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HILL, GEORGE WILLIAM, tailleur de marbre, sculpteur et professeur, né le 8 mai 1861 à Shipton (Danville, Québec), fils de George Taylor Hill et d’Eleanor A. Carty ; le 16 avril 1895, il épousa à Granby, Québec, Elsie Annette Kent, et ils eurent au moins un fils et deux filles ; décédé le 17 juillet 1934 à Outremont (Montréal) et inhumé deux jours plus tard au cimetière Mont-Royal, dans la même ville.
Après ses études au St Francis College de Richmond, George William Hill travaille durant huit ans comme tailleur de marbre avec son père. Il exerce ce métier à titre de sculpteur en chef pendant la majeure partie du temps. En mars 1887, il fréquente la classe de modelage d’Olindo Gratton* à l’école du Conseil des arts et manufactures de la province de Québec à Montréal, en même temps que le peintre Maurice Galbraith Cullen. Admis à l’École nationale des beaux-arts de Paris, il y commence sa formation, le 11 juin 1889, avec Jean-Paul Laurens et Léon Gérôme, peintres, et Alexandre Falguière, peintre et sculpteur. La même année, à l’académie Julian, le sculpteur Henri-Michel Chapu lui donne des cours. Hill se forme aussi auprès du sculpteur Jean-Antoine Injalbert à l’académie Colarossi. Les artistes canadiens George Agnew Reid*, William Brymner*, Joseph-Charles Franchère, Joseph Saint-Charles, William Edwin Atkinson, Albert Curtis Williamson, Charles Gill* et Cullen étudient à Paris pendant la même période.
De retour à Montréal en 1894, Hill installe son atelier de sculpture dans la ruelle Saint-David, et travaille avec les architectes William Sutherland et Edward Maxwell*. Il exécute pour eux des décors intérieurs sculptés dans des résidences privées, comme celle de Louis-Joseph Forget*, rue Sherbrooke. De plus, il crée des modèles d’ornements et le fronton du Palais législatif de la Saskatchewan à Regina (1911–1912). Cette collaboration dure jusqu’à la Première Guerre mondiale. Entre 1898 et 1912, Hill compte le sculpteur Elzéar Soucy parmi ses nombreux assistants.
En 1897, Hill a livré son premier monument, le Lion de Belfort, commandé par la Compagnie canadienne d’assurance sur la vie, dite du Soleil, pour souligner le jubilé de diamant de la reine Victoria. Le monument, dont le piédestal en granit rose dessiné par l’architecte Robert Findlay reçoit une fontaine à boire, est surmonté d’un lion allongé en bronze. Cette figure est une réduction de l’œuvre du sculpteur français Frédéric-Auguste Bartholdi, située au pied de la citadelle de Belfort, en France. Puis, en décembre 1902, Hill remporte son premier concours : devançant des confrères canadiens et américains, il obtient le contrat pour effectuer le Monument aux héros de la guerre des Boers (aussi connu sous le nom de Monument à lord Strathcona [V. sir Donald Alexander Smith*]), qui nécessite plusieurs allers-retours entre Montréal et Paris, où il ouvre un atelier afin d’y réaliser l’œuvre coulée à la réputée maison Barbedienne. Dévoilée en 1907 au square Dominion (Dorchester) à Montréal, tout comme l’a été le Lion de Belfort, la statue équestre, toujours la seule à Montréal au début du xxie siècle, connaît un immense succès et assure la renommée de son auteur. En fait, elle constitue probablement son œuvre la plus achevée, où la grande cohésion entre la statue équestre et son piédestal procure l’équilibre des formes. La maîtrise dans le rendu du cheval cabré, le soin apporté aux détails anatomiques et la figure du soldat qui contrebalance l’ensemble sont autant d’éléments qui assurent la qualité de la sculpture, tandis que la représentation du groupe en pleine action crée une tension dramatique qui dynamise le monument. En 1908, Hill installe son atelier au 255, rue de Bleury, où est aussi Brymner. Le peintre Edmond Dyonnet s’y établira en 1916.
Tout en continuant à travailler pour les Maxwell, Hill réalise pour la ville de London, en Ontario, un autre monument pour commémorer les soldats morts à la guerre des Boers. Celui-ci est dévoilé en 1912, pendant qu’il prépare George Brown (1818–1880) [V. George Brown*], monument qui s’élèvera sur la colline parlementaire à Ottawa en 1913.
Toujours en 1912, Hill remporte le prestigieux concours pour l’érection d’un monument à sir George-Étienne Cartier* au pied du mont Royal, à Montréal, afin de souligner le centenaire de sa naissance. Pour réaliser les sculptures qui composent l’œuvre, il installe un atelier à Bruxelles, à proximité de la Compagnie des bronzes qui coule les statues. La Première Guerre mondiale retarde cependant l’inauguration du monument jusqu’en septembre 1919, car une figure reste bloquée à Bruxelles. Comme ils l’ont fait pour le piédestal du Monument aux héros de la guerre des Boers, les frères Maxwell en dessinent la base et aménagent le square qui le reçoit. Le Monument à sir George-Étienne Cartier, avec ses 100,98 pieds de haut et ses 18 figures coulées en bronze, ne possède pas d’équivalent au Québec. De plus, pensé dans le cadre de projets d’embellissement de la ville, il a été avantageusement installé dans un espace approprié. Toutefois, ces éléments ne réussissent pas à masquer un problème inhérent à l’œuvre, et qu’on lui a toujours reproché : la représentation de Cartier se trouve littéralement écrasée par une trop grande colonne surmontée d’une Renommée colossale qui lui vole la vedette. Les villes de Québec (1920), de Saint-Antoine-de-Padoue (Saint-Antoine-sur-Richelieu) (1919) et de Winnipeg (1922) apprécient suffisamment l’œuvre pour lui commander des monuments, plus modestes certes, en hommage à Cartier. Devant l’engouement, le sculpteur n’hésite pas à faire fondre 12 bustes de petit format de l’homme politique, dont 2 seront offerts à sir Robert Laird Borden et à sir Lomer Gouin* par le comité du centenaire Cartier.
À l’instar de nombreux confrères, Hill obtient, à la fin de la Première Guerre mondiale, plusieurs contrats de la part des villes qui veulent rendre hommage à leurs concitoyens morts sur les champs de bataille. Entre 1920 et 1930, il conçoit donc des monuments pour les villes suivantes : Toronto, Ottawa et Morrisburg, Montréal-Ouest, Magog, Westmount, Lachute, Richmond et Sherbrooke, Charlottetown et Pictou, en Nouvelle-Écosse. Son monument à Thomas D’Arcy McGee* est dévoilé en 1922 sur la colline parlementaire à Ottawa. En 1931, Hill inaugure le monument en l’honneur d’Harold Fisher, commandé par un groupe de citoyens de la même ville pour souligner la contribution de l’ancien maire (1917–1920) à la fondation du Civic Hospital. Dans la production de l’artiste, le Monument à la mémoire des infirmières (1926), intégré au Hall d’honneur de l’édifice du Centre du Parlement, se distingue : il s’agit d’un bas-relief en marbre de Carrare, que Hill a réalisé en Italie, puis expédié à Ottawa. Au cours de sa carrière, il façonne plusieurs bustes, dont ceux des peintres Brymner (1918, son morceau de réception à l’Académie royale des arts du Canada) et Dyonnet (1932).
Hill a enseigné le modelage à l’Association des arts de Montréal, en 1896–1897, et au Renaissance Club, peu après son inauguration en 1899. Sa surdité a probablement nui à la poursuite d’une carrière en enseignement. Membre du Pen and Pencil Club à partir de 1907 et du Arts Club of Montreal de 1912 à 1925, Hill devient membre associé de l’Académie royale des arts du Canada en 1908 et en est élu académicien en 1917. À Paris, il a exposé au Salon de 1905 de la Société des artistes français (Fragment du monument élevé aux soldats canadiens, à Montréal). Il participe à de nombreuses expositions tenues à l’Association des arts de Montréal et à l’Académie royale des arts du Canada.
Homme respecté et apprécié de ses pairs, George William Hill a été l’un des sculpteurs les plus renommés du Canada à son époque. Son œuvre est un bel exemple de la sculpture académique pratiquée en France au tournant du xxe siècle. Le Monument aux héros de la guerre des Boers, une des rares statues équestres au Canada, ainsi que le Monument à sir George-Étienne Cartier, le monument le plus imposant au Québec au début du xxie siècle, demeurent certainement les œuvres les plus intéressantes du sculpteur. Leur force assure sa postérité.
Le Musée des beaux-arts de Montréal conserve des outils utilisés par George William Hill, ainsi que certaines de ses œuvres. Le Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec, le Musée de Lachine à Montréal, les Jardins de Métis de Grand-Métis, le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, l’Art Gallery of Hamilton, et l’Agnes Etherington Art Centre de la Queen’s University à Kingston gardent aussi des œuvres du sculpteur.
Un dossier sur Hill et sur ses commandes à la Compagnie des bronzes figure dans le fonds du même nom aux Arch. générales du Royaume et Arch. de l’État dans les prov., à Bruxelles. La Section des arch. de la ville de Montréal possède des documents sur les monuments que Hill a réalisés. De nombreux articles de journaux de l’époque relatent les concours et les dévoilements des monuments publics du sculpteur.
BAnQ-E, CE501-S47, 17 sept. 1864 ; CE502-S80, 16 avril 1895.— FD, United Church, Côte-des-Neiges (Montréal), 17 juill. 1934.— Le Devoir, 18 juill. 1934.— La Presse, 21 mai 1920.— Saturday Night, 14 mai 1938.— Académie royale des arts du Canada : exhibitions and members, 1880–1979, E. de R. McMann, compil. (Toronto, 1981).— L’Architecture de Edward & W. S. Maxwell (catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts de Montréal, 1991).— E.-J. Auclair, « les Fêtes du monument Cartier à Montréal », Rev. canadienne (Montréal), nouv. sér., 24 (juillet–décembre 1919) : 241–263.— Canada, Ministère du Patrimoine canadien, Réseau canadien d’information sur le patrimoine, « Artistes au Canada » : app.pch.gc.ca/application/aac-aic/description-about.app?lang=fr (consulté le 14 déc. 2017).— Edward & W. S. Maxwell : guide du fonds, Irena Murray, édit. (Montréal, 1986).— La Fonderie, la Compagnie des bronzes de Bruxelles : fabrique d’art ([Bruxelles, 2003]).— Aline Gubbay, « Three Montreal monuments : an expression of nationalism » (mémoire de m.a., Concordia Univ., Montréal, 1978).— W. H. Ingram, « Canadian artists abroad », Canadian magazine, 28 (novembre 1906–avril 1907) : 218–222.— Laurier Lacroix, « Berlin-Paris : George W. Hill et Lyonel Feininger correspondants de Frederick S. Coburn », Rev. d’études des Cantons de l’Est (Lennoxville [Sherbrooke, Québec]), no 14 (printemps 1999) : 79–91.— Alfred Laliberté, les Artistes de mon temps, Odette Legendre, édit. (Montréal, 1986).— R. J. Lamb, « Canadian sculpture in the age of Laurier », dans The Arts in Canada during the age of Laurier, R. J. Lamb, édit. ([Edmonton, 1988 ?]), 1–10.— Olivier Maurault, « les Monuments de Montréal », Rev. trimestrielle canadienne (Montréal), 24 (1937) : 119–136 ; « Une famille de sculpteurs : les Soucy », SRC, Mémoires, 3e sér., 36 (1942), sect. : 71–76.— M. J. Mount, « George Hill, A.R.C.A. », Canadian Century and Canadian Life & Resources (Montréal), 2 (1910), no 23 : 7.— P.-G. Roy, les Monuments commémoratifs de la province de Québec (2 vol., Québec, 1923), 1.— Robert Shipley, To mark our place : a history of Canadian war memorials (Toronto, 1987).
Joanne Chagnon, « HILL, GEORGE WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hill_george_william_16F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/hill_george_william_16F.html |
Auteur de l'article: | Joanne Chagnon |
Titre de l'article: | HILL, GEORGE WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2020 |
Année de la révision: | 2020 |
Date de consultation: | 15 oct. 2024 |