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CLARKE, CHARLES KIRK, psychiatre, surintendant d’asile, éducateur et administrateur d’hôpital, né le 16 février 1857 à Elora, Haut-Canada, fils de Charles Clarke* et d’Emma Kent ; le 20 octobre 1880, il épousa à Parkdale (Toronto) Margaret DeVeber Andrews (décédée en 1902), et ils eurent quatre fils et deux filles, puis le 20 juillet 1904, à Kingston, Ontario, Theresa Gallagher ; décédé le 20 janvier 1924 à Toronto.
En 1874, au sortir de l’école secondaire d’Elora, Charles Kirk Clarke commença à travailler comme aide-clinicien dans un établissement provincial, l’Asylum for the Insane de Toronto. Son engagement s’explique en grande partie par le fait que deux de ses sœurs avaient épousé des psychiatres, dont l’un était le fils du surintendant de l’asile, Joseph Workman*. Diplômé en médecine de la University of Toronto (licence en 1878, doctorat en 1879), Clarke fut nommé en 1880 surintendant médical adjoint de l’asile de Hamilton, où le personnel, dit-il, était une « horde impossible à maîtriser ». De 1882 à 1885, il exerça la même fonction au Rockwood Asylum de Portsmouth (Kingston). Las de l’administration asilaire, il décida de démissionner, mais il fut promu surintendant après le meurtre de son beau-frère William George Metcalf* par un patient en 1885. Plus tard, il dirait avoir accepté cette promotion « afin de protéger plusieurs centaines de créatures sans défense contre un larbin que les milieux politiques auraient pu catapulter à ce poste ».
Au Rockwood Asylum, Clarke ouvrit une infirmerie pour les malades en phase aiguë, instaura la thérapie par le travail et inaugura un programme de formation en psychiatrie pour les infirmières, le premier au Canada. En 1895, le Queen’s College de Kingston – qui lui décernerait un doctorat en droit en 1906 – le nomma professeur de pathologie mentale. En 1904, il devint codirecteur de l’American Journal of Insanity de Baltimore. L’année suivante, il succéda à Daniel Clark* à la direction de l’asile de Toronto. Il quitterait ce poste en 1911 pour assumer la surintendance médicale au Toronto General Hospital. Cofondateur et vice-président de la Canadian Hospital Association en 1907, il accéda l’année suivante au poste de psychiatre au Toronto General Hospital et, à l’université, aux fonctions de professeur de psychiatrie et de doyen de la faculté de médecine. En 1917, il passa de la surintendance à la direction médicale de l’hôpital. L’année suivante, il quitta l’hôpital et devint directeur médical du Canadian National Committee for Mental Hygiene. Deux ans après, il démissionna du décanat afin de consacrer toute son énergie à ce comité.
Malgré son attachement à la psychiatrie, Clarke s’intéressait à une foule de choses. Privé de deux doigts à l’âge de 15 ans à cause d’un accident de chasse, il était quand même assez habile de ses mains : il construisit entre autres des bateaux, une maison et un grand orgue. Fervent joueur de tennis, il remporta le championnat canadien du double avec le docteur William Gage en 1890. Par la suite, il se mit au golf et joua du violon au Toronto Symphony Orchestra. Certains de ses associés le tenaient pour un « causeur divertissant ». Féru d’histoire naturelle et d’ornithologie, il avait une maison d’été dans l’est de l’Ontario.
La carrière de Clarke peut se diviser en deux étapes. La première, qui dura jusqu’en 1911, se déroula dans le réseau asilaire, principal lieu d’exercice de la psychiatrie pendant la plus grande partie du xixe siècle. Les médecins de la génération de Workman étaient convaincus de ne pas pouvoir faire grand-chose pour leurs patients, sinon leur offrir un refuge en espérant une atténuation de leurs symptômes. Cependant, à l’aube du xxe siècle, un nombre croissant de psychiatres, insatisfaits de la pratique dans les asiles, commençaient à chercher ailleurs des moyens de prévenir et de traiter la maladie mentale. Il en résultait un intérêt grandissant pour la psychiatrie en consultation externe, les cliniques d’orientation infantile, la psychanalyse freudienne, la recherche scientifique sur les conditions biologiques de la maladie mentale et les mesures eugéniques telles la stérilisation et les restrictions relatives au mariage et à l’immigration. Foncièrement conservateur, Clarke ne souscrivait pas à toutes ces nouvelles orientations – y compris le freudisme et les « problèmes sexuels ad nauseam » – mais il était assez souvent à l’avant-garde.
Durant toutes les années où il travailla dans des asiles, Clarke s’employa à améliorer les conditions de vie de ses patients. Animé d’une affection sincère pour les malades mentaux, il détestait les voir mis au ban de la société. Au Rockwood Asylum, suivant l’exemple de Metcalf, de Richard Maurice Bucke* et d’autres, il s’était rebellé contre les techniques traditionnelles, avait desserré les contraintes imposées aux malades et essayait de les traiter avec humanité. Sans relâche, il tenta d’éliminer toute ressemblance entre asile et prison. Il finirait d’ailleurs par obtenir que les asiles de l’Ontario soient rebaptisés hôpitaux pour aliénés. Il ne s’opposait cependant pas radicalement à ce que l’on continue de recourir à la chirurgie gynécologique pour guérir des désordres – quoiqu’il ait protesté lorsque Richard Maurice Bucke et Alfred Thomas Hobbs, de l’asile de London, demandèrent au National Council of Women of Canada d’approuver ce type de traitement. Souvent convoqué comme témoin-expert, il affirmait que certains criminels souffraient vraiment de folie et n’étaient pas responsables de leurs actes. Par exemple, même s’il n’avait pas examiné le chef métis Louis Riel*, il diagnostiquerait chez lui une « démence paranoïaque » et affirmerait qu’il n’aurait pas dû être pendu.
Dès les années 1890, la ferveur de Clarke s’était mise à tiédir. Maintes fois, en vain, il avait pressé le gouvernement d’adopter des mesures en faveur de l’amélioration des soins et d’y affecter plus de ressources. Sa force physique lui avait permis de survivre à des attaques de patients, mais il avait l’impression de voir arriver trop de malades incurables et violents. En fait, il s’intéressait de plus en plus à la psychiatrie préventive ou, comme on disait alors, à l’hygiène mentale. Il publiait régulièrement des articles savants dans des périodiques et rêvait de fonder un institut où, libéré des tracasseries administratives, il pourrait à loisir soumettre les patients à des examens approfondis et superviser l’étude scientifique des maladies mentales. Sans nul doute, il aurait excellé dans un tel contexte : en matière de désordres psychiatriques, peu de médecins avaient un regard clinique plus perçant que le sien. Son modèle était la clinique munichoise du psychiatre allemand Émile Kraepelin.
Lorsqu’il accepta de diriger l’asile de Toronto, en 1905, Clarke espérait pouvoir réaliser son rêve. Soutenu par le secrétaire de la province, William John Hanna*, il fit des recherches sur le projet et alla avec d’autres, en 1907, visiter des établissements psychiatriques en Europe. Finalement, ses attentes ne se concrétisèrent pas, quoiqu’il ait adopté la classification des maladies mentales de Kraepelin en 1909. Selon lui, son échec était en partie attribuable aux hommes politiques et à des rivaux parmi les neurologues d’hôpital, mais surtout à ses collègues en psychiatrie asilaire. Si cette accusation est juste, on voit mal comment on pourrait leur reprocher de s’être plaints : Clarke voulait monopoliser les patients les plus intéressants et les plus susceptibles de bien réagir aux traitements, et répartir les autres entre les asiles publics.
En démissionnant de l’asile de Toronto en 1911, Clarke entama la transition qui devait déboucher sur la seconde étape de sa carrière, consacrée à la prévention des maladies mentales et à la consultation externe. En 1909, il avait ouvert une clinique externe au Toronto General Hospital, sous la direction du brillant docteur Ernest Jones. Cette clinique ferma ses portes en 1913, au départ de Jones et en attendant l’achèvement d’un nouveau complexe hospitalier, mais la Social Service Clinic fut inaugurée au printemps de 1914. Clarke, Clarence Meredith Hincks* et d’autres psychiatres y posaient des diagnostics sur de jeunes gens et jeunes femmes agités que leur envoyaient les écoles, tribunaux et agences d’assistance sociale de Toronto. Toujours intéressé à la politique provinciale sur les handicapés mentaux, Clarke avait participé en 1912 à la fondation de la Provincial Association for the Care of the Feeble-Minded. En même temps que cet organisme plaidait en faveur d’une amélioration des soins, Clarke et d’autres blâmaient le gouvernement d’hésiter à séparer les « imbéciles » de leur famille.
La guerre de 1914–1918, dans ses premières années, absorba une bonne part de l’attention de Clarke. Le service militaire dégarnissait le personnel du Toronto General Hospital, qui se remplissait peu à peu de soldats démobilisés. En 1915, l’année même où il fit œuvre de pionnier en fondant une clinique antivénérienne, Clarke aida à organiser l’unité de l’Hôpital général canadien no 4, qui alla outre-mer. En 1918, il devint psychiatre consultant auprès du district militaire no 2 (Toronto et le centre de l’Ontario). L’année suivante, le ministère fédéral du Rétablissement civil des soldats confia à Clarke et à l’un de ses propres psychiatres, le capitaine Clarence B. Farrar*, le mandat d’inspecter les asiles de tout le pays, en partie pour inciter les provinces à aider davantage les anciens combattants atteints de troubles mentaux. En Ontario, les deux médecins durent affronter la résistance du cabinet du secrétaire de la province, William David McPherson, qui, sachant Clarke porté sur la critique, faisait valoir que seuls les inspecteurs provinciaux étaient habilités à visiter les hôpitaux ontariens. Selon Farrar, Clarke était persona non grata auprès du gouvernement provincial.
Pendant la guerre, Clarke revint sur une question qui le préoccupait depuis quelque temps. À compter de 1900, poussant jusqu’à l’extrême la médecine préventive, il s’était signalé comme l’un des plus fermes et bruyants critiques de l’immigration canadienne. Entre la fin du xixe siècle et le conflit mondial, le nombre de nouveaux arrivants monta en flèche : de 21 716 en 1897, il passa à 400 870 en 1913. Par conséquent, une quantité croissante de patients d’origine étrangère se mirent à faire leur apparition dans les asiles ontariens. Clarke en voyait beaucoup plus à Toronto qu’il n’en avait vu au Rockwood Asylum, et la composition de cet afflux de nouveaux malades l’inquiétait. Parmi les 1 244 597 arrivés de 1900 à 1909, 315 151 venaient du centre et de l’est de l’Europe. Des renseignements pour la plupart anecdotiques laissaient croire qu’un fort pourcentage d’entre eux souffraient de troubles mentaux héréditaires. On se mit donc à examiner le droit canadien en matière d’immigration. Avant 1902, il n’y avait pour ainsi dire pas d’inspections médicales aux points d’entrée, et les lois sur la déportation étaient inadéquates. Même quand on commença à faire des inspections, les médecins et les installations étaient trop peu nombreux aux ports les plus achalandés. Des amendements ultérieurs à la Loi sur l’immigration corrigèrent la situation dans une certaine mesure, mais des médecins inspecteurs et des fonctionnaires de l’hygiène publique faisaient valoir qu’une quantité encore trop grande d’immigrants mentalement et physiquement handicapés continuaient d’entrer au pays. Clarke était de cet avis et il le fut encore davantage après avoir inspecté, en 1901, l’hôpital pour aliénés de New Westminster, en Colombie-Britannique, où se trouvaient un assez grand nombre de patients d’origine chinoise. En 1905, il intensifia ses pressions en faveur de la nomination d’un plus grand nombre de psychiatres mieux formés aux postes de médecins inspecteurs. Il commença en outre à publier des articles sur l’immigrant « anormal et aliéné ». Cependant, en 1907–1908, comme il le rappellerait plus tard, il se trouva « au centre d’une désagréable controverse, car les faits et chiffres présentés ne plaisaient pas aux politiciens pragmatiques qui voulaient gagner le suffrage du nouvel immigrant récemment arrivé ». Concluant que le temps de passer à l’offensive n’était pas encore venu, il baissa le ton.
En 1916, Clarke sentit que le changement de conjoncture avait ranimé l’opinion publique. Il se lança à nouveau dans le débat sur l’immigration. Bon nombre de Canadiens estimaient alors que l’on était en train de sacrifier les meilleurs jeunes gens du pays sur les champs de bataille d’Europe alors que les moins aptes restaient au Canada et faisaient des enfants semblables à eux. Avec le temps, la crainte de voir arriver des étrangers inaptes une fois la guerre terminée s’intensifierait. La Provincial Association for the Care of the Feeble-Minded mit fin à ses activités en 1918 quand Clarke, Hincks et Helen MacMurchy*, entre autres, fondèrent le Canadian National Committee for Mental Hygiene, dont la mission, à l’époque, était de prodiguer des soins psychiatriques aux soldats. Le comité privilégiait la prévention, y compris le tri des immigrants. Pour lui, l’immigration était l’une des principales sources de dégénérés mentaux (et donc de vice, de maladie et de chômage). Percevant un intérêt croissant pour la santé mentale vue de cette façon, Clarke se dit que le moment était venu de recommencer à faire pression sur Ottawa. Il puisa dans la masse de documents sur l’immigration qui existait aux États-Unis, et dont une bonne part était issue du mouvement eugénique, alors très en vogue en Amérique du Nord. (Créé en 1883 en Grande-Bretagne, le terme eugenics, devenu la même année « eugénique » en français, désigne l’étude de l’hérédité et la production de descendants sains par la prévention de maladies congénitales.) Gagné à cette théorie comme la plupart des médecins de son temps, Clarke avait la conviction que beaucoup de pays européens essayaient de se débarrasser de leurs citoyens aliénés et autrement « anormaux » en les envoyant au Canada ou aux États-Unis, où, en se reproduisant, ils constituaient une menace nationale.
Clarke utilisa divers moyens pour amener l’opinion publique et les milieux officiels à prendre conscience des dimensions eugéniques de l’immigration. Réceptif, le Public Health Journal de Toronto publia en 1916 sa dénonciation de l’« immigrant anormal » et en 1918 sa théorie sur la débilité mentale en tant que fondement de la criminalité. Clarke lui-même fit circuler parmi les députés fédéraux des exemplaires de son roman inédit, The amiable morons (les Gentils Crétins), où il parlait, en termes à peine voilés, de Valentine Shortis*, immigrant irlandais qui en 1895 avait tué deux hommes et en avait blessé un troisième sans émotion ni mobile apparents. Au procès de Shortis, Clarke avait témoigné que l’accusé était un dégénéré héréditaire et qu’il était aliéné au moment des meurtres. Le manuscrit, dont pas un éditeur ne voulait, mettait en évidence le lien entre immigration et maladie héréditaire.
Sensible aux pressions de Clarke et du Canadian National Committee for Mental Hygiene, le Parlement amenda la Loi sur l’immigration en 1919. Clarke n’était pas encore satisfait. Les médecins inspecteurs conservaient un rôle purement consultatif ; ils remplissaient des formules, mais c’était des fonctionnaires qui décidaient des admissions. Souvent, à la demande des autorités gouvernementales, ces fonctionnaires ne tenaient pas compte des règles d’entrée. Pour Clarke et bien d’autres psychiatres, le système resterait inefficace tant que l’on n’affecterait pas d’inspecteurs à l’étranger, aux ports d’embarquement – ce qui se ferait seulement à compter de 1928.
Après 1919, Clarke avait toujours un auditoire. À partir de données recueillies sur les immigrants à sa clinique torontoise, il produisait des statistiques. De nos jours, on les juge douteuses et peu représentatives, mais à l’époque, bien des milieux les acceptaient sans discussion. La relation qu’il établissait entre débilité mentale, immigration et dégénérescence nationale, souvent en la dramatisant, apportait de l’eau au moulin de certains réformateurs moraux, Charlotte Elizabeth Hazeltyne Whitton* par exemple, trop heureux d’avoir une légitimation « scientifique » pour une politique d’immigration extrémiste, voire « nativiste ». En 1920, un organisme de l’Église presbytérienne, le Canadian Council for the Immigration of Women, accueillit très favorablement les thèses de Clarke et ses propositions en vue d’écarter les enfants juifs fuyant la famine en Ukraine. La même année, à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, à l’occasion de l’arrivée du premier contingent d’orphelins envoyé au Canada depuis la guerre par les refuges de Thomas John Barnardo, Clarke monta une démonstration publique pour illustrer ses préférences et renforcer ses arguments. Même si ces enfants avaient fait l’objet d’examens attentifs en Angleterre, Clarke et « une pléiade de médecins experts » leur firent subir des « tests complets » à l’issue desquels ils adressèrent aux responsables des « félicitations sur la qualité supérieure des enfants ».
La croisade de Clarke aide à comprendre comment, invité à prononcer la prestigieuse conférence Maudsley devant la Royal Medico-Psychological Association en Angleterre le 24 mai 1923, il put annoncer que l’immigration avait poussé le Canada au bord de la crise. L’émigration vers les États-Unis « saignait [le pays] à blanc » ; en même temps, on le remplissait en y faisant entrer à flots des déficients, dont un grand nombre de Britanniques. Cette conférence montre que la question l’obsédait presque. Il faisait campagne avec tellement de zèle qu’il se mit à dos bon nombre de dirigeants provinciaux et fédéraux. Parfois acerbe, belliqueux et opiniâtre, il se montrait rarement diplomate quand il s’agissait d’immigration et d’autres questions qui lui tenaient à cœur. Pour lui, ces aspects de l’hygiène publique avaient une importance vitale ; on ne pouvait changer les mentalités sans déployer autant d’ardeur. Toutefois, à la fin des années 1920, la profession psychiatrique commençait à prendre ses distances par rapport à l’eugénique grossière que lui et le Canadian National Committee for Mental Hygiene préconisaient.
Bien que, à compter de 1918, Clarke ait beaucoup participé aux activités de ce comité, d’autres engagements contribuèrent à sa renommée. Après bien des controverses, sa campagne en faveur d’une véritable clinique psychiatrique aboutit en 1921 au choix d’un emplacement place Surrey, près du Toronto General Hospital et de l’université. En 1923, Clarke assista à la pose de la première pierre du Toronto Psychiatric Hospital. Mandaté cette année-là pour procéder à une évaluation d’un asile privé situé non loin de Guelph, la Homewood Retreat, il mit en évidence la dégradation de ses installations pour aliénés en phase aiguë ainsi que les dangers d’un recours plus intensif à la contention chimique et mécanique. Dans les années 1920, deux de ses enfants œuvrèrent dans le même domaine : Eric Kent était psychiatre au service d’hygiène de Toronto tandis qu’Emma DeVeber, infirmière qui avait servi outre-mer et travaillé à la clinique du Toronto General Hospital, supervisait les soins infirmiers en hygiène mentale à la municipalité. De confession anglicane (sa deuxième femme, Theresa Gallagher, était catholique), Clarke mourut d’une maladie cardiovasculaire en 1924 et fut inhumé au cimetière Mount Pleasant. L’Institut psychiatrique Clarke de Toronto, qui été baptisé en son honneur en 1966, est devenu à la suite d’une fusion en 1998 le Centre de toxicomanie et de santé mentale.
En militant pour une réforme de la santé publique, Charles Kirk Clarke alla jusqu’à prôner des mesures eugéniques punitives. Ces excès en disent moins long sur lui que sur son époque. S’il orienta des conclusions cliniques à des fins eugéniques, c’était en partie à cause de l’inexactitude des diagnostics d’arriération mentale. Dans les cas où la symptomatologie était mieux définie – entre autres la démence précoce (schizophrénie) –, il se trouvait en terrain plus solide. Ses publications scientifiques et l’adoption de la classification de Kraepelin attestent qu’il possédait des connaissances et des compétences beaucoup plus pures en psychiatrie. En outre, il contribua fortement à bon nombre des changements survenus dans sa discipline, surtout la rupture avec les asiles. Clarke fut le mentor de certains des plus brillants psychiatres canadiens de la génération suivante, y compris Hincks et Farrar, qui ont connu une réputation internationale. Pour eux, il était « le père de la psychiatrie canadienne ».
On peut trouver des sources manuscrites pour l’étude de la vie de Charles Kirk Clarke à un certain nombre d’endroits. Le fonds C. K. Clarke dans les Centre for Addiction and Mental Health Arch., rue Queen, à Toronto, contient un grand nombre de documents publiés et non publiés de Clarke. À BAC, RG 76 et aux AO, RG 63, on trouve de l’information sur la participation de Clarke au débat sur l’immigration. La correspondance de Clarke avec d’autres psychiatres nord-américains est éparpillée dans diverses collections, dont les papiers G. A. Blumer conservés à l’Isaac Ray Medical Library, au Butler Hospital, Providence, R.I., et les papiers Adolf Meyer aux Alan Mason Chesney Medical Arch., Johns Hopkins Medical Institutions, Baltimore, Md.
Clarke a publié un livre, A history of the Toronto General Hospital [...] (Toronto, 1913), et de nombreux articles, dont certains sont répertoriés dans Cyril Greenland, Charles Kirk Clarke : a pioneer of Canadian psychiatry (Toronto, 1966). Il a rédigé des articles pour des revues médicales, notamment les suivantes : American Journal of Insanity (Baltimore), Canadian Journal of Mental Hygiene (Toronto), Journal of Mental Science (Londres), Public Health Journal (Toronto) et Bull. des Ontario Hospitals for the Insane (Toronto). Clarke a aussi écrit l’avant-propos du livre de William George Smith intitulé A study in Canadian immigration (Toronto, 1920). [i. d.]
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Ian Dowbiggin, « CLARKE, CHARLES KIRK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_charles_kirk_15F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/clarke_charles_kirk_15F.html |
Auteur de l'article: | Ian Dowbiggin |
Titre de l'article: | CLARKE, CHARLES KIRK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |