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BÉLANGER, DINA (baptisée Marie-Marguerite-Dina-Adélaïde), dite Marie Sainte-Cécile-de-Rome, religieuse de Jésus-Marie, musicienne, auteure et mystique, née le 30 avril 1897 à Québec, fille unique d’Octave Bélanger, teneur de livres, et de Séraphia Matte ; décédée le 4 septembre 1929 au couvent Jésus-Marie de Sillery, Québec ; depuis mai 1990, son tombeau se trouve dans la chapelle de la maison provinciale de Jésus-Marie à Sillery.

Dina Bélanger passe sa jeunesse dans la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, qui fait partie du quartier Saint-Roch, à Québec. Elle fait ses études primaires et secondaires aux couvents de Saint-Roch, de Jacques-Cartier et au pensionnat Bellevue tenus par les Dames de la Congrégation de Notre-Dame. Dès l’âge de huit ans, elle commence des études musicales qu’elle poursuit jusqu’en 1914 avec ses éducatrices religieuses. Cette année-là, Joseph-Arthur Bernier, organiste à la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier, devient son professeur. Il décèle chez Dina un excellent talent musical dont il parle à l’abbé Omer Cloutier, curé de la paroisse. Celui-ci conseille aux parents de Dina de la faire étudier à l’Institute of Musical Art de New York. C’est ainsi que, de 1916 à 1918, Dina Bélanger fréquente ce conservatoire tout en demeurant chez les Religieuses de Jésus-Marie à l’Our Lady of Peace Residence. Elle remporte de brillants succès en musique, notamment en harmonie, qui requiert un esprit mathématique dont elle avait hérité de son père.

À son retour à Québec, Dina Bélanger habite chez ses parents, donne de brillants concerts en faveur d’œuvres de charité de Québec et assiste sa mère comme bénévole à la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. Toutefois, l’appel du Christ, qu’elle a entendu dès sa jeunesse, l’amène à tout quitter pour entrer au couvent Jésus-Marie de Sillery le 11 août 1921. Elle a 24 ans. Elle fait profession religieuse le 15 août 1923, sous le nom de Marie Sainte-Cécile-de-Rome, puis se rend à Saint-Michel (Saint-Michel-de-Bellechasse), non loin de Québec, au couvent Jésus-Marie, où elle enseigne la musique. Elle n’y demeure toutefois que cinq semaines : après avoir soigné une élève malade, elle contracte la fièvre scarlatine et doit revenir à Sillery, où la maladie dégénère, vu sa faible constitution, en tuberculose.

À partir de ce temps, Dina Bélanger consume sa vie dans l’amour et la souffrance, en enseignant par intermittence la musique aux jeunes, qui découvrent en elle une amie privilégiée du Seigneur. Elle meurt le 4 septembre 1929, à l’âge de 32 ans, après huit ans de vie religieuse.

C’est par son autobiographie, écrite à la demande des supérieures de sa communauté et publiée en 1934 sous le titre Une vie dans le Christ, que Dina Bélanger se fait connaître après sa mort. Le récit de son expérience humaine et de son cheminement spirituel fait découvrir en Dina Bélanger une mystique, c’est-à-dire une personne qui perçoit à un degré élevé la présence de Dieu en elle et dans le monde. Selon le pape Jean-Paul II, « elle avait des dons de musicienne qui l’ont sans doute préparée à l’accueil de la présence divine et à la louange qui va au-delà des mots ». D’un point de vue théologique, la vie mystique de Dina Bélanger, vécue en compagnie de Marie, est centrée sur le mystère de l’Amour, et la symbolique du cœur sert de fil conducteur pour traduire cette expérience. D’une manière originale, elle entre dans le mystère du Cœur de Jésus : le Cœur sensible ou le Sacré-Cœur où elle se « cache » dans un premier mouvement. Puis, après des épreuves intérieures, elle est introduite dans le Cœur de la Trinité où elle expérimente une union intime à la Trinité. Dans un troisième mouvement, elle perçoit le mystère du Cœur eucharistique de Jésus et son Cœur agonisant tandis qu’une mission pour les prêtres et les personnes consacrées lui est confiée par l’Esprit-Saint. Enfin, elle consume sa vie dans « l’Essence du Cœur de Dieu » dans un quatrième et dernier mouvement. Ainsi, elle vit une spiritualité christocentrique : Dina est identifiée au Christ, son « divin Substitué » qu’elle offre sans cesse au Père pour actualiser le mystère rédempteur sur la terre. Dina enrichit l’Église d’une compréhension élargie du mystère de l’Amour, dans la perspective doctrinale du Corps mystique et de l’union du baptisé à la Très Sainte Trinité. Par son témoignage prophétique, écrit à la demande de ses supérieures, elle touche les jeunes, les parents, les prêtres, les personnes consacrées, les artistes, les malades, enfin tous ceux qui, en la regardant, s’ouvrent à l’Amour.

De 1934 à 1953, 43 000 exemplaires, français et anglais, d’Une vie dans le Christ seront vendus ainsi qu’un demi-million d’extraits de l’autobiographie. Au cours de ces années, l’ouvrage sera aussi traduit en allemand, en italien, en espagnol, en tamoul et des extraits, notamment en hollandais et en chinois. La période du Deuxième Concile du Vatican marquera un certain arrêt, mais depuis 1970 l’ouvrage soulève un intérêt constant. Ainsi se réalise la promesse du Christ faite à Dina peu avant son entrée au couvent : « tu feras du bien surtout par tes écrits ».

Après la mort de Dina Bélanger, de nombreuses faveurs ont été obtenues par son intercession et le procès diocésain pour sa béatification a commencé à Québec en 1939. Elle a été béatifiée à Rome le 20 mars 1993. Première « sainte » née à Québec, berceau de la civilisation chrétienne et française en Amérique, Dina Bélanger arrive au terme d’une longue lignée de spirituels et de mystiques qui ont illustré le pays pendant 350 ans d’histoire et qui pour la plupart étaient originaires de France. Même si toute sa vie a été intérieure et cachée, elle mérite de figurer à côté des grandes mystiques des origines du pays, notamment Marie de l’Incarnation [Guyart*], Marie-Catherine de Saint-Augustin [Simon*] et Marguerite Bourgeoys*. En elle, c’est le « printemps spirituel » du pays qui revit.

Ghislaine Boucher

Les archives sur Dina Bélanger ont malheureusement été détruites dans l’incendie du couvent Jésus-Marie de Sillery, Québec, en 1983. Après la mort de Dina Bélanger, les autorités de la communauté ont fait dactylographier les manuscrits de son journal et en ont confié la publication à dom Léonce Crenier. Le texte est paru sous le titre Une vie dans le Christ : Marie Sainte-Cécile de Rome (Dina Bélanger), religieuse de Jésus-Marie (1897–1929) ; autobiographie et témoignages (2 vol., Sillery, 1934). Depuis, l’ouvrage a connu cinq éditions en français et autant en anglais, sans compter les traductions dans plusieurs autres langues.

Parmi tous les ouvrages et articles consacrés à Dina Bélanger et dont on trouve une liste partielle dans Congregatio Pro Causis Sanctorum, Beatificationis et Canonizationis servae Dei Mariae a S. Caecilia Romana (in saec. Dinae Bélanger), sororis professae e Congregatione religiosarum Iesu et Mariae (1897–1929) ; relatio e voti del congresso speciale, 25 ottobre 1988 (Rome, 1988), mentionnons : Ghislaine Boucher, Dina Bélanger, Marie Sainte-Cécile-de-Rome, 1897–1929 ; itinéraire spirituel (Montréal, 1983) ; H.-M. Guindon, Toute à toi ; Marie dans la vie spirituelle de la vénérable Dina Bélanger (Montréal, 1989) ; Irène Léger, Courage d’aimer : Dina Bélanger, religieuse de Jésus-Marie (en religion Marie Ste-Cécile de Rome), 1897–1929 (Montréal, 1986) ; Fernand Ouellette, Dina Bélanger (Saint-Laurent, Québec, 1998).

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Ghislaine Boucher, « BÉLANGER, DINA (baptisée Marie-Marguerite-Dina-Adélaïde), dite Marie Sainte-Cécile-de-Rome », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/belanger_dina_15F.html.

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Auteur de l'article:    Ghislaine Boucher
Titre de l'article:    BÉLANGER, DINA (baptisée Marie-Marguerite-Dina-Adélaïde), dite Marie Sainte-Cécile-de-Rome
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    8 oct. 2024