Titre original :  Source: The Leader-Post, Regina, Saskatchewan, Canada, Saturday, May 10, 1930 - page 17.

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FORSTER, ROBERT FRANCIS, prêtre catholique, basilien, éducateur et supérieur général, né le 16 mai 1873 près de Simcoe, Ontario, fils de John Forster, fermier, et de Rosanna Harvey ; décédé le 11 novembre 1929 à Montréal.

Robert Francis Forster fréquenta des écoles locales avant d’entrer en 1890 dans un établissement tenu par les basiliens, l’Assumption College de Sandwich (Windsor). Ce « garçon qui semblait toujours profiter pleinement de la vie » y termina brillamment ses études classiques en raflant presque tous les prix à la remise des diplômes. Petit pour son âge, il avait néanmoins une forte personnalité et une redoutable assurance. C’était un meneur d’hommes, habile et infatigable dans les débats. Sa détermination à gagner ses adversaires à sa cause caractériserait tout son ministère.

Après l’obtention d’un diplôme d’études, Forster resta à l’Assumption College pour faire deux années de philosophie, puis, durant une autre année, il y étudia la théologie et y enseigna aux plus jeunes. Entré en 1897 au noviciat des pères de Saint-Basile à Toronto, il reçut les ordres le 30 juin 1901. Il enseigna les belles-lettres au St Michael’s College de Toronto de 1901 à 1903, après quoi il fut nommé supérieur du St Basil’s College de Waco, au Texas. De retour à l’Assumption College en 1907 en qualité de supérieur, il y resta jusqu’en 1919.

Forster était un administrateur tout à fait moderne : pour lui, le changement était inévitable et sain. Il fit sortir le programme de l’Assumption College du xixe siècle. Sans tarder, il ajouta une quatrième année au secondaire, ce qui permit aux élèves d’obtenir le diplôme de cours secondaire de quatre ans conformément aux règlements provinciaux [V. John Seath*]. En outre, il se montra favorable à l’affiliation de la division collégiale (ou département des arts) de l’Assumption College à la Western University of London, en Ontario. Il serait parvenu à la réaliser dès 1909 si le diocèse de London n’avait pas été vacant ; il dut plutôt en laisser l’initiative au nouvel évêque, Michael Francis Fallon*. Pour diverses raisons, ce dernier signa le contrat d’affiliation seulement en 1919, et encore, à cause d’un malentendu sur le futur emplacement de la division collégiale. Fallon voulait que cette division soit transférée à la Western University, où s’installerait aussi le collège féminin des ursulines de Chatham. Forster tenait tout autant à ce que la division collégiale reste à Sandwich. Autrement, l’école secondaire risquait la faillite, et tous les efforts déployés par les basiliens pour ériger le campus de Sandwich seraient réduits à néant. En dépit de cette querelle, l’affiliation fut un gigantesque pas en avant. Elle permit aux diplômés de l’Assumption College d’avoir des grades universitaires reconnus.

Au collège même, Forster faisait preuve d’un incroyable dynamisme. Il élimina la dette de la chapelle bâtie par son prédécesseur, remplaça l’éclairage au gaz par l’électricité, rénova les édifices construits en 1875 et en 1884 par le supérieur Denis O’Connor* et, malgré l’ingérence constante de Victorin Marijon, supérieur général des basiliens à compter de 1910, il finança la construction de trois installations dont le collège avait grand besoin : un gymnase, un dortoir et une chaufferie centrale. Il fit grimper le nombre d’inscriptions au maximum et l’aurait fait augmenter davantage n’eussent été la Première Guerre mondiale, la pandémie de grippe espagnole en 1918 et la décision de Mgr Fallon de retirer ses diocésains du collège. Forster connaissait le nom et le lieu d’origine de tous les élèves et surveillait leurs progrès. Il s’inquiétait particulièrement de ceux qui combattaient outre-mer et prenait le temps de répondre à leurs lettres. Il dota le bureau de réception du collège d’une machine à écrire et instaura l’habitude de faire des copies au carbone. Il tapait lui-même toute sa correspondance. Les riches archives qu’il a laissées dénotent un esprit logique, au fait de tous les détails relatifs à sa communauté religieuse et à son pensionnat.

Forster était entré chez les basiliens à une époque où de vives tensions opposaient les membres français de la communauté aux membres canadiens et américains anglophones. Selon le père Thomas James Hanrahan, les Français croyaient que la « vie religieuse consistait précisément à accepter volontairement, toute la vie durant, d’obéir à l’autorité du supérieur ». Les Nord-Américains s’appuyaient plutôt sur les règles et traditions de la communauté. Dans leur esprit, celle-ci était une démocratie dont le supérieur n’était que le chef. Une sorte de compromis fut conclu au chapitre général de 1910. La communauté des basiliens se divisa en deux provinces, une française et une nord-américaine. Chacune serait gouvernée par un provincial, et l’ensemble serait gouverné par un supérieur général. Cependant, ce réaménagement ne fit qu’aggraver les conflits.

En 1911, Forster fut nommé membre du conseil provincial de l’Amérique. Il fut élu provincial cinq ans plus tard (et resta supérieur de l’Assumption College, sans doute par conviction que l’établissement avait besoin de lui pendant les années de guerre), puis fut réélu en 1919, année où il s’installa à Toronto. Dès son entrée au conseil, il avait fait savoir que la seule façon de mettre un terme à « l’administration tyrannique, absolue et inconstitutionnelle de frère Marijon » était que celui-ci quitte la fonction de supérieur général et que la communauté ait un gouvernement indépendant dans chaque province. Rome le blâma pour sa sévérité, mais il finirait par gagner la partie. En 1914, Rome demanda et obtint la démission de Marijon et, en 1922, en réponse à une pétition de la province française, émit un décret qui établissait la Congrégation des prêtres de Saint-Basile du diocèse de Viviers, en France, et la Congrégation des prêtres de Saint-Basile de Toronto. La même année, Forster devint le premier supérieur général de la congrégation de Toronto ; il serait réélu en 1928.

Dans les années immédiatement antérieures à sa première élection, Forster eut comme principal objectif de récrire les constitutions de la congrégation torontoise afin de les rendre conformes à la règle de toutes les autres communautés catholiques. Son étude du Code de droit canonique de 1917 l’avait convaincu, en particulier, que Rome continuerait de rejeter les constitutions – donc de refuser que les basiliens forment une véritable congrégation religieuse, et non pas seulement une confrérie de prêtres – si elles n’exigeaient pas que tous les membres se lient par un simple vœu de pauvreté.

Forster récrivit les constitutions tout seul, à temps pour la réunion du chapitre général en août 1922. Par la suite, il supervisa leur amendement. Rome donna son approbation le 7 mai 1923, mais il fallut encore un an à Forster pour consulter chacun des membres au sujet du vœu de pauvreté et de l’à-propos d’abandonner des conventions souples en faveur d’une règle écrite et claire exigeant une stricte observance. En fin de compte, la plupart des membres prononcèrent le nouveau vœu de bon gré. Rome suggéra des modifications aux constitutions en 1928 et donna son approbation finale dix ans plus tard. Pour la première fois depuis leur fondation en France en 1822, les basiliens avaient vraiment le statut de communauté religieuse.

Entre-temps, Forster avait poursuivi son œuvre éducative. Il réussit à garder la division collégiale à Sandwich en obtenant de Rome en 1925 un jugement décisif contre Fallon. En 1926, il acheta, rue St Mary à Toronto, un bâtiment pour les scolastiques basiliens. En 1927, il envoya des basiliens enseigner à l’Aquinas Institute de Rochester, dans l’État de New York. En 1928, il ouvrit la Catholic Central High School à Detroit. En outre, il appuya les changements à l’organisation du St Michael’s College qui débouchèrent en 1929 sur la fondation de l’Institute of Mediaeval Studies sous la direction du père Henry Carr*.

Robert Francis Forster mourut par noyade en novembre 1929 à Montréal. Pendant qu’il attendait qu’un bateau accoste, il perdit pied dans le noir et glissa dans l’eau sans que personne s’en aperçoive. Son corps ne fut retrouvé qu’au printemps. Il fut inhumé au cimetière Mount Hope à Toronto. Par son dévouement à l’éducation catholique, il inspira une génération de dirigeants basiliens. En aidant sa confrérie à obtenir le statut de communauté religieuse, il lui garantit croissance et prospérité durant des décennies et gagna le titre de « second fondateur » de la congrégation.

Michael Power

General Arch. of the Basilian Fathers (Toronto), c. 314 1929.3 (R. F. Forster file), y compris une copie dactylographiée d’un article non daté paru dans le Bay City Daily Times (Bay City, Mich.) et un tableau généalogique manuscrit.— Evening Record (Windsor, Ontario), 22 juin 1893.— Henry Carr, A sketch of the late Very Reverend Father Francis Forster, c.s.b. (allocution prononcée au service funèbre du père Forster à l’église St Basil, Toronto, 12 mai 1930 ; publiée à compte d’auteur ; exemplaire aux General Arch. of the Basilian Fathers).— A documentary history of Assumption College [...], éd. et introd. par Michael Power (4 vol., [Windsor], 1984–1989), 3 (Assumption College : the making of a modern school, 1890–1919, 1986).— T. J. Hanrahan, The Basilian Fathers (1822-1972) : a documentary study of one hundred and fifty years of the history of the Congregation of Priests of St. Basil (Toronto, 1973).— W. E. Kelly, « Father Forster : a sketch of the president of Assumption College », Canadian Magazine, 48 (nov. 1916–avril 1917) : 289–292.— K. J. Kirley, The Congregation of Priests of St. Basil of Viviers, France, 1922–1955 (Toronto, 1981) ; 1922 : before and after ([Toronto], 1992).— Michael Power, « Fallon versus Forster : the struggle over Assumption College, 1919–1925 », SCHEC, Hist. studies, 56 (1989) : 49–66.— R. J. Scollard, Dictionary of Basilian biography : lives of members of the Congregation of Priests of Saint Basil from its beginnings in 1822 to 1968 (Toronto, 1969), 59.— « Very Reverend Francis Forster, c.s.b. (1873–1929) », Basilian Newsletter (Toronto), nº 15 (nov. 1979) : 2.

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Michael Power, « FORSTER, ROBERT FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/forster_robert_francis_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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