Manitoba [V. Johann Funk* ; Gerhard Wiebe*]. Pour réaliser cette unité, Regier, qui était un visionnaire progressiste mais se définissait comme un « faible serviteur de Dieu », tint dans son jardin à Tiefengrund le 18 juillet 1902 une réunion de délégués de l’Église Rosenort et de l’Église Bergthal. Cet événement historique, que l’on appelle l’ « assemblée du jardin », amorça l’intégration des articles de foi, des principes et des visées des deux groupes religieux. Leur collaboration aboutit à la formation de la Konferenz der Mennoniten in Mittlern Kanada (Conférence des mennonites du centre du Canada) les 20 et 21 juillet 1903 à l’église Bergthaler Brethren de Hochstadt, au Manitoba.
À sa propre demande, Peter Regier quitta sa fonction d’ancien en 1913 et fut remplacé par David Toews. Il collabora avec lui pendant quelque temps et prononça son dernier sermon le 29 octobre 1922. (En 43 ans de service, il en avait prononcé 1 472.) Il fréquenta assidûment l’église jusqu’à ce qu’il succombe à une crise cardiaque le 1er avril 1925. Devenir un fermier prospère, un homme d’Église respecté et un bon voisin, telle avait été la récompense de cet homme qui avait mené une vie exemplaire, faite de foi, de travail acharné et de respect pour le tiefen Grund.
Mennonite Heritage Center (Winnipeg), Peter Regier, Tagebüch [Diary], 1851–1893.— Gerhard Ens et Lawrence Klippenstein, « Die Vorgeschichte der Konferenz der Mennoniten in Kanada », Bote (Saskatoon), nº 25 (21 juin 1978) : 1s.— F. H. Epp, Mennonites in Canada, 1786–1920 : the history of a separate people (Toronto, 1974).— Lawrence Klippenstein, « Peter Regier, churchman-farmer (1851–1925) », Mennonite Historian ([Winnipeg]), 2 (1976), nº 2/3 : 1s.— Peter Paetkau et Lawrence Klippenstein, « The Conference of Mennonites in Canada : background and origin », Mennonite Life (North Newton, Kans.), 34 (1979), nº 4 : 4–10.— P. W. Riegert, Deep earth (Regina, 1996), 1, 9–18 ; 2005 memories : a history of the Hamburg School District No. 2005, Laird, Saskatchewan (Regina, 1979), 13.— Three score years and ten with God in Tiefengrund Rosenort Mennonite Church, 1910–1980 ; reaching to its roots, 1893, Sylvia Regier, édit. (Altona, Manitoba, [1980 ?]).— Through the years with the C. W. Regiers, W. D. Regier, compil. (s.l., 1982), 9s.
Paul W. Riegert, « REGIER, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/regier_peter_15F.html.
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Auteur de l'article: | Paul W. Riegert |
Titre de l'article: | REGIER, PETER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |